Le lien filial est, par définition, irréductible et indénouable, " on ne choisit pas sa famille… " et si l'on croit s'en libérer, ce lien tel un lasso bien ajusté, ne nous en rattrape que mieux, généralement avec un effet boomerang dont on se serait bien passé… !
Comédie caustique à deux personnages, Faux-Frère(s) met en scène, le temps d'un repas, deux hommes (vrais frères, demi-frères ?), qui ne se sont pas revus depuis plus de quinze ans. Tous deux âgés d'une quarantaine d'années, ils sont en pleine " C.M.V. " (Crise de Milieu de Vie)… L'un, homme d'affaires extraverti, parisien, beau parleur, est sur le point d'être incarcéré pour abus de biens sociaux… Il demande de l'aide à l'autre, romancier introverti et néanmoins séducteur, prof' de lettres à Clermont-Ferrand. Quinze ans d'ignorance mutuelle ont permis aux strates des rancœurs de s'accumuler à l'envie, et c'est à un véritable règlement de comptes que nous assistons, structuré comme un polar, drôle et grinçant à la fois, un jeu d'échecs avec suspens et rebondissements jusqu'à la dernière minute. Néanmoins, au gré de l'évocation de leur enfance et de leur adolescence communes, rythmé par la musique des Beatles, ce duel fratricide laisse surgir là où l'on s'y attend le moins la tendresse et l'amour qui relie ces deux êtres blessés par la vie…
Après les succès du Mal de Mère, (adapté cette année au cinéma dans une réalisation d'Edouard Molinaro) et du Ciel est Egoïste ?, (créé l'an passé au Théâtre de Suresnes Jean Vilar avant d'être à l'affiche du Théâtre du Palais-Royal à Paris), Pierre-Olivier Scotto et Martine Feldmann signent ici un pamphlet corrosif et jubilatoire qui fustige avec sagacité et férocité les valeurs de notre époque. Thierry Beccaro et Pierre-Olivier Scotto interprètent avec conviction et talent ces deux frères ennemis, jonglant constamment entre l'ironie, la caricature, le cynisme, mais aussi l'émotion.
15, rue Blanche 75009 Paris