Il avance, il sourit en silence, allers-retours. Déjà tout un mystère. Il hésite, pris d’un doute qui fait rire et rassure. Costard classique, chemise claire et moustache brune, il va et vient, de son bureau à l’avant-scène. Puis il parle. Parole précieuse d’un homme qui dit tout, fouille les tréfonds de l’inconscience. Et les mots jaillissent. Verbe cru, poème vivant, il ne s’inscrit pas dans une tentative autobiographique. Mais sa parole dit la vie, un monde mental, avec troubles intimes ou sociaux, existence de tumultes ou de fêtes, depuis son enfance en Argentine, la mort de sa mère, et la musique, toujours. Pour lui, le spectacle est le « résultat de grandes errances musicales improvisées ». Cocasse et drôle, c’est un chant syncopé au rythme des battements du coeur. Il improvise, les mots tournoient. Il cherche la vérité et la dit. Fantazio plonge dans des ténèbres avec éclats d’étoiles, d’humour, de fantaisie. Il crée une litanie absurde, charnelle, essentielle.
Performeur, conteur et contrebassiste, Fantazio prend une voix grave ou suraiguë pour peindre le monde et son état d’esprit. En filigrane peut apparaître le personnage de David Lynch, Elephant Man, monstre de foire, homme solitaire, exposé à l’avant de la scène et pourtant exclu de tout, condamné à son masque de laideur plus vrai que la vérité. Le comédien pense et extrapole, invente une philosophie en vie. Il rugit, à la fois sombre et solaire, poète et animal. Ancien pensionnaire de la Villa Médicis et ancien artiste associé au Théâtre de la Cité Internationale, l’homme s’est produit dans les rues de Paris, Berlin, Tokyo ou Brighton. En quatre ans et trois versions de son solo, il a fait déborder les mots des parois de sa peau et construit une expression spontanée. Il livre son intimité en une fête monstre, vertigineuse et jouissive.
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