Effroyables Jardins

Paris 8e
du 7 mai au 29 juin 2003

Effroyables Jardins

Le très grand succès des représentations de « Effroyables jardins », créé par le Théâtre du Chêne Noir dans la mise en scène de Gérard Gélas, à Avignon pour le Festival 2001, confirma l’énorme intérêt que la parution du livre avait suscité (plus de 200 000 exemplaires traduits dans plus de 20 pays et prochainement porté au cinéma par Jean Becker). Ce récit d’un père instituteur, clown et résistant, que son fils découvre au hasard de la projection d’un film allemand bien après la guerre, va conduire celui-ci à tenter de pénétrer en habit de clown dans le prétoire du procès Papon.

Présentation
Notes du metteur en scène
Notes de l'auteur
La Presse

Michel Quint a publié une vingtaine de romans. Il a dédié ce court texte lumineux, émouvant et métaphorique à la mémoire de son grand-père, ancien combattant à Verdun, et de son père, ancien résistant.

"Certains témoins mentionnent qu'aux derniers jours du procès de Maurice Papon, la police a empêché un clown de rentrer dans la salle d'audience. Il semble que ce même jour, il ait attendu la sortie de l'accusé et l'ait simplement considéré à distance sans chercher à lui adresser la parole. L'ancien secrétaire général de la préfecture a peut-être remarqué ce clown, mais rien n'est moins sûr. Par la suite l'homme est revenu régulièrement sans son déguisement à la fin des audiences et aux plaidoiries. Un huissier se souvient de l'avoir entendu dire après que le verdict fut tombé : 
- Sans vérité, comment peut-il y avoir de l'espoir ?"

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" Je prépare au Luxembourg, la mise en scène des " Affaires sont les affaires " d’Octave Mirbeau, une saga libertaire annonçant dès 1902 le règne de l’Argent Roi sous lequel nous vivons, ou survivons aujourd’hui, quand Emile Herlic me donne à lire " Effroyable jardins ", un texte simple et splendide qui à travers une histoire d’homme vient au bon moment, pour moi, nous parler de la résistance à l’oppression, à toutes les oppressions ; et nous parler aussi de la transmission de certaines valeurs qui nous aideront, conjuguées à la mémoire, comme le narrateur avec ou sans nez rouge, à venir témoigner au procès d’un Papon, ou de tout autre moderne barbare, qu’il y a un sens à la vie dès lors que l’on sait dire non. Qu’il y a aussi une chaîne, un sens qui unit ou qui sépare parmi les tribus humaines.

Dans le texte de Quint, c’est peu de dire qu’il y a connivence, et contre toute attente, entre le soldat allemand de l’armée hitlérienne et ses prisonniers français, alors qu’il n’y a rien d’autre que la trahison entre les gendarmes de la République et les résistants de leur pays qu’ils vont dénoncer à l’autorité nazie pour une misérable histoire de jalousie footbalistique.

Et pourtant salauds ou victimes, libérateurs ou dénonciateurs, tout cela se fait et se joue dans l’homme car avant que l’on choisisse son camp, pour autant qu’on le choisisse, il y a certainement en nous à l’état brut, les graines du bien et du mal. A chacun de décider ce qu’il veut semer en son jardin. Cela m’invita à décider de confier ce récit à un seul acteur, Jean-Paul Farré, capable comme grand comédien qu’il est, d’incarner aussi bien la nuit que le jour, la liberté ou l’oppression. Les paysages, les situations ; les sentiments, nous les lirons dans sa gestuelle, sur son visage, dans les modulations de sa voix, et ce, non pas dans la gamme que Jean-Paul maîtrise mieux que quiconque mais plutôt dans l’incarnation des personnages de Quint, cette symphonie où les solistes sont des gens du peuple, ce peuple tant absent de la scène théâtrale française et qui a pourtant tant à nous dire sur tous les Papon de la terre et sur leurs descendants qui, imperturbablement, continuent à saccager les beaux jardins de l’homme jusqu’à les rendre effroyables. "

Gérard Gélas

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" Je ne sais pas si j’ai bien fait de tout déballer cette vieille affaire de famille… Une anecdote de la seconde guerre comme il y en a mille, et même pas héroïque… D’abord vous avez les vôtres, d’affaires, et puis vous allez peut-être m’en vouloir… Parce que c’est quand même plus confortable, je le sais d’expérience, vu qu’avant d’écrire ce bazar, j’avais ma tranquillité, c’était plus confortable d’ignorer, d’avoir oublié complètement… Je veux dire : de plus faire le lien entre les effroyables jardins de nos mémoires et les autres, qui continuent à fleurir sauvage, partout et sans cesse. Parce que la barbarie c’est pas que de l’autrefois, une vieille maladie circonscrite dans l’Histoire et vaccinable à coups de dépôts de gerbes et de commémorations. C’est du passé vivant. Evidemment, malgré tout, vécue, racontée par un clown à trois ronds, cette affaire prend tout de suite une tournure officielle ! Et les personnages simples, le papa, le cousin, la sœur, et Nicole et l’ami Fritz, on peut faire confiance à Jean-Paul Farré, avec sa bille de tragédien recyclé, pour leur donner de la stature de héros ! D’ailleurs au fond, le problème est là : est-ce que vous pouvez, vous spectateurs, nous faire confiance ? Croire que le pire n’arrête pas de survenir et qu’on peut quand même croire en l’humanité, faut au moins être clown pour avoir cette audace ! C’est donc à cela qu’on vous convie : comme Jean-Paul Farré et Gérard Gélas, mettez un nez rouge, ce soir, et sûrement que le monde sera pas moins cruel mais peut-être qu’on sera un petit plus des hommes qui n’en détournent pas le regard. "

Michel Quint, écrivain

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" Ce spectacle est déjà un événement et, dès la première représentation, la salle était comble et le public enthousiaste. Le beau texte de Michel Quint est mis en scène avec intelligence par Gérard Gélas et l’interprétation sobre, aiguë, émouvante de Jean-Paul Farré lui donne sa puissance et sa profondeur. "

Le Figaro

" C’est doux, feutré. Les images nous étreignent, les souvenirs aussi. Farré habite les personnages avec une grâce qui lui est propre. On le suit dans son chemin au fil de la mémoire.
Dans cette pièce on rejoint, c’est vrai, un théâtre populaire de l’essentiel, c’est-à-dire une dramaturgie où les mots et l’acteur sont le centre du dispositif. "

Jean-Michel Gautier, La Marseillaise

" […] Un de ces récits qui tendent à démontrer qu’un peuple vaincu peut tout de même compter quelques héros anonymes. Pour l’adaptation théâtrale, Gérard Gélas, le metteur en scène, a pris le parti de la sobriété, avec un seul acteur-récitant. La bonne idée, c’est d’avoir choisi comme interprète Jean-Paul Farré qui aime tant faire le clown, mais dont la fantaisie peut aussi être empreinte d’une vraie gravité. Il est là, avec cette histoire qui, l’air de rien, prête à réfléchir, simplement bouleversant. Tout cela est d’autant plus poignant qu’on n’y trouve aucune trace de manichéisme.
Un homme déguisé en clown s’est présenté au procès de Maurice Papon. Le souvenir d’un héros anonyme jeté à la figure d’un salaud officiel. Pas sérieux un clown ? Voire. "

L&A Théâtre 

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Spectacle terminé depuis le dimanche 29 juin 2003

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