Ariane Ascaride donne vie aux mots de Bertolt Brecht dans une création inédite, à découvrir pour la première fois au Lucernaire.
« J’avais 13 ans, je suis allée à Marseille voir chanter une dame qui s’appelait Pia Colombo. Elle a interprété une chanson qui disait « Comme on fait son lit, on se couche ». Je ne saurai jamais pourquoi ces paroles ont si fort résonné en moi. J’ai pendant des années fredonné ce refrain…
Plus tard, élève au Conservatoire à Paris, j’ai su que cette chanson était tirée d’une pièce de Brecht, Mahagonny, que Marcel Bluwal m’a fait travailler. J’y jouais Jenny et je chantais cette même chanson. J’étais entrée dans cette école en présentant une scène de La Bonne âme du Se Tchouan toujours de Brecht et j’en suis sortie avec cette même scène. Le personnage de Shen Te me touchait autant que celui de Jenny.
J’ai relu beaucoup de poésies de Brecht, qui est toujours présenté comme un auteur austère, sérieux et théorique… On connaît moins sa bienveillance, son humour et son sens du spectacle. Cet auteur a éclairé certains moments de ma vie et je voulais, en cette période de grand bouleversement, faire à nouveau entendre ses mots si encourageants soulignés par David Venitucci. »
Ariane Ascaride
Combien il est difficile d’être bon dans un monde qui ne l’est pas, d’être juste dans un monde injuste.
J'apprécie Brecht depuis des années, pour son engagement mais aussi pour le caractère épique de son théâtre, certes didactique mais aussi ô combien divertissant. Je me demandais ce que donneraient ses textes sans la dimension spectaculaire et théâtrale de ses pièces. Eh bien ! Ariane Ascaride a su préserver le sel du message de Brecht, dérangeant jusqu'après sa mort, aux côtés des femmes, des migrants, des réprouvés - à leurs côtés mais prenant aussi la peine de les enjoindre à ne pas renoncer à se battre. Plus surprenante encore est la relation de son message à la religion chrétienne; s'il ne dit pas grand chose sur sa dimension métaphysique et montre les limites de sa dimension moralisatrice (avec quelques bijoux rhétoriques à découvrir), il semble en épouser pleinement son message humaniste, pourvu qu'il aboutisse sur Terre. Je ne saurais dire si le jeu d'Ariane Ascaride est moderne, classique, contemporain ou désuet; mais je suis certain qu'il est sensible, sincère et efficace. Courez vite voir ce spectacle pour y découvrir ou y retrouver Brecht. Même sans les tréteaux épiques, il nous parle encore.
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J'apprécie Brecht depuis des années, pour son engagement mais aussi pour le caractère épique de son théâtre, certes didactique mais aussi ô combien divertissant. Je me demandais ce que donneraient ses textes sans la dimension spectaculaire et théâtrale de ses pièces. Eh bien ! Ariane Ascaride a su préserver le sel du message de Brecht, dérangeant jusqu'après sa mort, aux côtés des femmes, des migrants, des réprouvés - à leurs côtés mais prenant aussi la peine de les enjoindre à ne pas renoncer à se battre. Plus surprenante encore est la relation de son message à la religion chrétienne; s'il ne dit pas grand chose sur sa dimension métaphysique et montre les limites de sa dimension moralisatrice (avec quelques bijoux rhétoriques à découvrir), il semble en épouser pleinement son message humaniste, pourvu qu'il aboutisse sur Terre. Je ne saurais dire si le jeu d'Ariane Ascaride est moderne, classique, contemporain ou désuet; mais je suis certain qu'il est sensible, sincère et efficace. Courez vite voir ce spectacle pour y découvrir ou y retrouver Brecht. Même sans les tréteaux épiques, il nous parle encore.
53, rue Notre Dame des Champs 75006 Paris