Devant la grande émotion suscitée par Etty la saison dernière, nous avons choisi de vous faire entendre à nouveau les mots admirables d’une femme au courage exceptionnel.
Etty Hillesum est une jeune femme libre, sensuelle, légère qui mène une vie insouciante. Jusqu’au jour où elle découvre l’amour fou avec un psychothérapeute juif allemand. Elle pense être allée au bout de sa passion. Mais le feu intérieur qui l’habite se transforme peu à peu en un besoin irrépressible d’amour des autres, de tous les autres. C’est pourquoi, lorsque deux années plus tard elle est déportée à Westerbork, un camp de transit, Etty Hillesum ne tente pas de se cacher.
Ecrites entre 1942 et 1943, les Lettres de Westerbork révèlent le parcours exemplaire d'Etty Hillesum, une jeune hollandaise qui s'est laissée déporter par foi et engagement politique pour être parmi les siens. Rédigées à Westerbork (un camp de transit au Pays-Bas) et confiées à une amie avant son transfert pour Auschwitz, d'où elle ne reviendra pas, ces lettres laissent transparaître, malgré l'horreur de l'internement, une irrésistible joie de vivre...
Face à la souffrance, aux persécutions, à l’oppression, au sadisme, elle se met à aimer sans compter ses semblables, elle les assiste avec une conviction phénoménale, capable d’embrasser l’humanité toute entière. Et ce n'est pas tant la portée documentaire et historique ni la qualité de l'écriture qui fascinent tellement mais la foi qui en émane. Sans pathos, ni misérabilisme, chacune de ces lettres est l'évocation minutieuse du quotidien infernal du camp mais aussi témoigne d'une surprenante liberté d'esprit, d'une personnalité vouée aux autres, d'un cheminement intellectuel qui s'accomplit.
Sous la houlette du metteur en scène Sava Lolov, Bérangère Allaux nous rappelle la mémoire d’Etty avec une intensité et une justesse remarquables et nous transmet avec sa propre vérité et sa joie de vivre, un précieux témoignage, un hymne à la vie.
Traduction française de Philippe Noble (éditions du Seuil)
Etty Hillesum le fait avec la grâce la plus absolue : ce que j'entends par " grâce " serait l'alliage entre une foi en la vie, en l'homme, indestructible ; et la volonté première de faire passer " l'autre " toujours avant soi.
Au delà, d'une mystique et d'une philosophie de vie, Etty nous transmet la lumière et la puissance nécessaires pour affronter notre propre vie. Pour être un homme debout. Capable de choisir qui l'on veut devenir, face aux hommes, face à Dieu ; quitte à en périr.
Ce qui est bouleversant dans ses écrits c'est l'absence absolue de plainte, son sens de l'humour débordant, cette joie irradiante à tout moment, cette quête insensée du Beau et du Bon, de devenir un être libre. Nous ne sommes jamais face à un esprit désincarné, bien au contraire : elle parle sans biaiser du rapport à son corps et à celui des autres.
Tout ce que je pourrais dire serait si faible par rapport à la tenue et au contenu de ses lettres ; elles ne m'ont jamais quitté et m'aident simplement à vivre. Etty avait 27 ans, je voulais transmettre un peu de ce qu'elle était tant sa parole est généreuse et transversale.
On assiste alors à l'immense élan d'une force nue, toujours plus nue, plus libre, insoumise aux puissances du mal qui sévissent alors.
Jacques Fieschi et moi même avons adapté les Lettres de Westebork et Benoit Lavigne fera la mise en scène.
1, place de Bernard Palissy 92100 Boulogne Billancourt