Est-ce une farce ou un drame ? Au fond, on ne sait pas trop et c’est bien ça qui plait. Dan Jemmett, metteur en scène anglais, ouvre grand, avec son spectacle, les portes du cocasse et celles de la tragédie. C’est vrai qu’il aime les excès, les délires et le catapultage, sur scène, des rires et des larmes.
Un récit mouvementé, The Changeling, sert de tremplin à son imaginaire. Il est signé Thomas Middleton et William Rowley, des contemporains de Shakespeare. Dog Face est le surnom d’un des héros de la tragédie. L’homme, aussi sexy qu’un bull-terrier, s’appelle De Flores et sert de bras armé aux désirs capricieux d’une femme amoureuse. Meurtres, adultère, trahison, les aventures s’enchaînent pêle-mêle sous la plume de Middleton et Rowley, dans une cascade rocambolesque de péripéties haletantes. Tout cela se termine mal, forcément... Mais Dan Jemmett passe par-là qui rajoute son grain de sel et agrémente la tragédie d’une tout autre histoire : celle d’artistes de seconde zone, sans le sou et sans talent, mi-paumés, mi-alcoolos, qui courent les routes de théâtre en théâtre. Ce sont eux qui se glissent peu à peu dans les costumes élisabéthains, sautant d’un rôle à l’autre, avec leurs illusions et leurs misères. Avec leur sympathique humanité. Renvoyant dos à dos les splendeurs romanesques du 17ème siècle aux piètres réalités actuelles. Nouvelle version française de «The Changeling» (1623)
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