Une porte s’ouvre sur la salle d’un palais asiatique. Deux panneaux dévoilent une autre pièce qui révèle à son tour un nouvel espace. Bienvenu dans un monde mystérieux et hors du temps. Les paysages en trompe-l’oeil, alliés à la marionnette, aux projections de lumière et à la musique de Yumiko Tanaka, joueuse de shamisen (un instrument à corde traditionnel japonais) chanteuse et improvisatrice, ont de quoi envoûter.
Le marionnettiste et metteur en scène Basil Twist est tombé amoureux de la technique du dogugaeshi il y a longtemps, lorsqu'il était en quête d'une forme abstraite de marionnette. Originaire de l'île d'Awaji, cette pratique ancestrale dont le nom peut se traduire par « changement de décor » fait du castelet un espace en constante transformation.
Autrefois, il servait d'écrin à des histoires féeriques de princesses, de samouraïs et de bêtes imaginaires. L’artiste américain a passé quatre mois au Japon, et rencontré le dernier gardien de cet art aux effets hypnotiques, afin de s'approprier cette technique. Grâce à elle, il crée un spectacle visuel et musical où le décor animé devient un personnage à part entière, et retrace un voyage très personnel au Pays du soleil-levant, entre fantasme et cauchemar. Ce spectacle majeur de Basil Twist, présenté pour la première fois en France, est empreint de magie, de sentiment tragique aussi. Une plongée dans un univers qui nous ensorcelle et se métamorphose en l'espace infini des songes.
« une réussite de haut vol (…) Utilisant des projections ou l’apport de Yumiko Tanaka, une interprète de shamisen (…), Basil Twist nous emporte dans des univers parallèles. De quoi envoûter. » Philippe Noisette, Les Echos, 12 mai 2015
Les stars internationales de la marionnette sont rares. Basil Twist est de celles-là. Opéras, comédies musicales, ballets, spectacles pour la jeunesse, oeuvres intimistes, productions hollywoodiennes, cabarets expérimentaux,... : le marionnettiste new-yorkais exprime son art sous des formes extraordinairement variées. Il est le seul Américain diplômé de l’École supérieure nationale des Arts de la Marionnette de Charleville-Mézières. Dans ses spectacles s'affirme un appétit insatiable pour le rêve et le merveilleux, loin des stéréotypes et des lieux communs. Préférant le spectacle visuel au théâtre de texte, il anime des figures anthropomorphes mais aussi des matériaux abstraits comme des morceaux de tissu qui, plongés dans un bassin, deviennent des créatures surnaturelles dans sa Symphonie fantastique, couronnée de multiples prix outre-Atlantique.
Sa dernière création, un hommage au Sacre du Printemps, présenté au Lincoln Center de New York, met en scène un ballet sans danseur, où des pans gigantesques de soie et des rideaux de fumée dansent sur la partition de Stravinski interprétée par un orchestre symphonique. En tant que scénographe, il intervient dans des productions de Broadway et collabore avec des artistes de théâtre de renom tels que le marionnettiste Roman Paska ou encore Lee Breuer (de la compagnie Mabou Mines) pour le spectacle Un tramway nommé désir présenté à la Comédie Française et pour lequel il utilise la technique du dogugaeshi. Chorégraphe de l'inanimé, il n'aime rien tant que transformer l'espace du théâtre pour ouvrir une brèche dans la réalité.
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