"J'ai peur parce que je n'arrive pas à ne plus aimer ce qui faisait partie de moi."
Un spectacle à trois voix entrelacées
La presse
Ensorcelés par la mort se voudrait l’histoire intime d’un monde totalitaire où, joies et idéaux ont également existé, l’histoire d’une fracture contemporaine.
Le fameux "empire du mal" a aussi été un espace où deux cents millions de sujets essayèrent, quotidiennement et tant bien que mal, de vivre, aimer, élever des enfants, leur transmettre quelques valeurs, bref, de mener une vie aussi humaine qu’il se pouvait. Un espace où certains crurent sincèrement qu’il était possible, souhaitable, d’édifier un monde neuf, plus juste, d’où émergerait un homme nouveau plus généreux et élevé. En découvrant un beau jour, souvent au terme de toute une vie de sacrifice, qu’ils avaient été les dupes d’un mythe qui reposait sur leur aveuglement et se nourrissait de leur abnégation, ils ont tenté de se donner la mort, plutôt que de survivre à l’effondrement de leur idéal.
Ensorcelés par la mort est leur histoire tragique. Histoire de leur foi, que quelques-uns d’entre nous ont partagée, histoire de leur cécité et de leur culpabilité.
Ces histoires sont aussi les nôtres. Ces gens ne sont pas de lointains étrangers mais, en quelque sorte, nos voisins de paliers ou des membres de notre famille, des cousins peut-être, qu’on ne verrait pas (assez) souvent.
Je voudrais que leurs maux soient dits. M’intéresse que la douleur soit dite. Mais telle qu’elle le serait lors d’une conversation se prolongeant tard dans la nuit, sans pathos ni cris mais avec sourires, complicité. Il n’est sûrement pas inutile aujourd’hui de donner à entendre de telles histoires – à contre-courant. Pourtant, plus qu’à l’idéologie, je m’intéresse à ces deux femmes et à ce vieil homme.
Ces gens sont innocents, ces gens sont coupables. Êtres humains qui ont dit – puis à qui l’histoire a dit : "Disparaissez !" Et il faudrait que ce "disparaissez !" (comme tous les "disparaissez !") réveille notre effroi. Les personnages d’Ensorcelés par la mort ont lutté, croyant que " tout le monde allait être heureux".
Il s’agit sans afféterie mais joyeusement de laisser voir, entendre, venir jusqu’au spectateur, la peur et le courage, la détresse et l’enthousiasme, l’héroïsme et la faiblesse, bref l’humanité de ces trois êtres…
Le spectacle voudrait être un pas de retour vers nous-même, vers notre histoire, un pas à hauteur d’homme et de femme, à hauteur d’être humain, où l’aveuglement se dirait avec l’espoir et la lâcheté avec la souffrance.
Ensorcelés par la mort est un geste de mémoire, un geste de vie.
Nicolas Struve
« Vassili, un veil homme (Bernard Waver, saisissant) ; Margarita, une femme médecin (Christine Nissim, sidérante) et Anna, née dans un camp (Stéphanie Schawrtzbrod, fascinante, émouvante). Ces trois confessions font entendre la voix poignante des acteurs d’une dérive sanglante qui a englouti leur vie. Spectacle terrible et magnifique, éprouvant. » Jean-Claude Raspiengeas, La Croix
« Une tentative de théâtre documentaire assumée et aboutie où les mises en situation ne se télescopent pas mais s’enchaînent comme une évidence. On est bouleversé devant ces êtres pris dans les rouages d’un système implacable. » Marie-José Sirach, L’Humanité
« Nicolas Struve s’empare du roman et les témoins de l’effondrement du communisme viennent se livrer au public. Dans un décor minimaliste, reflet d’un monde qu’ils ne reconnaissent plus et qui laisse la place au conte et à notre imaginaire, les récits sont poignants, ponctués par la musique russe telle l’écho des chants qui les animent encore. L’espace qui se crée est celui de la mémoire qui se déroule malgré la pudeur, elle s’empare du vide, elle crée des silences, ouvre des blessures, interroge l’identité… » Marine le Bonnois, Le Souffleur
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