French kiss

Une fête peut en cacher une autre
Catherine Diverrès : Voltes
Programme de Jean-Claude Gallotta
Josef Nadj : Le Canard pékinois
Maguy Marin : May B

Une fête peut en cacher une autre

Cette soirée placée sous le double signe de l'exigence et de la fête, inaugure l’arrivée d’un nouvel élan pour la danse au Théâtre National de Chaillot en saluant à sa manière, la vitalité de la scène chorégraphique française qui a marqué cette dernière décennie à travers l’invitation faite à quatre artistes : Catherine Diverrès, Jean-Claude Gallotta, Josef Nadj et Maguy Marin. Quatre créateurs d'exception, généreux et ouverts.

Ainsi le public assistera dans un premier temps, salle Jean Vilar, à des extraits d'œuvres représentatives de leur parcours.

Puis, trois d’entre eux, Catherine Diverrès, Jean-Claude Gallotta et Maguy Marin vous proposeront une nouvelle forme de dialogue, de relation, de partage et d’échange avec leur univers. Ils vous inviteront à entrer d’une manière originale dans leur œuvre. A entrer dans la danse, concrètement, physiquement et à ressentir peut être la naissance de sensations, sinon d’émotions, de troubles, sinon de désirs inattendus.

Avec French Kiss on peut entrer de manière originale dans l'œuvre, s'approprier plus diversement l'acte artistique. La danse, il ne faut pas l'oublier, répond depuis la nuit des temps à un appel fondamental de l'être et elle peut être vécue, non par tous, mais par chacun.

Catherine Diverrès : Voltes

Catherine Diverrès présentera 4 soli extraits de Voltes, la toute dernière création de la compagnie. Les extraits présentés seront les suivants : Catherine Diverrès dansera l’Ombre du ciel, Carole Gomes dansera l’Arbitre des élégances ; Isabelle Kurzi dansera Concertino et Carole Gomes l’Ombre du ciel. Durée : 12 minutes + intervention vers le public.

Après 17 ans de création chorégraphique, Catherine Diverrès tente l'expérience de la transmission. Extraits de ses œuvres, des soli, comme ponctuations au fil du temps qu’elle a décidé de « passer » aux interprètes féminines de la compagnie et de rassembler en une seule et même soirée.

« Je n'ai jamais transmis une chorégraphie que j'ai composée pour moi et qui est chargée d'une histoire. J'ai compris que je pouvais transmettre quelque chose de très intime et de passé, qui n'est pas comparable avec le processus de création, car dans celui-ci je m'appuie sur des personnes et pars d'elles-mêmes. Là, il s'agit de quelque chose de secret, d'un don plus profond. C'est comme si l'on abandonne son dernier périmètre privé. Je suis heureuse de voir renaître et vivre ces formes, ces élans qui ont traversé une quinzaine d'années de ma vie, étincelles, petits fragments d'œuvres passées, habités par d'autres femmes aujourd'hui.

Ensuite, peut-être, ces danses seront transmises par elles. Parce que la danse se transmet de corps à corps et avec le verbe et d'autres choses encore. Il y a tant de façons de lever un bras ! L'image seule ne permet pas de le transmettre. L'image reflète la surface des formes, pas ce qui les anime et permet leur apparition. Il y a là une chose étrange liée à la filiation, la femme, le temps. Étrange, parce qu'apparition de soi, qui n'est pas soi, qui est passé et qui revient. Fantômes de soi incarnés dans d'autres corps, la peau des costumes, le souffle des éclats musicaux, feux follets qui éclairent l'ombre de ma mémoire. »

Catherine Diverrès
juillet 2000

Programme de Jean-Claude Gallotta

Ce programme comprend 3 séquences interprétées par 9 danseurs. Chaque extrait sera présenté par Jean-Claude Gallotta. La dernière séquence, les Bonjours, se déroulera dans le Grand Foyer avec la participation du public. Durée 20 minutes + intervention vers le public. Danseurs : Masa Sugiyama, Kae Kurachi, Hee-Jin Kim, Ximena Figueroa, Ludovic Galvan, Yannick Hugran, Thierry Verger, Benjamin Houal, Darrell Davis, plus Jean-Claude Gallotta et Mathilde Altaraz.

Josef Nadj : Le Canard pékinois

Dans le cadre de la soirée French Kiss, Josef Nadj présentera un extrait de Canard pékinois (les Mariés) son premier spectacle, créé en 1987 au Théâtre de la Bastille et repris en 1995 à Orléans. Ce duo sera interprété par Peter Gemza et Cynthia Phung-Ngog et durera 10 minutes.

Canard pékinois est une soirée autour d’une table où les acteurs rêvent de partir, et rêvent d’un dîner le plus exotique qui soit, autre manière de départ.

A l’époque où la Chine était la bête noir de l’URSS, que pouvait-elle bien représenter pour la Hongrie, la Yougoslavie ?

Canard pékinois évoque cet ailleurs interdit par la politique. Mais ces acteurs manquent de moyen d’en inventer l’expérience réelle, la sensation ; leur histoire personnelle et l’Histoire se substituent à leur désir.

Les rôles qu’ils jouent s’interposent, les emprisonnent et la tension monte, de plus en plus dramatique. Le dîner n’aura jamais lieu. Simplement, le rêve du Canard pékinois, demeure le prétexte à se réunir encore et encore pour parler de partir ensemble.

Maguy Marin : May B

Dans le cadre de la soirée French Kiss, Maguy Marin présentera un extrait de May B, créé le 4 novembre 1981 au Théâtre Municipal d'Angers. Cet extrait sera interprété par Ulises Alvarez, Laura Frigato, Preciosa Gil, Isais Jauregui, Sylvie Pabiot, Thierry Partaud, Cathy Polo, Jasmina Prolic, Ennio Sammarco, Marcelo Sepulveda, Dominique Uber, et durera 20 minutes + intervention vers le public.

Ce travail sur l'œuvre de Samuel Beckett, dont la gestuelle et l'atmosphère théâtrale sont en contradiction avec la performance physique et esthétique du danseur, a été pour nous la base d'un déchiffrage secret de nos gestes les plus intimes, les plus cachés, les plus ignorés. Arriver à déceler ces gestes minuscules ou grandioses, de multitudes de vies à peine perceptibles, banales, où l'attente et l'immobilité « pas tout à fait » immobile laisse un vide, un rien immense, une plage de silences pleins d'hésitations. Quand les personnages de Beckett n'aspirent qu'à l'immobilité, ils ne peuvent s'empêcher de bouger, peu ou beaucoup, mais ils bougent.

Dans ce travail, à priori théâtral, l'intérêt pour nous a été de développer non pas le mot ou la parole, mais le geste dans sa forme éclatée, cherchant ainsi le point de rencontre entre, d'une part la gestuelle rétrécie théâtrale et, d'autre part, la danse et le langage chorégraphique.

Maguy Marin