Quand, dans une arrière-cour du Sentier parisien, un chien ancien critique d’art rencontre un chien aventurier créateur de fanions dont le petit monde de l’art moderne en pleine déconfiture va bientôt s’enticher… cela donne une drôle de petite pièce de théâtre, foutraque et malicieuse à souhait.
Le texte est signé Ivan Messac, artiste plasticien de son état, mais poète dans l’âme, qui file avec dextérité la métaphore du chien-artiste à qui on ne donne qu’un os à ronger avant, dans la meilleure des hypothèses, que la notoriété ne fasse de lui un commerçant… La mise en scène et l’interprétation sont le fait de Philippe Chambon qui, seul en scène ou presque (puisque le musicien Victor Feliciano y est aussi), joue (comprenez : s’amuse), avec ces deux personnages improbables, dignes d’une BD, du chien critique et du chien artiste.
De quoi parlent-ils ? De la légitimité de l’art… à l’occasion conceptuelle et dogmatique, du statut de l’artiste… évidemment intermittent, du sens d’une vie de chien et du sens de la vie en général… On est à vrai dire un peu dérouté au départ par le parti-pris radicalement allégorique du texte qui s’assortit de références pléthoriques à l’art moderne (Andy Warhol bien sûr, mais aussi Yves Klein, André Lhote, César, Jeff Koons… sans oublier Guy Debord sur le versant critique), mais il faut avouer qu’on y prend goût, qu’on y apprend un certain nombre de choses, qu’on s’y amuse à l’occasion et, en somme, que ce Klepsévitch-là a réellement du chien !
Marielle Créac’h, Lyon Poche - Critique du 06/02/2005
Par Sagrada Familia Theatre.
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