Sisyphe, maçon devenu ramasseur de morts déterre une femme enceinte et muette.
Il la conduit à l’hôpital le plus proche. Hôpital fantôme dans une ville fantôme où se terrent quelques survivants oubliés. Gaïa, la collectionneuse de voeux humains aux jambes brûlées, le capitaine au cerveau abîmé, Orphée, la rescapée des camps atteinte du typhus, Sven, le soldat amputé d’un bras, et, épisodiquement, Juliette, la très jeune veuve usée par les maux de ventre.
Tous cloîtrés. Entre les mains d’une ombre de médecin invisible et d’une infirmière épuisée à qui il ne reste que des caisses de morphine pour soigner les douleurs et les cauchemars. Il s’agit donc de vivre dans la mort non loin des cadavres et du silence absolu. Il s’agit de survivre.
Fermé pour cause de guerre est un cri pour la paix, contre toute cette horreur actuelle de la haine et de la peur...
Formée au Théâtre classique et à la tragédie antique Sophocle, Eschyle, Euripide, mais aussi Racine, j’ai trouvé dans le théâtre contemporain une réalité accessible à tous publics. Ce qui m’a plu dans Fermé pour cause de guerre, c’est cette dramaturgie à mi-chemin. Parce que la Guerre est une tragédie, ses personnages sont des héros de tragédie, ce texte est un long poème digne d’une Andromaque de chez Euripide ou Racine. Mais la différence c’est qu’elle touche tout le monde, de par son verbe contemporain et sa dramaturgie actuelle. Elle n’en est pas moins intemporelle, et c’est ce qui m’a plu dans l’écriture de Mariane Oestreicher-Jourdain et dans cette pièce.
Sophie Belissent
Fermé pour cause de guerre est un texte de paix. C’est pour cela que j’ai voulu le mettre en scène et montrer l’horreur des conséquences de la guerre. Elle peut nous paraître lointaine et sans signification et pourtant elle est toujours aussi réelle et omniprésente. Parler de différence et faire éclater la signification de l’appartenance à une histoire, les problèmes que cela génère, la haine et le jugement.
Nous sommes de cultures diverses, avec ou sans territoire ni appartenance soyons à l’écoute de nos différences pour qu’enfin la compréhension et la tolérance triomphent. L’échange et le partage doivent prendre le dessus sur la peur de l’autre ou de l’inconnu. Avec ce spectacle nous dénonçons le mal-être dans lequel nous vivons aujourd’hui et souhaitons enfin la paix pour demain. En tout cas, que nous acceptions l’identité de notre propre voisin quelqu’il soit.
Sophie Belissent
J’ai écrit cette pièce avec une sorte de rage, pour dire mon écoeurement de l’Histoire sans cesse renouvelée dans sa saleté. Pour dire que sans racine nous sommes tous des condamnés à mort en puissance et que nous avons tous droit à notre identité. Y compris nos morts. Pour dire que sans actions, la mémoire devient vaine et qu’il ne faut pas se contenter de souffrir. Pour dire aussi que la haine nous guette tous et qu’il faut veiller à ne pas laisser se réveiller nos instincts. Il existe encore des hommes de bonne volonté. A nous de les trouver au fond de nous-mêmes.
Mariane Oestreicher-Jourdain
Cartoucherie - Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking : Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.