Spectacle inspiré de La Mouette d’Anton Tchekhov. Le spectacle se présente sous la forme d’un atelier de travail pour nous rendre témoins de l’exercice intellectuel qu’implique toute mise en scène d’un texte : qui sont les personnages ? que vivent-ils ? pourquoi les jouer ? comment les jouer ? A la recherche du sens, le metteur en scène et les comédiens refusent toutefois de l’arrêter et, en quelque sorte, le construisent en le déconstruisant. Certes, on joue des scènes de La Mouette dans ce spectacle théâtral mais c’est pour mieux en délibérer. Serge Denoncourt a écrit des scènes à partir des scènes de Tchekhov pendant lesquelles les comédiens explorent les motivations et les secrets de leurs personnages, donnant ainsi l’occasion aux spectateurs de participer à la découverte des multiples points de vue qu’on peut adopter face à un texte.
La démarche dévoile certaines techniques de travail du comédien, par exemple l’exercice qui consiste à présenter l’histoire à partir de l’un ou l’autre personnage comme si c’était le personnage principal. A l’occasion, les comédiens puisent dans les événements de leur vie privée des comparaisons afin d’éclairer leur compréhension de tel sentiment, d’illustrer telle émotion ou encore de montrer leur désarroi quand ils ne trouvent tout simplement pas de réponse à une question. Le tout est fait avec beaucoup de conviction et le spectateur est persuadé que ce doit bien être ainsi que ça se passe, une répétition. Il en résulte un spectacle touchant, parce que l’on surprend les personnages si mélancoliques de Tchekhov à des moments cruciaux ; un spectacle significatif et révélateur, un spectacle inusité et parfois drôle, tant les interventions des «comédiens» quand elles interrompent les «personnages» tranchent, ne serait-ce que sur le plan de la langue, avec le texte tchékhovien.
Louise Vigeant
Cahier de théâtre
30, quai de Rive Neuve 13007 Marseille