Identifier les bouleversements
Les scènes : titres et sous-titres
Note d'intention de mise en scène : un chaos en boîte
Comédies et tragédies de l’époque, en formes courtes. Cette pièce corrosive et visionnaire met en évidence la désintégration des rapports humains dans les bouleversements de ce millénaire. Fragments de réel, ces fables nous racontent l’amour, la mort, l’espoir à travers le prisme médiatique et les déviances de la technoscience.
Prologue (texte d’ouverture)
1. La nouvelle Europe (la dépendance au jeu encouragée par l’Etat)
2. Hyper (consumérisme hystérique)
3. Un nouveau marché (marchandisation des mœurs)
4. Code rouge (désintégration de la relation amoureuse)
5. Dramédie (dictature du politiquement correct)
6. La minute (la mort comme spectacle télévisuel)
7. Citoyen du monde (le sport comme guerre tribale)
8. La façon de faire (esclavage moderne)
9. L’Enfant à venir (catastrophe écologique en cours)
10. Un beau contrat (désespérance du chômage et utopie de l’espoir)
Epilogue (texte de clôture)
"Au moment où la Machine Media, dans un déversement d’images nauséeux, flatte les instincts les plus douteux, paradoxalement le théâtre, avec ses limites et sa précarité, reste le seul lieu de liberté qui peut dire le monde avec toute la force du symbole et du poème. Oui, la scène est l’ultime espace possible pour ce miracle, je le crois profondément. Mais ce miracle ne sera que si le théâtre se revivifie aux sources du réel.
État des lieux donc ! Mais pourquoi avant le chaos ? Ce chaos n’est-il pas déjà opérant ? La reconfiguration à l’œuvre n’esquisse-t-elle pas déjà les cristallisations d’une partition future, qui vaudra pour nouvelle harmonie ? J’écris l’avant, le pendant, comme l’après, mais à ceci près que l’avant permet encore, au seuil du pendant, d’espérer pouvoir agir sur l’après. Exorcisme, utopie de poète, je ne sais pratiquer que cette vérité."
Serge Adam
"Un des grands mérites des modules théâtraux proposés par Serge Adam dans Etat des lieux avant le chaos est de permettre une grande souplesse de mise en scène. L’espace scénographique, radical, scientifique se veut une métaphore des multiples pressions qui nous cernent. Il figure notre conception rationnelle du monde.
Les moyens de suggestion des temps, des lieux particuliers à chaque situation seront très divers : aussi bien un espace brut métallique que l’espace-temps électronique grâce au vidéo projecteur et aux sons réels confusément mêlés aux sons enregistrés, etc. Autant l’abstraction est affirmée dans la scénographie, autant le jeu des comédiens proposera un style concret, charnel, contradictoire, centré sur les enjeux relationnels des personnages. Eclatement des relations, car c’est de cela qu’il s’agit ; perte de repères, montées d’angoisses et surgissements déroutants et tragi-comiques du destin, combats entre le rationnel et l’irrationnel.
Entre drame et réflexion vive, entre burlesque et révolte, l’interprétation d’Etat des lieux avant le chaos se rapproche, toutes proportions gardées, de l’univers de Brecht et de sa dénonciation tragi-comique du nazisme. Avec l’espoir qu’au chaos, succède peut-être une attitude de rebond ouvert et positif face aux bouleversements qui assiègent notre monde."
Jean Christophe Barbaud
94, rue Jean-Pierre Timbaud 75011 Paris