Seule, nue, sous une grande éprouvette de verre, la danseuse présente le sentier intime tracé en elle par sa rencontre avec des enfants d’une extrême vulnérabilité, privés de parole et de mouvement.
Dans une pièce emplie de brouillard, les spectateurs ont été guidés jusqu'à leur place. Assis en cercle autour d'un espace vide, ils perçoivent les voix qui leur parviennent de l'extérieur du cercle.
Une voix raconte : l'histoire d'une femme – une danseuse – qui arrive pour sa première journée de travail aux Hospices, une institution qui accueille des enfants énigmatiques, confinés dans l’immobilité du silence.
L'autre voix, râle, hoquète, crie, intervient en contrepoint de la narration, sons énigmatiques et mystérieux.
La chorégraphie de Ch(ose) et le texte de Là-bas, il y a des lions sont inspirés par le travail que Sandrine Buring et Stéphane Olry ont mené à l’hôpital pour enfants polyhandicapés de La Roche-Guyon.
" Le plus grand moteur de ce projet a été de rendre compte de cette altérité radicale, qu’on peut côtoyer quotidiennement, sans y prêter attention. On traverse le village de La Roche-Guyon sans voir un enfant polyhandicapé. Mais aussi, et sans doute là réside le défi majeur de notre entreprise, d’explorer le trouble et la joie observés dans le commerce entre les enfants, Sandrine et moi. De parcourir par l’écriture du corps pour l’une et du stylo pour l’autre, le voyage effectué en compagnie de ces enfants supposés monstrueux.
Et d'interroger l'institution qui depuis près de deux siècles a nourri, accueilli, fourni du travail à des générations d’habitants des trois villages jouxtant l’hôpital. Il en émerge une histoire de famille, où le village, le château, l’hôpital se mélangent pour former une utopie curieuse. "
Stéphane Olry
Sandrine Buring (danseuse) s'est présentée devant chaque enfant avec la plus grande disponibilité, a exploré par le biais de la danse cet entre-deux du contact entre les corps où frémit la rencontre.
Stéphane Olry (auteur) a assisté à ces séances.
Tous les deux ont interviewé des soignants.
" Sandrine et moi avons partagé les mêmes instants, les mêmes lieux, les mêmes rencontres. Pour autant, à l’évidence, ces expériences ne sont en rien semblables, et nous n'avons pas souhaité les fondre dans un nous de majesté qui présiderait à la narration de l’expérience. Nous avons donc décidé d’accentuer radicalement la subjectivité de l’un et de l’autre et de ne pas travailler ensemble à une écriture commune. Cette idée nous a d’emblée été soufflée par Laurent Goldring (plasticien, philosophe, ici dramaturge) à qui nous avons demandé d’accompagner le projet de son regard. Il disait que sur un sujet délicat comme celui-là, il importe avant tout de se garder de la politesse.
Ni le texte ni le mouvement ne sont décalqués de la réalité, mais plutôt tissés dans le rêve de l’expérience, dans sa fantasmagorie. À partir d’une pauvreté volontaire de moyens, un corps contraint, des voix sans amplification, nous essayons de donner une amplitude maximale à un événement discret, une grimace du visage par exemple, ou une phrase échappée lors d’un entretien.
Et de partager avec les spectateurs la perte de repères à laquelle nous sommes confrontés face aux enfants, le trouble qui en résulte et les découvertes qui en surgissent. "
Stéphane Olry
Ainsi, à l’issue du travail deux spectacles ont été produits : un solo de danse, Ch(ose), chorégraphié et dansé par Sandrine Buring. un récit, Là-bas, il y a des lions, écrit par Stéphane Olry, porté par deux voix.
Ces deux écritures distinctes – celle des mots et celle du corps – sont appelées à coopérer, à se heurter, à s’enrichir mutuellement. Ces deux spectacles autonomes, peuvent être présentés séparément, à la suite, ou à côté l'un de l'autre.
La Cartoucherie - Route du Champ de Manoeuvres 75012 Paris
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.