« Fini, c'est fini, ça va finir, ça va peut-être finir » : par la grâce de cette extraordinaire réplique inaugurale, Fin de partie entre dans l'histoire du théâtre comme la goutte qui fait déborder un très vieux vase dramaturgique.
Selon Roger Blin, Beckett voyait Fin de partie comme un tableau de Mondrian. Analogie d'autant plus intéressante que Beckett a puisé une part de son inspiration dans l’univers des échecs.
Cette vision qu'il avait de son oeuvre comme abstraction soumise à des règles rigoureuses, d'ordre pictural ou logique, explique en partie qu'il en ait contrôlé de très près la création théâtrale. Ici plus qu’ailleurs, le passage du livre au plateau est donc affaire d’exécution.
Alain Françon, pareil à un chef recrutant minutieusement son orchestre, a réuni autour du texte des acteurs qui ont conféré à cette Fin de partie l’évidence et la puissance d’un classique.
« Fin de partie, spectacle extraordinaire, par Alain Françon et ses acteurs. Alors là, on s’incline ! Quand on voit un spectacle aussi somptueux que Fin de partie de Samuel Beckett au Théâtre de la Madeleine, à Paris, il ne reste rien d’autre à faire que de remercier le ciel de nous avoir donné des mains pour applaudir, longuement, vivement. (…) Alain Françon qui, une fois de plus, se montre un maître dans la direction d’acteurs. Et quels acteurs ! Fin de partie atteint le nombre d’or, en réunissant Serge Merlin, Jean-Quentin Châtelain, Michel Robin et Isabelle Sadoyan. (…) Vraiment, grâce à eux tous, Beckett doit sourire dans l’au-delà où l’a mené sa Fin de partie. » Le Monde
« Pour servir Beckett au plus prêt, Alain Françon a réuni un carré d’as de comédiens. Isabelle Sadoyan et Michel Robin apportent une incroyable densité humaine à leurs personnages, (…) Jean-Quentin Châtelain campe un Clov déchirant, (…) Serge Merlin est tout simplement prodigieux. (…).Cette Fin de partie nous laisse KO, la tête gavée d’effroi, d’absurde et de mystère, avec le sentiment confus d’avoir tout compris de l’incompréhensible, de l’insupportable, le temps d’une représentation. » Les Echos
« Rarement metteur en scène aura si bien qu’Alain Françon su mêler comique et tragique pour représenter ce quatuor autant musical qu’existentiel, familial que joueur, et qui défie avec humour et insolence l’absence de sens de toute existence. » Télérama
« Merlin a été mis au monde pour prêter, à la figure de Hamm, son parler aux inflexions inimitables, tout comme Châtelain, en Golem plié en deux, incarne un Clov de rêve, de cauchemar plutôt. Le tout plonge ces variations sur le malheur d’être né au sein d’un monde impossible dans un halo de catastrophe constamment imbibé d’humour. » L'Humanité
« Une interprétation magistrale de Serge Merlin (…) 1h45 passée entre le rire et les larmes. (…) Tout au long de la soirée, je me suis surpris à entendre rire les spectateurs, à rire comme je n’avais jamais ri face à cette pièce, et dans cette osmose que procure une salle de théâtre à l’écoute intensive du plateau, à être saisi à la gorge par la démarche de Clov, cloué par une inflexion de Hamm, bercé de tendresse par les voix de Nagg et Nell, ces deux vieux là dans leur poubelle. Et pour finir, à l’heure des saluts, à faire un triomphe aux acteurs et quels acteurs ! (…) Merci à Françon d’avoir réuni cette si juste distribution. (…) Merci d’avoir dirigé les acteurs avec tant d’intensité. » Rue 89
« La représentation est un rigoureux moment de furie comique et d’anéantissement. Aucun mot n’est de trop pour dire que tout est de trop.(...) Et Serge Merlin, 78 ans, fauve du théâtre français, figure médiévale taillée dans le bois, tout en angles, tout en noir, est entre profération et lamentation. » Libération
Je ne fais hélas pas partie de l'intellingentsia parisienne et j'ai eu le tort de vouloir m'y mêler en allant voir Fin de Partie. On ne m'y reprendra plus: je n'ai rien compris. Pendant 2 heures qui m'ont paru un siècle, deux fous hurlaient et débitaient des phrases incompréhensibles dans une sorte de cellule d'interrogatoire soviétique. Je me suis cru à Charenton et s'il y avait eu un entre acte je me serais éclipsé. Questionnée par moi, car je m'inquiétais sur mes facultés intellectuelles, mon amie, qui prétendait avoir tout compris (elle habite rive-gauche) m'a asséné une vérité simple et sans appel: "c'est du théâtre de l'absurde! C'est formidable!" Tout était dit, mais elle n'avait rien compris non plus. Pas davantage que le public qui de temps à autre riait nerveusement à une réplique dont le sens lui paraissait moins abscons. Bien entendu, les bravos ont fusé à la fin. Moins on a compris, plus on applaudit et l'on s'extasie pour le cacher.
Du grand et beau théâtre. J'ai aimé la mise en scène, le décor épuré, le jeu des acteurs en général, et celui de Serge Merlin en particulier, très impressionnant ! Pour moi, aucune fausse note, c'était parfait.
Je ne fais hélas pas partie de l'intellingentsia parisienne et j'ai eu le tort de vouloir m'y mêler en allant voir Fin de Partie. On ne m'y reprendra plus: je n'ai rien compris. Pendant 2 heures qui m'ont paru un siècle, deux fous hurlaient et débitaient des phrases incompréhensibles dans une sorte de cellule d'interrogatoire soviétique. Je me suis cru à Charenton et s'il y avait eu un entre acte je me serais éclipsé. Questionnée par moi, car je m'inquiétais sur mes facultés intellectuelles, mon amie, qui prétendait avoir tout compris (elle habite rive-gauche) m'a asséné une vérité simple et sans appel: "c'est du théâtre de l'absurde! C'est formidable!" Tout était dit, mais elle n'avait rien compris non plus. Pas davantage que le public qui de temps à autre riait nerveusement à une réplique dont le sens lui paraissait moins abscons. Bien entendu, les bravos ont fusé à la fin. Moins on a compris, plus on applaudit et l'on s'extasie pour le cacher.
Du grand et beau théâtre. J'ai aimé la mise en scène, le décor épuré, le jeu des acteurs en général, et celui de Serge Merlin en particulier, très impressionnant ! Pour moi, aucune fausse note, c'était parfait.
Place de l'Odéon 75006 Paris