IIPM / Milo Rau - Hate Radio

Paris 19e
du 4 au 15 décembre 2012
2 heures

IIPM / Milo Rau - Hate Radio

Devant un studio installé à l'identique, les auditeurs/spectateurs suivent une émission de Radio-télévision Libre des Mille Collines, qui a joué un rôle crucial lors du génocide des Tutsies. Des artistes rwandais prêtent leurs visages et leurs voix à la haine au travail, dans une reconstitution glaçante. Du théâtre exigeant et salutaire. En français.

En français. Conférences - débats à l'issue des représentations.

  • Vecteur audio d'un génocide

La radio de la haine (Hate Radio) était la Radio-télévision Libre des Mille Collines (RTLM), le vecteur audio du génocide rwandais.

La pièce retrace l'ordinaire de la RTLM, dans un studio installé à l'identique. Des artistes rwandais, qui ont vécu la situation, prêtent leurs visages et leurs voix à la haine au travail, dans son costume de tous les jours.

Et en appellent in fine à notre vigilance, si un simple stimulus sonore suffit à réveiller le racisme extrême.

  • Hate Radio

Lorsque l’avion du président rwandais Habyarimana est abattu par deux missiles le 6 avril 1994, peu avant l’atterrissage, c’est le signal de départ du génocide le plus cruel jamais enregistré depuis la fin de la guerre froide. Au cours des mois d’avril, de mai et de juin 1994, on estime qu’entre 800 000 et 1 million de personnes appartenant à la minorité Tutsi ainsi que des milliers de Hutu modérés sont assassinés dans cet Etat de l’Afrique centrale.

Le génocide s’opère, en un laps de temps très court, et implique toutes les couches de la population. Les cadavres bordent les rues, remplissent les églises, les écoles et les hôpitaux. Des actes de barbarie inimaginables accompagnent cette hécatombe. Des citoyens de classe moyenne torturent leurs voisins, des professeurs noient leurs élèves, des enfants tuent leurs camarades de jeu.

Comme l’holocauste, un demi-siècle auparavant, ce déchaînement de violence ébranle la confiance en l’humanité. L’apparente absence de transition entre une normalité prospère et un état d’exception barbare questionne. La jovialité de carnaval et le complet non-sens politique du génocide rwandais font de l’ancienne république modèle du Rwanda une sorte de cas exemplaire d’une politique de développement ratée.

En effet, ce qui apparaît aux observateurs étrangers comme une rupture de civilisation inattendue a été prévu et préparé de longue date.

Bien avant les « 100 jours », la station de radio la plus populaire du pays, la « Radio-Télévision Libre des Mille Collines » (RTLM) a pratiqué, quotidiennement, avec des techniques innovantes, un véritable lavage de cerveau chez ses auditeurs. Elle a savamment travaillé à la déshumanisation progressive des uns (Tutsi et Hutu modérés) et à la radicalisation sauvage des autres. La programmation mêlait à la musique pop, aux reportages sportifs, des pamphlets politiques et des appels explicites au meurtre. Le studio de RTLM est ainsi devenu en quelques mois, un laboratoire de propagation d’idées racistes, égrenées au milieu d’émissions de divertissement. Il a activement oeuvré pour la naissance du premier génocide réellement « postmoderne ».

Le projet Hate Radio donne à penser cette dichotomie entre vie quotidienne et atrocité meurtrière, entre divertissement et extermination. A travers le jeu théâtral, le projet pose les jalons d’une tentative de compréhension de l’incompréhensible. La reconstitution d’une émission de la « Radio-Télévision Libre des Mille Collines », animée par trois animateurs d’origine rwandaise et un animateur d’origine belge, figure au centre du projet. L’installation scénique, constituée à partir de documents et de témoignages, doit rendre perceptible la manière dont se développe le racisme et le processus par lequel certains êtres humains voient leur humanité niée par d’autres, en paroles et en actes. Les spectateurs séjourneront dans le laboratoire d’une pensée raciste en pleine maturation. Parallèlement, à travers la présentation de récits choisis d’anciens coupables et de victimes du génocide, dans les différents halls d’entrée du studio de radio reconstitué, ils seront les témoins des conséquences destructrices et indélébiles d’une telle pensée.

Un épais recueil de documents, un groupe de recherche et différentes manifestations parallèles accompagnent Hate Radio pour en faire un projet interdisciplinaire. Le public est ainsi convié à s’interroger sur les formes d’apparition des violences racistes en Europe et en Afrique et sur la question de leur représentation dans l’art.

  • L’International Institute of Political Murder - IIPM

L’IIPM - Institut international du crime politique - dont le siège est à Berlin et à Zurich, a été fondé fin 2007 afin d’intensifier les échanges entre le théâtre, les arts plastiques, le cinéma et la recherche dans le domaine du reenactment - la reconstitution d’évènements historiques - et d’y adjoindre une réflexion sur le plan théorique.

Les coproductions internationales et les thèmes intéressant la société dans son ensemble y occupent le devant de la scène.

Lors de ses reconstitutions artistiques, l’IIPM est soucieux de rester le plus possible fidèle aux faits. Un travail de recherche approfondi sur les archives et des interviews avec des témoins de l’époque constituent la base sur laquelle l’institut élabore ses projets.

A travers des installations théâtrales, filmiques, littéraires et artistiques, des évènements majeurs sur le plan historique sont rendus accessibles au spectateur de façon à la fois pédagogique et exigeante sur le plan esthétique.

Les membres de l’IIPM travaillent ensemble depuis de nombreuses années au sein d’équipes mouvantes. Leurs précédentes productions, qui ont été présentées dans de nombreux théâtres d’Allemagne, de Suisse et de Roumanie (HAU de Berlin, Theaterhaus Gessnerallee de Zurich, Teatrul Odeon de Bucarest, sophiensaele de Berlin, kampnagel de Hambourg, Maxim Gorki Theater de Berlin, Staatsschauspiel de Dresde, Schlachthaustheater de Berne, Südpol de Lucerne, etc.), ont reçu une large résonance sur le plan international et sont synonymes d’une nouvelle forme d’art politique.

Le dernier projet théâtral en date produit par l’IIPM - Les derniers jours des Ceausescu (10/2009) - est une reconstitution de la condamnation et de l’exécution du couple Ceausescu en décembre 1989, une reconstitution ayant fait l’objet de recherches minutieuses. Il a été représenté en Roumanie, en Allemagne et en Suisse et y a rencontré un large succès auprès du public et de la critique. Il a été nominé aux rencontres théâtrales berlinoises (Berliner Theatertreffen) et salué par les médias européens. Une série de tables rondes, de colloques et de manifestations parallèles ainsi qu’une version filmée, produite par une équipe internationale, et un épais catalogue documentaire ont accompagné le projet pour en faire un évènement interdisciplinaire intéressant la société dans son ensemble (première du film du 11 au 16 juillet 2010 au Festival d’Avignon, Maison Jean Vilar).

En sus du traitement artistique exigeant de moments-clés historiques, le dépassement des frontières entre les médias (entre théâtre et cinéma, arts scéniques et littérature, art et politique, théorie et pratique) est donc un objectif déclaré de l’IIPM.

  • Calendrier des conférences

Sous réserve de modification

05/12 : Les médias dans le génocide des Tutsi, au Rwanda. Par Patrick de Saint Exupery, journaliste - reporteur, responsable de la revue XXI
06/12 : Les arts face au spectre du génocide, cinéma, théâtre etc. Par Dominique Lurcel, metteur en scène, fondateur et directeur de la cie « Passeurs de mémoire »
07/12 : Propagande et médias de la haine dans les génocides, au Rwanda et dans la Shoah. Par Yves Ternon, médecin et historien, Paris IV et Mémorial de la Shoah de Paris
08/12 : Mots et Maux de Génocide – Traumatisme. Par Régine Waintrater, maître de conférences à Paris VII, psychologue, psychanalyste, psychothérapeute.
11/12 : Rwanda, Médias du génocide et la justice internationale. Par Antoine Garapon, ancien magistrat, secrétaire général de l’Institut des Hautes Etudes sur la Justice
12/12 : Travail d’histoire face à un génocide de proximité au cœur de l’Afrique. Par Stéphane Audoin-Rouzeau : Historien, directeur de recherche à l’EHESS.
13/12 : Travail d’histoire – les historiens de la Shoah face au génocide des Tutsi. Par Georges Bensoussan, historien directeur de la Revue d’histoire de la Shoah.
14/12 : Travail d’histoire – La représentation ou comment faire partager les expériences singulières ? Par Nathan Réra, Doctorant en sciences historiques et humanités.
15/12 : Travail d’histoire – RTLM 20 ans après : Langage de la haine et la société post génocidaire. Par Assumpta Mugiraneza, psychosociologue, directrice du Centre IRIBA et du projet « Dire, Penser… Ecrire l’histoire du génocide ».

Sélection d’avis du public

IIPM / Milo Rau - Hate Radio Le 7 décembre 2012 à 12h18

C'est un spectacle, pas vraiment un documentaire, c'est une reconstitution, c'est de l'histoire, c'est une émission de radio, c'est de la propagande. C'est arrivé, vraiment, il n'y a même pas 10 ans et a contribué à aboutir à un génocide. Une pièce à voir, pour comprendre - dans son extrème horreur - le pouvoir des médias, surtout quand il véhicule la haine au coeur des foyers. Un formidable travail.

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IIPM / Milo Rau - Hate Radio Le 7 décembre 2012 à 12h18

C'est un spectacle, pas vraiment un documentaire, c'est une reconstitution, c'est de l'histoire, c'est une émission de radio, c'est de la propagande. C'est arrivé, vraiment, il n'y a même pas 10 ans et a contribué à aboutir à un génocide. Une pièce à voir, pour comprendre - dans son extrème horreur - le pouvoir des médias, surtout quand il véhicule la haine au coeur des foyers. Un formidable travail.

Informations pratiques

Paris-Villette

211, avenue Jean Jaurès 75019 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Bar Villette
  • Métro : Porte de Pantin à 161 m
  • Tram : Porte de Pantin - Parc de la Villette à 339 m
  • Bus : Porte de Pantin à 160 m, Ourcq à 374 m
Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

Paris-Villette
211, avenue Jean Jaurès 75019 Paris
Spectacle terminé depuis le samedi 15 décembre 2012

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