Gorki, l’exilé de Capri, pièce en quatre actes de Jean-Marie Rouart, de l’Académie française, produite par Pierre Cardin et mise en scène par Jacques Rosner est présentée à Paris, à l’Espace Pierre Cardin, après avoir été créée à Moscou et à Saint-Pétersbourg.
Roger Planchon joue le rôle de Maxime Gorki au moment où celui-ci en exil à Capri, en 1928, hésite à retourner en U.R.S.S. comme le lui demande sa première femme, Katarina (Marie-Christine Barrault).
L’action dramatique traduit les valses hésitations politico amoureuses de l’écrivain pris entre les exigences de Staline et le tumulte de sa vie amoureuse, entre sa maîtresse, la baronne Moura Boudberg (Nathalie Nell) et la séduisante jeune romancière, Nina Berberova (Adeline Zarudiansky), fiancée au poète Khodassevitch (Hovnatan Avedikian).
Les décors sont de Thierry Leproust. Costumes, Rénato Bianchi. Lumières, Jacques Rouveyrollis. Collaboratrice artistique, Nicole Rosner.
La pièce se déroule en 1928 à Capri où Maxime Gorki s’est exilé après avoir été l’un des promoteurs de la Révolution en Russie. Il hésite à rentrer dans son pays comme le lui demande sa première femme, Katarina. Staline souhaite glorifier l’écrivain tout en se servant de lui comme caution morale auprès des Occidentaux inquiets de l’élimination de nombre d’intellectuels.
Gorki doit choisir entre sa liberté de pensée et la gloire d’écrivain officiel qu’on lui propose. A ses hésitations s’ajoute la confusion de sa vie sentimentale : vivant avec sa maîtresse, la fascinante baronne Moura Boudberg, qui possède le charme des grandes aventurières, il tombe également amoureux d’une jeune et séduisante romancière, Nina Berberova, fiancée au poète Khodassevitch.
Ce dernier éprouve envers Gorki des sentiments contraires d’admiration pour son talent et d’agacement pour son cabotinage de grand écrivain obsédé par sa gloire. Ils vont se trouver rivaux dans le cœur de Nina.
Jean-Marie Rouart a écrit le drame de Gorki vieillissant en proie à l’amour d’une jeune fille et déchiré par ses contradictions : l’attrait pour la gloire, la nostalgie de la patrie, et le renoncement à son rôle de critique d’un système devenu totalitaire. Interprétant librement les passions qui habitaient le grand écrivain russe, Rouart brosse de Gorki un portrait brûlant à un moment crucial de sa vie.
Touche à tout de génie, artiste aux multiples facettes, formidable promoteur de son talent protéiforme à travers le monde, Pierre Cardin a toujours eu le goût de transporter le théâtre de la vie dans le grand théâtre du monde. Le théâtre parce qu’il exprime à la fois la multiplicité des arts et de l’artisanat, des costumes au décor, est le fil rouge qui a accompagné la vie de ce magicien toujours insatisfait en dépit de la multiplication de ses conquêtes. Dès ses débuts, il est marqué par sa rencontre avec un autre homme orchestre, Jean Cocteau.
Prenant la direction du théâtre des Ambassadeurs dont il a fait l’Espace Pierre Cardin, il s’est attaché à la découverte des nouveaux talents avec une curiosité insatiable. Multiples créations : Laurent Terzief, Jeanne Moreau, Maria Casares, Delphine Seyrig, Madeleine Ozeray, Sami Frey, Michel Lonsdale y ont été les interprètes de François Billetdoux, Peter Handke, Henri Michaux, Jean Genet, Nathalie Sarraute…
En décidant de produire Gorki, l’exilé de Capri, Pierre Cardin se lance dans un nouveau pari qui séduit son esprit aventureux. Tout d’abord c’est le thème même de la pièce de Jean-Marie Rouart qui lui a plu parce qu’il remet en cause le tabou du silence de l’Occident et de beaucoup de ses intellectuels, face aux crimes du totalitarisme stalinien et traite avec une certaine insolence un monstre sacré du stalinisme dont on n’avait jamais osé tirer la moustache.
À travers ce drame du choix politique, du destin, qui, avec l’histoire moderne pour décor, met en scène un grand écrivain russe dans l’île de Capri, on ouvre les portes de l’enfermement franco-français. Il y souffle ce vent du large, et ce frémissement des vastes horizons, qui ont toujours été sa passion.
C’est aussi une rencontre avec son auteur, Jean-Marie Rouart, qui, comme Cardin, est un académicien atypique : classé parmi les écrivains de droite, les néo-hussards, longtemps directeur du Figaro littéraire, il a défendu Omar Raddad et la cause des prostituées. Accord de sensibilité de deux hommes qui ne craignent ni l’anticonformisme ni la provocation et qui à travers des itinéraires différents ont la passion de toutes les formes et de toutes les expressions de l’art.
C’est une rencontre tout aussi inattendue avec Roger Planchon et avec Jacques Rosner. Qui aurait pu imaginer qu’un jour sur une affiche puissent voisiner les noms de Pierre Cardin et celui de Roger Planchon, fondateur du théâtre de Villeurbanne, ami de Jean Vilar, promoteur du T.N.P. et celui de Jaques Rosner, ancien directeur du Conservatoire national d’art dramatique de Paris et du théâtre national Daniel Sorano à Toulouse.
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