Gertrude (Le Cri)

du 8 janvier au 8 février 2009
2h40

Gertrude (Le Cri)

Pour l’ouverture de son cycle consacré à Howard Barker, l’Odéon offre une grande pièce avec Anne Alvaro en pièce maîtresse d’une distribution remarquable. Un spectacle exigeant et novateur.

Molière 2009 de la Comédienne (Anne Alvaro).

« RAGUSA J’aime la façon dont vous dites ce que vous pensez d’où je viens personne ne dit ce qu’il pense tout le monde est poli bien sûr les sentiments sont les mêmes mais oh ! On tourne autour du pot c’est un vrai labyrinthe pas une conversation. » Howard Barker

  • La mère du Prince

Gertrude (Le Cri) : double titre qui superpose le nom d’un être et la forme d’une voix, l’évidence singulière d’un visage et un phénomène en quelque sorte impersonnel. La pièce organise et relate leur rencontre. Le visage est presque familier pour les amateurs de théâtre : celui de la mère de Hamlet, veuve de son père, épouse de Claudius. Une femme qui dans l’original shakespearien se définit par rapport aux hommes qui l’environnent. Mais Barker, pour inventer sa Gertrude, rompt toutes ces amarres. Comme le dit Giorgio Barberio Corsetti, « Gertrude squatte Hamlet ». C’est d’ailleurs ce qui a séduit d’emblée le metteur en scène italien.

Depuis ses débuts en 1976, Corsetti s’est toujours intéressé à ce qui conteste une certaine théâtralité, soit sur ses frontières, soit de l’intérieur. Avant de puiser aujourd’hui dans les ressources du cirque, il a été l’un des premiers à introduire le matériau vidéo sur scène (La Camera astratta, qui date de 1987, est à cet égard emblématique). Curieux de toutes les formes d’écriture non dramatique, lui-même adaptateur (son Procès, d’après Kafka, a été distingué par le prix UBU en 1999), il est naturellement sensible aux problèmes que soulève l’adaptation ou l’appropriation d’un texte. Le geste de Barker, sa vision de Gertrude ne pouvaient que le passionner.

Or chez Shakespeare, déjà, la reine est un personnage énigmatique : comment est-il concevable, se demande Hamlet, que la veuve d’un aussi glorieux souverain ait pu se remarier aussi vite avec son double ignoble et répugnant ? Faut-il conclure de ces noces hâtives qu’elle aurait contribué au meurtre de son premier époux ? Ces questions, Barker y répond d’entrée de jeu, comme pour déblayer le terrain : oui, Gertrude a été l’amante de Claudius ; oui, elle a voulu le crime, elle y a assisté, elle a donné à voir au roi agonisant sa jouissance adultère, tirant de cet ultime outrage un surcroît de plaisir.

La Gertrude nouvelle serait donc une figure lisible de part en part, aux antipodes de son modèle ? Au contraire. C’est justement en jetant le masque de la « mystérieuse  » Gertrude shakespearienne que le personnage de Barker accède à son énigme propre. À son cri. Et ce signe vide de l’extase ou de l’horreur va désormais hanter tout Elseneur. Exposant son corps pareil à un territoire pulsionnel, provocante et abandonnée, insaisissable, Gertrude est devenue à la faveur du cri le centre de la pièce autour duquel tout gravite. Tout, y compris elle-même. Et son secret n’est plus d’ordre contingent, il n’est plus quelque chose que le public ignore parce que le dramaturge l’aurait dissimulé. Gertrude elle-même doit l’explorer, elle qui ne cache rien. Car il est désormais quelque chose qui échappe radicalement aux prises du savoir, même si par hypothèse on savait tout.

Gertrude (Le Cri), &Oelig;uvres choisies, vol. 4, éditions Théâtrales, coll. Scènes étrangères, 2003.

  • La presse

"Parlant de la relation de l'auteur avec ceux qu'il nomme ses «frères humains», Howard Barker écrit : «Plus il est immoral, mieux il sert.» Et ils sont servis, en effet, dans cette pièce au langage cru sur le sexe et l'effroi, portée par la mise en scène brillante de Giorgio Barberio Corsetti et ses acteurs inspirés : Christophe Maltot (Hamlet), John Arnold (le majordome), Cécile Bournay (Ragusa), Francine Bergé (la mère de Gertrude), Luc-Antoine Diquéro, en pleine forme (Claudius), et la splendide Anne Alvaro, qui tient avec cette Gertrude l'un de ses plus grands rôles." Laurence Liban, L'Express, 26 janvier 2009

"Stupéfiante de beauté fielleuse, la mise en scène de Giorgio Barberio Corsetti pousse à bout les ressorts dramaturgiques de Gertrude, ce qu'il appelle « la logique de l'extase »." Fabienne Arvers, Les Inrockuptibles, 27 janvier 2009

"J'oserai dire que c'est un parcours sans faute. Les acteurs ont réussi à tenir ce texte difficile devant un public ébloui. Ce travail de grande qualité est une belle surprise de ce début d'année. À voir absolument." Rodolphe Corrion, LeCourant, 15 janvier 2009

"La mise en scène de l'Italien Giorgio Barberio Corsetti est un modèle d'intelligence. Faussement minimaliste, elle combine sobriété du décor et grands effets, respecte le texte et le magnifie. […] Les comédiens jouent cette partition délicate avec une technique hors pair et un engagement total. Anne Alvaro, belle, cruelle et fragile, est Gertrude… et le cri. Elle ne joue pas – elle est la tragédie.[…] Gertrude (Le Cri) n'est sans doute pas un spectacle facile, mais c'est un grand spectacle." Philippe Chevilley, Les Échos, 12 janvier 2009

Sélection d’avis du public

RE: Gertrude (Le Cri) Le 15 janvier 2009 à 11h55

des comédiens habités, une mise en scène puissante ! je ne m'en remets pas ! allez y vite

Gertrude (Le Cri) Le 11 janvier 2009 à 14h15

Une épreuve comme disait un spectateur en sortant. L'âme de la passion? au secours

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RE: Gertrude (Le Cri) Le 15 janvier 2009 à 11h55

des comédiens habités, une mise en scène puissante ! je ne m'en remets pas ! allez y vite

Gertrude (Le Cri) Le 11 janvier 2009 à 14h15

Une épreuve comme disait un spectateur en sortant. L'âme de la passion? au secours

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Spectacle terminé depuis le dimanche 8 février 2009

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