Le Hamlet de David Bobée se déroule dans un grand palais de carrelage noir. Des murs froids, durs, brillants aux dimensions d’un palais : une chambre froide et une boîte noire, cérébrale, sans doute aussi l’intérieur d’un crâne, celui d’Hamlet. Comme souvent dans son travail, David Bobée, par l’usage qu’il fait des vidéos projetées sur les murs, installe une densité toujours poignante. Le spectre du père en vidéo, provocateur, électrique, assourdissant va ouvrir le dialogue avec Hamlet.
Ce climat si saisissant tient au trouble face à ce corps putride celui du roi défunt, à la brutalité de ce que l’on devine des tiroirs de métal muraux, des tables de thanatopraxie, du désordre des sensations qu’elles procurent : y a t’il eu un carnage, s’est-il agi d’un banquet de mariage ? L’abîme est total.
En surplomb du plateau, évoluant sur un mât chinois, Hamlet, Pierre Cartonnet, acrobate circassien, va prendre de la hauteur, observer les vivants et questionner un monde déliquescent.
David Bobée invente un théâtre exigeant et populaire construit sur la diversité des genres : danse, lumières, musique post-rock, cirque, vidéo, fondé aussi sur une narration simple et multiple au service des mots de Shakespeare de leur cruauté en résonance directe avec la violence du XXI ème siècle.
Nouvelle traduction de Pascal Collin, adaptation et scénographie de David Bobee.
Place Salvador Allende 94000 Créteil