Contre la politique des États du G8
Note du metteur en scène
Les questions posées
Le cas Paravidino
À Gênes en 2001, les manifestants alter mondialistes, réunis au sommet du G8, ont subi une violente répression policière. Gênes 01 est un rapport fidèle des événements : ni manifeste, ni procès, une volonté de penser l’histoire, la penser ensemble.
En mai 2002, à Pratica diMare, les cinq plus grandes puissances mondiales sont réunies pour débattre de l’élargissement de l’OTAN. Non loin de là, un groupe d’hommes et de femmes, de couleurs et cultures différentes, sont réunis sur la scène du théâtre.
Un an auparavant, entre les 19 et 22 juillet, 300 000 personnes avaient manifesté dans les rues de Gênes contre la politique des États du G8. Le choeur de citoyens décide alors de repartir des événements de Gênes.
Chaque homme, chaque femme prend tour à tour la parole pour tenter de cerner ce qui s’est réellement passé. Ensemble, ils déroulent heure par heure le fil des événements, rapportent les témoignages, confrontent les points de vue. Ils tentent de fonder les principes d’une nouvelle citoyenneté
Le film de la manifestation montre le mort de Gênes traîné par des manifestants qui veulent le secourir. Ses clefs tombent de sa poche, il n’en aura plus jamais besoin. Ce jeune homme, qui s’appelait Carlo Giuliani, voulait aller à la plage, et finalement a préféré rejoindre un ami dans la manifestation. Il est à l’image d’une génération qui hésite : sauver le monde ou sauver sa peau. Et dont on peut se demander pourquoi elle a tant de mal à déterminer son terrain de lutte. On peut y voir le résultat d’une mésentente, tout au moins d’une incompréhension intergénérationnelle entre ceux qui ont vécu les utopies de 68, et leur abandon, et les jeunes gens du XXIe siècle, qui ne savent pas comment vivre les réalités les plus quotidiennes. Par manque de modèle à suivre ? De repère ?
Si nous trouvions la première marche – sans aide, tout seuls – peut-être pourrions nous sauter... En quelques décennies, le rapport au langage a changé. Les générations précédentes croyaient aux mots. Les mots possédaient une puissance d’évocation, une puissance d’action. Desmots comme le bien et lemal, le vrai, le faux, le contingent, le nécessaire avaient un sens évident. Aujourd’hui tout a explosé. Passer de la parole à l’acte semble plus difficile. La critique politique et sociale s’exprime dans les mêmes termes qu’auparavant, mais la perception et la réaction sont différentes. Et ce, d’autant plus que le discours dominant s’éloigne de la pensée et du fond.
Pour ma part, les idées magiques ne me suffisent plus, la consommation d’idées non plus. J’appartiens à la génération de la désillusion. Faut-il pour autant participer aux brouillages de langage et d’identité ? Bâtir de nouvelles utopies ? Politique : ce qui va à l’encontre des choses en place. Exemple : la conquête de droits nouveaux. Aujourd’hui, en occident, elle se pose en arbitres des conflits d’intérêts, ou, au mieux, en gardienne des droits acquis par les générations précédentes. Pertes et profits. L’altermondialisme, non pas courant de pensée,maismouvement de foule, traversé par des lignes de forces perdues dans unemasse hétéroclite, peut-il marquer le retour inopiné du politique ?
Victor Gauthier-Martin
Et Gênes 01 pose nombre de questions :
Comment ces événements ont-ils pu se produire dans un pays démocratique ?
Peut-on parler d’un accident ?
Comment la manifestation a-t-elle été traitée par les médias ?
Qui étaient les manifestants ?
Les casseurs ?
Les « méchants » ?
Qui est responsable ?
Existe-t-il de nouvelles formes de contestation ?
Lesquelles ?
L’emploi de la force est-il le seul recours ?
Jusqu’où les limites du pouvoir reculeront-elles ?
Existe-t-il une alternative à l’uniformisation mise en place par l’idéologie libérale ?
À quoi sert le G8 ?
Quelle est aujourd’hui la place des intellectuels face à cette situation ?
Un dialogue est-il possible ?
Qui partirait pour Gênes demain s’il savait qu’il pouvait mourir ?
Victor Gauthier-Martin
[…] Il était une fois un jeune auteur très sensible aux comportements des êtres humains, tenté par le goût de l’improvisation, qui visait à écrire à chaque fois une pièce d’un genre différent et qui était très bon à réinventer les caprices propres à chaque langage.
Il aimait penser à ses textes, du moins pendant la phase d’écriture, comme à des scénarios, découpés, selon les fils de l’action, en nombreuses séquences secondaires, des scènes dans lesquelles on ne parle de rien et on ne dit pas ce qui nous tient à coeur (à une exception près peut-être, celle de Malattia della famiglia M., si l’on considère que Gabriele est encore un moment de passage).
Mais heureusement une conception personnelle de la vie ne faisait pas défaut à ce jeune homme, et – en se livrant toujours un petit peu à nous, qu’il le veuille ou non – cela lui permettait de composer des pièces différentes au démarragemais destinées à des conclusions similaires, en assemblant ainsi des oeuvres quasiment complémentaires comme les parties d’une seule comédie laquelle, avec ses ressorts tragiques, garderait un grand espace devant elle où renvoyer un modèle qui fait son chemin, dans le bien ou dans le mal.
Août 2002 Quand le théâtre italien découvre un véritable auteur de vingt ans introduction de Franco Quadri (extraits)
Un très beau spectacle qui se digère progressivement. Il faut y aller, ne serait-ce pour cette mise en scène intelligente et les prestatations remarquables des comédiens. Bravo à l'équipe. Quant aux spectateurs, allez-y nombreux, c'et un spectacle rare qui mérite d'être vu par le plus grand nombre.
Un très beau spectacle qui se digère progressivement. Il faut y aller, ne serait-ce pour cette mise en scène intelligente et les prestatations remarquables des comédiens. Bravo à l'équipe. Quant aux spectateurs, allez-y nombreux, c'et un spectacle rare qui mérite d'être vu par le plus grand nombre.
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Guy n°20010