Expérience théâtrale atypique mêlant théâtre, poésie, danse, musique, et art vidéo. Invitation à un voyage magnifique et violent à travers le sentiment amoureux.
Un chant d'amour d'aujourd'hui
Une langue parlée par les corps
Un espace scénique dédié aux sens
Comment penser à toi ?
Je pense à toi est à l’origine un poème de 514 vers que Frank Smith a composé à partir de témoignages. 514 pensées qui deviennent comme un catalogue obsessionnel et sans fin sur l’envahissement de l’être aimé dans notre quotidien. Un catalogue grave et léger à la fois, violent et magnifique, complexe et simple qui explore l’état amoureux.
Une comédienne et deux comédiens incarnent ce texte, chacun comme élément d’un seul individu. Un individu divisé en trois entités, identités, sexualités, trois âges, désirs, trois espaces. Et de la confrontation de ces voix naît un chant d’amour universel permettant à chaque spectateur de revisiter sa propre histoire amoureuse.
Je pense à toi est un poème pudique, tout en retenue et hésitations. Des mots visibles et invisibles. Il fallait donc trouver une langue pour les mots portés mais jamais dits, une langue parlée par les corps davantage que par les voix. Une respiration commune, sensuelle, une danse unique pour trois corps.
Objet théâtral atypique, le spectacle est à la croisée des chemins entre le théâtre, la poésie, la danse, l’art vidéo et la musique contemporaine. Dans une scénographie essentiellement constituée d’eau, d’ombres, de lumières et d’images, le spectacle est une exploration du sentiment amoureux par tous les sens : l’esprit, la vue, le son, les odeurs, le corps… Expérience théâtrale et expérience de spectateur, le spectacle explore les limites du théâtre pour devenir un espace sensoriel.
Un espace scénique sombre, où les murs, le plafond et le sol se confondent.
D’immenses troncs d'arbres suspendus, auxquels on a coupé les racines, la force, le pouvoir de se régénérer.
Des comédiens vêtus de longues robes noires qui les lient étrangement à la matière qui les a fait naître.
Un bassin qui recouvre l’ensemble de la scène, qui devient miroir et brouille tous les repères.
Seul le reflet de l'eau peut être perçu comme la seule matière solide, étrangement, dans laquelle les comédiens évoluent. Elle dessine des cicatrices de lumière sur les corps.
Des comédiens prisonniers de cet espace sans forme qui absorbe tout.
Des sons naissent, d'abord celui de la pluie qui inonde progressivement la scène, puis d'autres sons. Des sons organiques créant l’impression étrange d’être à l’intérieur d’un corps humain.
Et, doucement, la lumière tente de percer cette matière. Mais elle jaillit sans se poser, elle est engloutie et ne parvient pas à s'attacher.
En fond de scène, une image animée, comme une fenêtre vers l’extérieur, qui tente de marquer le temps. Souvent discrète, et parfois envahissante. Un écho aléatoire qui rentre en communication avec les personnages. Une image qui tente de délimiter l’espace, de choisir l’angle de vue, de mettre en lumière sans vraiment y parvenir.
Il n’y a pas de vérité dans Je pense à toi. Pas d’histoire, pas de personnages. Une exploration non-exhaustive du sentiment amoureux, peut-être. Un texte universel et magnifique, un espace scénique dédié aux sens, aux perceptions, comme autant de propositions pour permettre à chaque spectateur d’écrire sa propre histoire avec l’amour.
Comment l’esprit tout entier est immanquablement immobilisé par cette pensée. Comment l’autre survient - sans la vie - dans la vie. Comment je suis tout entier dans la pensée pour l’autre. Comment c’est impossible autrement. Comment respirer sans ce souffle-là. Comment détruire. Comment isoler. Comment abîmer. Comment c’est lourd, c’est insupportable, le mal profond, tonique mais blessant, et soudain parfois le paisible soulagement. Comment je pense à toi. Comment ça vit, ça envahit la qualité de ma vie. Je n’ai jamais osé une demande explicite - je n’ai donc pas à espérer de confiance en échange. C’est rien.
Ça dit encore que celui qui est pensé et celui qui pense sont dans la distance, de fait. C’est difficile, car ce n'est pas facile de ne pas être excessif. Et pourtant trouver, être au bord de pouvoir le dire légitimement. Ça se branche avec cet autre questionnement perturbant : est-ce que je t’aime ? Se foutre de se tromper si l’autre accepte de rentrer dans l’erreur lui aussi. C’est ridiculiser même ce qui est miraculeux ; c’est rester indifférent à ce ridicule-là. Regarder les êtres, leur force. C’est peut-être cela qu’on appelle une considération. Ça veut dire, les yeux sont fermés, qu’on n’est plus libre, il y a déjà eu trop de temps fatigué, il y a déjà eu trop d’avant, on s’est engagés il y a trop longtemps pour avoir maintenant à changer de direction.
Il y a des jours perdus qui ne font pas une pluie et qui ne font pas avancer non plus. La question de la fidélité est une urgence de moins en moins. On est soumis à l’accident en permanence. On ne sait pas. On suppose. On précède. On pense à toi.
Frank Smith
103A, bd Auguste Blanqui 75013 Paris
Accès : par le mail au 103A, bvd Auguste Blanqui ou par la dalle piétonne face au 100, rue de la Glacière