Jimmy n'a pas de sexe. Ou plutôt il en a trop, ou encore un peu des deux, cela
dépend.
Jimmy n'a pas d'âge non plus. Ou plus exactement, il est né à trente-trois
ans, en 1950.
Jimmy n'a pas de mère. Son père, un général américain, l'a conçu au
cours du rêve inavouable que lui inspira son désir pour un certain Michel. A l'instant
fatidique, submergé par l'émotion, le coeur du général lâcha.
Depuis, Jimmy cherche à renaître, tel qu'en lui-même : homosexuel, coiffeur, amoureux, toujours en quête de la peau qui lui manque encore et du baiser qui n'eut pas lieu. Jimmy est une créature de rêve - d'une beauté qui n'est pas de ce monde. Il vit quelque part, aussi bien de jour que de nuit, dans l'imagination de Marie Brassard, où il a mûri peu à peu à l'abri de la censure et des impératifs de la raison.
Depuis des années, Brassard avait pris l'habitude de se jeter elle-même comme un appât dans sa mer onirique et de noter le résultat. Jimmy a mordu à l'hameçon. Qu'il soit bizarre, mi-fantôme mi-fantasme, n'était pas fait pour inquiéter une artiste aussi au fait des prestiges du théâtre et de l'autre scène.
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