Il faut que la neige fonde

Paris 18e
du 24 février au 16 mars 2003

Il faut que la neige fonde

La vie d’une classe de lycée, ou de milliers de classes, alors que les murs et le sol bougent, que le vacarme coasse et que les langues se glacent, alors qu’Ozam découvre que l’école est aussi nécessaire que le pain, l’eau et l’air. 

Présentation
Extrait de la pièce
L’Actuel Free Théâtre

Les niveaux baissent et la température dégringole, le sol dérive, les murs prennent la tengeante, les tables et les chaises ne suffisent plus pour maintenir le plafond qui se dérobe, le fond menace, et pourtant, il faut que la classe continue ! Plus de note moyenne, plus d’élève moyen, plus de professeur, ni même d’inspecteur, moyens ! le nul et l’exceptionnel se côtoient, ils se tendent la main, le zéro est orienté vers l’infini, l’humain bascule dans la sauvagerie et le sauvage se surprend à grésiller d’intelligence. L’amour, est-ce que ça a à voir avec la classe ?

« Monsieur, pourquoi il neige dans la classe ?
Aucun élève ne se lève pour protester. La classe comme bloc humain tracé au cordeau. On aurait pu nous dire de ne pas porter de pantalons courts. Il neige maintenant jusqu’à nos ventres. Et vous dites : du moment que vos têtes émergent !
Mais à quoi bon ? puisque nous n’entendons ni ne voyons plus rien, même plus votre nez vert. » 

Comment réussir un cours de bruit et comment réussir aussi à s’étonner d’entendre ? comment dire ce que l’on voit et toucher le bord des tables ? comment se frotter sans se cogner ? s’interroger sans s’exclure ? comment conjuguer le verbe « avec », au singulier comme au pluriel ? comment faire un spectacle de théâtre – et comment le recevoir ? -qui a le culot d’intervenir dans un moment de vie d’une classe de lycée ? intervenir sans être « suceur de vécu » ou « donneur de leçon » ou « poseur de questions sans réponses » ? comment faire pour que l’école soit un creuset de création ?

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Ufé - À quoi ça sert tout ça, monsieur ?
Le Professeur - Et vous, mademoiselle, à quoi servez-vous ! ? Rien qu'à des possibles.
Ufé - Je suis quand même bien là !
Le Professeur - Heureusement moins que moi.
Petitpaul - Ca ne sert à rien d'être possible.
Le Professeur - Non, heureusement. Ça se contente de promettre !
Ufé - Quoi ?
Le Professeur - Ceci ou cela.
Ufé - Ce que vous dites, ça ne nous aide pas beaucoup.
Le Professeur -  Je sais.
Petitpaul - Vous êtes sûr que vous savez ! ?
Le Professeur - Petipaul, vous êtes vraiment un grain de moutarde !

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La compagnie Actuel Free Théâtre est une amoureuse des villes et des banlieues : déraison suffisante pour que des paroles de celles et ceux qui y vivent deviennent la matière d’une écriture pour le théâtre. Par exemple, il en a été ainsi pour l’écriture autobiographique de jeunes filles et le journal de Catherine Pozzi « Récits de jeunesse »; pour des histoires et récits d’amour glanés sur les marchés « Histoires d’amour de rue »; pour l’expérience commune de détenus et de comédiens et leur rencontre avec l’univers tragique de Juan Rulfo « La plaine en flammes » et, aujourd’hui, pour ces paroles de lycéens et collégiens qui alimentent l’imaginaire d’un écrivain comme Gérard Lépinois. Elle aime aussi à travailler avec des auteurs vivants, ou qui le furent il n’y a pas si longtemps, tels Jean Grosjean, Jean Gillibert, Max Frisch, François Billetdoux, Witold Gombrowicz, Daniil Harms, Paul Valéry,… Elle s’engage aujourd’hui, autour de la démarche de Claude Bernhardt, dans l’aventure d’un lieu pour la création avec la ville : La chocolaterie, au Kremlin-Bicêtre.

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Voici un théâtre de l’espace entre les mots, du silence, du dehors. Il y a du Jarry dans cette liberté, du Tati dans ce regard et ce déplacement, il y a de la tradition, celle d’un Blanchot ou d’un Bataille. Les mots nouveaux-nés n’appartiennent à personne mais à tous, ils se conjuguent au singulier et au pluriel, ils fondent le visage que nous laissons de nous-mêmes, ils invitent à un abandon et une continuation de ce que nous sommes, être avec.

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L'étoile du nord
16, rue Georgette Agutte 75018 Paris
Spectacle terminé depuis le dimanche 16 mars 2003

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