1978. Hélène et Philippe habitent ensemble, mère et fils. Attachants l'un et l'autre. Attachés l'un à l'autre. Mais lui passe aussi son temps à se dégager. D'elle. De la société. Du monde. Pourtant on n'est pas loin, entre eux deux, de ce qu'on pourrait appeler une passion, une intelligence.
1978. Hélène et Philippe habitent ensemble, mère et fils. Attachants l'un et l'autre. Attachés l'un à l'autre. Mais lui passe aussi son temps à se dégager. D'elle. De la société. Du monde. La mère, dit avec hésitation, ardeur, délicatesse et discrétion le discours « des parents ». Apparemment ça ne mène pas à grand-chose. Pourtant on n'est pas loin, entre eux deux, de ce qu'on pourrait appeler une passion, une intelligence.
« À travers douze fragments, Michel Vinaver tisse la relation ambiguë d’une mère et d’un fils aux prises, dans la France de la fin des années 1970, à de multiples transformations politiques et sociales qui viennent influer leurs propres bouleversements intimes. Concepteur d’un geste de mise en scène prometteur, Hugo Givort a bien compris qu’aucune tirade, qu’aucun mot n’était laissé au hasard par Vinaver dans cette histoire d’émancipation filiale. » Vincent Bouquet Télérama TT
« Hugo Givort réussit un coup de maître avec sa première mise en scène, offrant une lecture politique ultra intelligente de la pièce de Michel Vinaver, servie par d'excellents comédiens. Il réussit brillamment à prouver sa force séditieuse, avec une efficacité tout en élégance, crée un environnement vidéo absolument génial. Tout est montré, rien n'est asséné, l'humour est omniprésent. Les costumes de Dominique Bourde soutiennent intelligemment le mouvement. » Catherine Robert La Terrasse
« Avec Dissident, il va sans dire Hugo Givort entre dans la cour des grands : il signe une première mise en scène des plus réussies, montrant brillamment l'intemporalité du magnifique texte de Michel Vinaver. Les vidéos projetées durant le spectacle rappellent l'époque, ouvrent sur l'extérieur, sur ce monde qui nous entoure et nous façonne. Subtilement utilisées et distillées judicieusement, elles se fondent dans la narration. C'était hier, mais cela peut être aujourd'hui. Un spectacle à découvrir de toute urgence. » Marie-Céline Nivière L'Oeil d'Olivier
« Bien dirigé, bien mené, bonnes accélérations, silences, suspens. Elle nous ferait croire à une lassitude certaine. Elle parle un peu haut. Elle donne le sentiment de sa solitude profonde. C’est Judith d’Aleazzo. Il est vif, nerveux, très juste dans toutes ses intonations et les couleurs très changeantes de ses humeurs : Pablo Cherrey-Iturralde est idéal. A écouter, déguster, en se laissant envahir par l’humanité de cette situation datée (oui, cela parle aussi des années 70) et éternelle. Du très beau théâtre, humain, profond, non sans esprit. » Le Journal d'Armelle Héliot
« J'ai retrouvé avec une pointe de nostalgie la musique, la révolte, cette sorte de fascination, l'ambiance de cette époque recréée par Hugo Givort qui signe la mise en scène et l'univers scénique. Le texte de Michel Vinaver dessine petit à petit un cocon de tendresse passionnée au milieu d'une tempête qui gronde. C'est court : on aurait volontiers pris un peu plus de ce rythme bondissant qui emporte. » Guillaume d'Azemar de Fabrègues Je n'ai qu'une vie
Le projet, c'est de procéder par une discontinuité entre les différents temps du quotidien ; quotidien économique, quotidien de l'intimité des différents groupes sociaux, et puis de les projeter les uns sur les autres, comme ça, bruts, et de provoquer, des espèces de frictions, des égratignures.
Michel Vinaver
Que l'on ait pu aborder un jour, en lecteur ou spectateur, l'écriture singulière de Michel Vinaver, si le plateau du théâtre est devenu au fil des années un terrain d'exploration familier, le désir a grandi, doucement, de la faire entendre et de l'inscrire dans l'espace de la représentation.
À la source de chacune de ses pièces est une part du réel, qu'elle soit tirée de l'univers du travail, de l'Histoire, du quotidien, du monde politique. Michel Vinaver est un observateur, chercheur et collectionneur : de paroles vraies, d'articles de journaux, de discours, de faits divers, de chroniques médicales, de publicités... un tisserand maniant les fils de ces fragments enchevêtrés. Un peintre enfin, et un musicien qui, ayant organisé sur la toile ce matériau brut, ayant écouté et composé l'enchaînement des répliques, en fait surgir lentement le sens et lui donne une dimension éminemment théâtrale.
Dissident, il va sans dire est l'une des deux pièces de son recueil Théâtre de Chambre... encore une petite musique. On peut sembler là plus proche de l'intime. Il y a ces répliques, a priori anodines, qui, mises bout à bout, peignent le portrait d'un fils, d’une mère, de leur lien, leurs obsessions, leurs peurs, leurs doutes, leurs joies... mais c'est dans leur montage, dans le jeu des coupures, des collisions, des silences, des ellipses, que le sens, les fragments de sens vont affleurer.
Alors, au-delà de ce microcosme familial, de la banalité des échanges, se dessine quelque chose qui les dépasse. Chacune des paroles proférées est comme un éclat qui porte des sens multiples et tout un tissu de possibilités d’interprétation... comme dans la réalité. Derrière cet effet de réel, c'est précisément cette science de l ’association presque alchimique qui confère à la pièce une force théâtrale qui ne relève plus ni du quotidien ni de la psychologie.
Car, de cette parole ambiante dont Michel Vinaver se fait reporter insatiable, peuvent se dégager tous les codes qui sous-tendent notre langage et nos relations, aux autres et au monde. L’écriture de Michel Vinaver est tissée autour d'un sens caché, d'un mystère qu’acteurs, metteur en scène et public, ensemble, doivent tenter de décrypter.
La mise en scène - ambitieuse et réussie - se tient, les acteurs sont excellents mais l'intérêt principal de ce spectacle est de nous faire découvrir ce texte de Michel Vinaver. Lui qui avait théorisé la différence entre les classiques "pièces-machines", linéaires et les "pièces-paysages", plus éclatées nous offre ici une "pièce-paysage" dont la structure en douze fragments ne limite en rien la lisibilité, bien au contraire, chaque "morceau", pour reprendre le terme employé ici par Vinaver, fonctionnant comme le calque d'une image se superposant aux précédents pour ajouter à la compréhension du tout et avec, paradoxalement, un chemin qui nous conduit vers une chute finale, comme dans une "pièce-machine" des plus classiques. Admirable aussi cette écriture très riche en sous-textes où les phrases les plus banales sont fortes de sens. Cette pièce, courte et âpre, vaut déjà par ce qu'elle nous donne à voir et à entrevoir ce tandem mère-fils mais aussi par de très fortes lucarnes entrouvertes sur la société et la politique de la fin des années 70 (et même de celles qui suivront !).
Il est très intéressant de constater que ce texte écrit il y a 45 ans garde son actualité. L'affrontement de la mère divorcée et de son fils, dans une relation mélangeant tout à la fois fusionnel et incompréhension, les secrets et les confidences, est intemporel. La présentation en 12 "micro-flash" peut sembler singulière mais permet de garder un rythme vivant à l'histoire qui, sans cela aurait pu s'enliser... C'est un retour dans le passé.
Pour 2 Notes
La mise en scène - ambitieuse et réussie - se tient, les acteurs sont excellents mais l'intérêt principal de ce spectacle est de nous faire découvrir ce texte de Michel Vinaver. Lui qui avait théorisé la différence entre les classiques "pièces-machines", linéaires et les "pièces-paysages", plus éclatées nous offre ici une "pièce-paysage" dont la structure en douze fragments ne limite en rien la lisibilité, bien au contraire, chaque "morceau", pour reprendre le terme employé ici par Vinaver, fonctionnant comme le calque d'une image se superposant aux précédents pour ajouter à la compréhension du tout et avec, paradoxalement, un chemin qui nous conduit vers une chute finale, comme dans une "pièce-machine" des plus classiques. Admirable aussi cette écriture très riche en sous-textes où les phrases les plus banales sont fortes de sens. Cette pièce, courte et âpre, vaut déjà par ce qu'elle nous donne à voir et à entrevoir ce tandem mère-fils mais aussi par de très fortes lucarnes entrouvertes sur la société et la politique de la fin des années 70 (et même de celles qui suivront !).
Il est très intéressant de constater que ce texte écrit il y a 45 ans garde son actualité. L'affrontement de la mère divorcée et de son fils, dans une relation mélangeant tout à la fois fusionnel et incompréhension, les secrets et les confidences, est intemporel. La présentation en 12 "micro-flash" peut sembler singulière mais permet de garder un rythme vivant à l'histoire qui, sans cela aurait pu s'enliser... C'est un retour dans le passé.
45 rue Richard Lenoir 75011 Paris