Katarakt

du 10 janvier au 15 février 2004

Katarakt

Katarakt est le monologue d’un homme âgé, « un Vieux », dernier habitant de la scène du théâtre comme de la scène du monde. À l’écart de tous les bruits du monde, il pénètre les arcanes de son cerveau. Une observation clinique et radicale de lui-même lui fait examiner les différents âges de sa vie, le je et l’autre, le sexe, l’amour, la violence, la maladie, la mort prochaine… 

Don’t cry - work ! (Rainald. Goetz)

Katarakt est le monologue d’un homme âgé - « un Vieux » -, dernière partie d’une trilogie théâtrale intitulée Festung (Fortification). L’homme, isolé dans l’espace propre de sa pensée, pénètre le labyrinthe de son cerveau. Sont évoqués l’enfance, l’adolescence, la vieillesse, le « je », les autres, le sexe, la maladie, l’amour, la violence, la mort prochaine…

La trilogie, dit l’auteur, prend place dans un théâtre. Elle est une « communication sur l’extermination » (il faut entendre celle des juifs d’Europe).

La première pièce, Kritik in Festung - Institüt für Sozialforschung (Critique dans la Fortification - Institut des Sciences Sociales) est une « pièce familiale abstraite ». Empruntant la convention de la structure familiale, elle ne contient plus aucune intrigue. La pièce parle d’une rupture de la communication par le langage, elle raconte l’impossibilité pour une histoire à advenir, l’impossibilité pour le langage à exprimer du sens, l’impossibilité pour le théâtre à construire du dialogue. Sous le masque des personnages, elle examine la fonction du langage.

La seconde pièce, Festung - Frankfurter Fassung (Fortification - Version de Francfort), est une immense fresque qui fait s’entrechoquer des blocs de langage, à propos de la mise en œuvre de la « solution finale » entérinée lors de la conférence de Wannsee qui, le 20 janvier 1942, statua sur le sort des juifs d’Europe. Discours critiques et contre-critiques sont renvoyés dos à dos. Comme s’il s’agissait d’une nouvelle conférence qui aurait aujourd’hui envahi l’espace médiatique sous la forme d’un grand show télévisé, « un Vieux » (probablement celui de Katarakt) annonce l’entrée des protagonistes du débat. Jaillit une multitude de personnages : historiques, fictifs ou encore entités personnifiées (le temps, l’oubli, la haine…). La pièce met en morceaux toutes les opinions, démontre la relativité de tous les énoncés. Les médias, colonisateurs de l’espace de parole, dominent l’étendue du langage et en mutilent le corps.

La troisième pièce, Katarakt, commence quand le vacarme de la seconde s’est tu. L’homme âgé entre dans un processus d’auto-observation minutieuse et clinique. Dans le silence, il se concentre sur lui-même, dans une écoute totale des phénomènes qu’il perçoit à l’intérieur de lui. L’Histoire est évacuée, le langage public, médiatique congédié. Il ne reste plus qu’un seul individu sur le plateau du théâtre, comme sur la scène du monde. L’homme est peut-être aveugle - la cataracte est une maladie de l’œil par laquelle l’opacité du cristallin ou de ses membranes produit une cécité partielle ou totale. La cataracte est aussi une chute d’eau abondante sur un fleuve. Le langage de l’homme, chute verbale quasiment ininterrompue, recherche l’essentiel. Poursuivant la critique radicale de la contamination de notre langage, il pratique une autopsie pour peut-être retrouver les fondements d’une langue extraite du consensus et créatrice d’un sens redevenu commun.

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La Colline (Théâtre National)
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Spectacle terminé depuis le dimanche 15 février 2004

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