Spectacle en anglais surtitré en français.
Beckett était un perfectionniste. Mais peut-on être « perfectionniste » sans avoir une certaine intuition de ce qu’est la perfection ? Aujourd’hui, avec le passage du temps, nous voyons à quel point toutes les étiquettes qu’on lui a attribuées dans le passé – désespéré, négatif, pessimiste – sont fausses. Beckett, en réalité, plonge son regard dans l’abysse insondable de l’existence humaine. Son humour le sauve – et nous sauve –, il rejette les théories, les dogmes, qui n’offrent que pieuses consolations. En réalité, sa vie ne fut qu’une constante et pénible recherche de la vérité. Il positionne les gens exactement comme il les voit, dans l’obscurité.
Il les plonge dans le vaste inconnu, observant à travers des fenêtres en eux-mêmes, dans les autres, le regard tourné tantôt vers l’extérieur, tantôt vers l’intérieur, vers le haut, vers le bas. Il partage leur incertitude, leur peine. Le théâtre lui donne la possibilité de trouver une unité, dans laquelle le son, le mouvement, le rythme, la respiration et le silence sont réunis, dans une seule exactitude. Il se fait cette demande à lui-même – un but inatteignable nourri par son besoin de perfection. Il pénètre ainsi dans ce rare chemin qui relie le théâtre grec et Shakespeare au temps présent – célébrant sans compromis la vérité, une vérité inconnue, terrible, étonnante…
Peter Brook
Les morceaux choisis :
Rough for theatre I / Fragment de théâtre I
Rockaby / Berceuse - Act without words II / Acte sans paroles II
Neither / Ni l'un ni l'autre - Come and go / Va et vient
Collaboration artistique Marie-Hélène Estienne.
« Chaque instant de cette soirée est d’une intensité et d’une simplicité rares. Et quel bonheur de retrouver Peter Brook au sommet de son art ! Le maître de “l’espace vide” rend à Beckett une fraîcheur de premier matin du monde. Il dirige les acteurs avec une totale pureté de trait, et pourtant, qu’ils sont humains, ces personnages avec leurs bobos du corps et de l’âme. On éprouve un silence sidéral, on sourit de tant d’agitation fébrile. Beckett est là, et son oeuvre s’échappe de la prison noire du théâtre de l’absurde où elle fut longtemps enfermée. Peter Brook y contribue, modestement, magistralement. » Le Nouvel Observateur
« Un seul regret, la brièveté de la représentation. Car même désespéré, Beckett est un de ces écrivains dont la fréquentation nous console durablement. » RFI
37 bis, bd de la Chapelle 75010 Paris