« […] Puis il y a toujours cette question : suis-je ou puis-je être un Zarathoustra aujourd’hui ? C’est-à-dire, est ce qu'un artiste est, ou doit être, celui qui crée les conditions dans lesquelles l’homme se dépasse et doit être dépassé ? Dans un espace irréel, situé derrière un miroir sans tain, les enjeux résident dans la présence de trois êtres : deux très semblables - un corps humain et une machine - et un homme incarnant, sous une forme symbolique, des aspects de la condition humaine. L’espace mis en scène reflète l’expérience de ces trois caractères, entre contrôle de soi et rapport tyrannique. Le choix de la figure – androïde – sorte de « surmarionnette », dépourvu d’autonomie et d’intelligence, est à la fois force physique et aliénation, aux antipodes du surhomme et du dépassement de soi nietzschéen. Ce choix est en apparence paradoxal, mais les deux univers sont inséparables. Ce choix est un mouvement vers Nietzsche mais aussi contre lui.
De Ainsi parla Zarathoustra, j’ai retenu le mot errance, non pas l’errance d’un personnage, mais l’errance de la pensée comme un mouvement, comme quelque chose qui se construit ici et maintenant, avec tous les doutes de la fragilité. Comme quelque chose de très humain finalement. Tous les éléments qui composent la pièce : machinerie, volumes, objets, son et lumières sont en dialogue. Il y a aussi des voix : voix dissociées, voix intérieures mais toutes proviennent d’une même présence – celle du corps humain. L’objectif étant que la capacité d’écoute nous soit troublée et que par les multiples voix, par des boucles, par écho, la pensée soit éveillée. Ce réseau de circulations et résonances, qui s’établit entre les présences, la musique, les installations et le texte, nous fera glisser de l’ordre au désordre. La musique est comme un personnage, une présence, une voix. La musique est cette tension entre harmonie et dysharmonie, cette force qui nous permet d’aller au-delà de la parole et des images. Ainsi nous pouvons osciller entre espace rationnel, expérience physique et intuitive. »
Aurelia Ivan
16/18, allée Léon Gambetta 92110 Clichy La Garenne
Voiture : Sortir à la porte de Clichy, direction Clichy centre, suivre les panneaux Théâtre Rutebeuf