Note de traduction
Extrait de Le Territoire de
l’homme
Extrait de Histoires de famille
Un mot du metteur en scène
« Les héros de cette pièce ne sont pas des pauvres, ni par leur caractère ni par leur vie quotidienne. Ce sont les citoyens d’un pays ruiné. »
Comment parler d’une société où la violence et la perversité sont devenues les réflexes de survie ? Biljana Srbljanovic, jeune auteur yougoslave, part de l’idée que les enfants disent ce que les adultes pensent. Elle met en scène quatre enfants qui jouent aux adultes. Malheureusement, leur jeu est profondément marqué par la réalité.
La vie devenue survie engendre la violence inexplicable et gratuite. À travers onze tableaux, qui rythment la pièce, l’agressivité des personnages dévoile l’extrême impuissance de l’être humain face aux bouleversements politiques, qui, un jour, peut-être, seront qualifiés d’historiques. La fiction et « le jeu d’enfants » s’inscrivent ainsi dans une dimension documentaire. L’absurdité du réel dépasse l’imaginaire le plus pervers.
Avec un humour noir et grinçant, mais aussi avec beaucoup de sympathie pour ses personnages, Biljana Srbljanovic témoigne de son temps et de sa génération dont le seul choix est partir ou « lâcher ».
Ubavka Zaric
« Il serait joli, ayant atteint un certain âge, de redevenir plus petit chaque année et de franchir à reculons ces mêmes marches qu’on avait mis tant d’orgueil à gravir autrefois. Il faudrait cependant que les dignités et les honneurs de l’âge demeurassent les mêmes qu’ils le sont aujourd’hui. On verrait ainsi des êtres tout petits, semblables à des enfants de six ou huit ans, respectés pour leur sagesse et pour leur expérience. Les rois les plus âgés seraient les plus petits et l’on ne pourrait imaginer de pape autrement que lilliputiens, les évêques domineraient les cardinaux, lesquels verraient les papes encore au-dessous d’eux.
Plus aucun enfant n’aurait le désir de grandir. En remontant le cour des âges, l’histoire elle aussi perdrait ses dimensions et nous aurions l’impression que des événements vieux de trois cents ans seulement se sont joués parmi des êtres si petits qu’ils étaient presque des insectes. Le passé plus lointain encore ne serait plus visible. Gageons qu’il s’en trouverait mieux. »
Élias Canetti
Extrait de Histoires de famille
Voïn (s’adressant à son fils) : La vraie question, c’est : pourquoi as-tu pensé quelque chose ? Pourquoi devrais-tu penser quelque chose. Pourquoi, dans l’absolu, quelqu’un devrait-il penser ? Et même, si jamais cette connerie se produit, s’il arrive que quelqu’un, par pur hasard, pense à quelque chose, pourquoi je le demande, POURQUOI devrait-il l’avouer, aucune pensée. Je suis pressé, je travaille, je ne sais pas, je n’ai pas le temps ce n’est pas moi !
Biljana Srbljanovic
BILJANA SRBLJANOVIC (nom imprononçable) est serbe, pays situé à deux heures d’avion de Paris (selon la formule consacrée des journalistes). Pays bombardé, jadis, il y a très longtemps, par les forces du monde libre. Cette pièce nous vient de ce pays (jadis situé à deux heures d’avion de Paris).
Cette pièce est un bloc de littérature, une énigme, une météorite venu d’un pays si loin si proche.
Puisse cette météorite s’écraser sur le Théâtre de la Colline et provoquer une joyeuse déflagration dans nos cerveaux engourdis.
André Wilms
15, rue Malte Brun 75020 Paris
Station de taxis : Gambetta
Stations vélib : Gambetta-Père Lachaise n°20024 ou Mairie du 20e n°20106 ou Sorbier-Gasnier
Guy n°20010