Il s'agit d'inviter à un cheminement dans l'oeuvre de Pierre Guyotat. Au centre de ce projet il y a le verbe de Progénitures, livre de voix écrit en versets, où la langue française se trouve ressourcée, réveillée, re-rythmée, réaccentuée. Pétrie entre autres par les patois, les parlés immigrés, les classiques, la langue se recharge de mémoire et déploie ses couches géologiques. Son histoire troublée. Un coeur furieusement vivant bat à l’intérieur du ventre de la mère patrie. On se trouve obligé de retourner à l'enfance. Aller à l’aveuglette, bégayer. Réapprendre à lire, à écouter. Revenir à un début de la parole, de l'écriture.
Guyotat invente la figure du putain, esclave absolu, sans statut, ni état d'être. Mais pourvu du verbe le plus libre. La langue se fait chant, épopée. Devant l'énormité et la fureur du monde, des fils se rêvent avant la naissance de leur père, une caissière de bordel accompagne clients et putains, prophétise. Le monde est marqué à jamais par la douleur de l'esclavage et la séparation des espèces : fil rouge de l'Histoire nourrie de la violence de l'homme et de ses peurs.
C’est un parcours libre où la langue archaïque de Progénitures est mise en rapport avec d'autres textes (des extraits de l’oeuvre récente de Guyotat et parfois de Buffon ou Montesquieu), qui sont là en contrepoint.
D’après les textes de Pierre Guyotat (Progénitures, Formation, Coma et Explications) et des extraits de l’Histoire Naturelle de Buffon et l’Esprit des Lois de Montesquieu.
Adaptation Sébastien Derrey.
Par la Cie migratori K merado.
59, avenue du Général de Gaulle 93170 Bagnolet
Voiture : Porte de Bagnolet, à 300 m direction Bagnolet/Montreuil