Une société où plus personne ne rêve, ou presque. Dans un hôtel perdu, neuf personnages hauts en couleur voient émerger du chaos ce rêve qui a été si longtemps étouffé dans leur vie, bouleversant du même coup leurs relations et la perception qu'ils ont d'eux-mêmes et du monde. Mêlant théâtre, danse et musique originale, les artistes du Zagigaï Kollektiv explorent, au-delà d'une réalité angoissante et comique, la démesure fantastique du rêve.
Par le Zagigaï Kollektiv.
Au début du travail, j'ai proposé aux comédiens de créer un personnage qu'ils rêveraient d'incarner, qu'il soit inspiré de la vie réelle ou d'une pièce. En improvisant, nous nous sommes rendus compte qu'on tentait d'une manière ou d'une autre de « caser » ces êtres, de les réduire à une seule particularité, à un statut social, ou à leurs habitudes. Pour s'éloigner du quotidien, je leur ai alors proposé d'imaginer les rêves que ferait leur personnage la nuit. C'est là que nous avons senti la possibilité presque magique d'élargir le champ d'action de nos protagonistes, et par làmême, d'ouvrir l'espace scénique. A cela s'est ajouté une réflexion commune sur la question de la liberté et du choix dans nos sociétés. En effet, à l'heure où la réussite, la vitesse et l'efficacité sont devenues des priorités, où nous sommes bombardés de nouveaux produits à chaque instant, où l'on nous projette des images toutes faites de la vie, il devient presque difficile d'imaginer autre chose.
Dans la nature, la taupe, au cours de son évolution, s'est spécialisée pour creuser la terre, mais comme elle n'avait pas besoin d'une bonne vue sous terre, elle a fini par devenir aveugle. C'est une des lois de la nature : la dégénérescence des fonctions inutiles... Nous avons alors cherché du côté d'une société humaine dont la fantaisie se serait atrophiée. Nous avons voulu parler des personnes qui ne rêvent plus. Il n'y a pas si longtemps, les gens rêvaient la nuit, comme une dernière part d'inconnu qui persistait en eux ; puis, même les songes nocturnes ont disparu. On s'est effrayé d'abord ; on s'est habitué ensuite. On a vu qu'on pouvait continuer à vivre comme ça. Au moment où débute notre histoire, la plupart des gens n'ont jamais rêvé de toute leur existence. Ils sont habitués à vivre à la surface. Ils ne savent pas ce qu'ils ont perdu.
Nikita Gouzovsky
Cartoucherie - Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.