Texte italien surtitré en français.
Le Menteur de Goldoni grâce à la mise en scène d’Alfredo Arias est une somptueuse fête populaire en équilibre entre les deux villes marines de Naples et de Venise.
Qu’il suffise de dire que soudain le metteur en scène Arias, comme c’est son habitude, tout en tenant par la main Goldoni et son mythe, avertit le public que le canevas de base doit être pris comme une création textuelle en totalité. Et c’est ainsi que le spectacle, tout en respectant le texte de départ et en le faisant resplendir de sa propre lumière, se transforme en une gigantesque féerie sur le mythe du spectacle total.
« Le Menteur de Goldoni grâce à la mise en scène d’Alfredo Arias est une somptueuse fête populaire en équilibre entre les deux villes marines de Naples et de Venise. » Enrico Groppali, Il Giornale 18 juillet 2015
« Même les costumes sont sympathiques, par leur excentricité et leur disparité : comme si chaque personnage vivait à une époque différente et dans un monde à lui. » Franco Cordelli, Corriere della sera 18 octobre 2015
« La comédie à un rythme très rapide, et c’est un chef-d’œuvre de géométrie démentielle. Nous sommes fascinés par les acrobaties par lesquelles notre héros effronté parvient à repousser le moment d’être démasqué. » Masolino D’Amico, La Stampa 25 octobre 2015
« Ce qui rend savoureux l’ensemble est le rythme, l’atmosphère de brocante qu’a créée chloe oBolensky, avec des décors tout en bois. » Anna Bandettini, La Repubblica 8 novembre 2015
Cette comédie de carlo GolDoni fut représentée pour la première fois à Mantoue en 1750 et imprimée à Florence en 1753. Nous sommes devant une des œuvres les plus représentatives de la réforme de l’écriture théâtrale initiée par GolDoni. Il s’agissait de sortir le théâtre vénitien des schémas traditionnels de la Commedia-dell’arte. Même si GolDoni assumait son héritage, il critiquait son caractère répétitif et anachronique, lui opposant une écriture inspirée par l’observation directe de la réalité.
La mise en scène est signée par Alfredo Arias, auteur de spectacles brillants, animés par une ironie tantôt tendre, tantôt folle, qui s’accorde parfaitement à l’esprit enjoué de ce texte Goldonien. Geppy Gleijeses, celebre attore italiano, incarne Lelio Il Bugiardo. Accompagné par Marianella BarGilli dans le rôle de Rosaura et par anDrea GiorDana, dans le personnage de son père, un Pantalon drôle, attachant et qui sous son masque moralisant cache une folie qui fait de son fils son digne héritier. Chloé Obolensky, qui a collaboré notamment avec Peter Brook et Deborah Warner, à conçu des décors et des costumes poétiques qui recréent avec grâce et fragilité une Venise en train de s’effacer.
Mauro Gioia, interprète et musicien napolitain, a composé une partition nostalgique et vibrante que sous-tend l’action dramatique et la vie de ces créatures victimes des messonges du Bugiardo, Lelio. Le spectacle fut crée au Napoli Teatro Festival en 2015. Il a été présenté à Rome, Florence et Milan : aujourd’hui, il prolonge sa tournée en France du 17 au 21 mai 2017. Il est repris entre mars et mai 2017 au théâtre de l’Épée de Bois à la Cartoucherie de Vincennes. Le théâtre de l’Épée de Bois est un merveilleux lieu, chaleureux et enchanteur, dirigé par antonio Diaz florian.
L’Italie est pour le franco-argentin Alfredo Arias l’autre tropisme qui contrebalance ses retours réguliers à son pays natal. Avec Le Menteur de Goldoni, le metteur en scène confirme la solidité et la nécessité de son lien avec l’Italie et avec ses grands classiques.
Lorsqu’il s’installe en Europe au début des années 1970, Alfredo Arias, quittant l’Argentine de la dictature, fait un long séjour à Rome où il découvre des affinités profondes avec la culture italienne, alors en pleine effervescence culturelle, au cinéma et au théâtre. De ce séjour romain, lui restera un attachement fidèle aux artistes italiens et il répond tout au long de sa carrière aux sollicitations des théâtres ou des comédiens italiens et proposera lui-même des créations qui rencontreront un très chaleureux accueil, tant pour le répertoire italien (au théâtre et à l’opéra), que pour ses propres œuvres personnelles, comme Concha Bonita, Les Peines de cœur d’une chatte française, Madame Pink qui vient d’être créé à Naples et repris à Rome, ou encore l’adaptation de La Femme et le pantin, Pallido oggetto del desiderio, tous donnés en langue italienne.
L’Italie, où par ailleurs il a également présenté les mises en scène françaises de ses plus grands succès, est une référence récurrente de son inspiration, comme l’a prouvé Divino Amore, hommage à la troupe théâtrale D’Origlia Palmi, précisément découverte à Rome, dans le petit théâtre de
la via dei Penitenzieri, près du Vatican, où des comédiens fervents représentaient des mélodrames larmoyants et des vies de saints, dans un mélange d’amateurisme et de passion lyrique où le comique côtoyait la pure poésie.
Outre ses mises en scènes de grands opéras, entre autres Le barbier de Séville et Les contes d’Hoffmann, à la Scala de Milan, La veuve joyeuse et Les Mamelles de Tirésias à Spoleto ou Le songe d’une nuit d’été de Britten à l’Opéra de Turin), il monte en italien Feydeau, La dame de Chez Maxim, copi La femme assise et le Frigo et, plus récemment, une œuvre du grand auteur napolitain raffaele ViViani Il circo equestre Sgueglia qui a été également accueillie en France pour quelques représentations exceptionnelles au Théâtre de l’Athénée.
Mais c’est à l’œuvre de Carlo Goldoni qu’il est revenu le plus régulièrement. Après avoir monté Les jumeaux Vénitiens et La locandiera en français et en France, il a mis en scène Il Ventaglio en italien à Gênes. Et enfin Geppy Gleijeses lui a demandé de le mettre en scène, avec sa troupe, dans le chef-d’œuvre que Goldoni a écrit, en 1750, s’inspirant, comme Le Menteur de Corneille près d’un siècle avant lui, de la pièce espagnole La verdad sospechosa de juan luis alarcón en l’adaptant à un tout un autre environnement. Il Bugiardo avant de venir à Paris a été représenté durant deux saisons à Naples, Rome, Florence et Milan.
Les personnages s’y expriment dans plusieurs dialectes (vénitien, bien sûr, qui était celui que pratiquait le plus Goldoni, mais aussi romain et napolitain, à cause de l’origine de certains personnages). Le monde ironique, poétique et très réflexif de Goldoni, tout imprégné de Commedia dell’arte, correspond particulièrement bien au travail scénique d’Alfredo Arias qui accompagne souvent son regard d’une mise en abyme du théâtre. Les personnages de Goldoni font naître un doute sur la sincérité de leurs sentiments et utilisent le langage comme un jeu théâtral de représentation et d’illusion. On feint d’éprouver, on feint de croire et l’on se prend de part et d’autre au jeu. Merveilleux matériel pour les comédiens, le texte par sa forme et par son contenu transforme toute la vie sentimentale, professionnelle, matérielle en un miroir de dupes et d’émerveillement, entre Molière et MariVaux.
René de Ceccatty
Cartoucherie - Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking : Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.