La pièce
Aux frontières de l'absurde
Un théâtre de constat
Réflexions du metteur en scène
Ce qui rapproche Nathalie Sarraute et Louis Calaferte
Le jeu de l'acteur
Extrait
La presse
Un couple finit de dîner, ils attendent un camarade d’enfance que le mari a retrouvé, par hasard, à la poste. Celui-ci tarde à venir...
Une pièce sur l'usure des sentiments, l'impossible communication. Et qui nous fait rire, tant ces personnages nous ressemblent.
“Louis Calaferte (1928- 1994) aime les dialogues au ras du sol, plus vrais que nature, répliques qui échappent, non surveillées, automatismes du langage qui donnent à voir l’occupation quotidienne, toute la vie telle qu’elle se tisse, simplement, humblement dans des tas d’appartements tous semblables, habités par des gens tous semblables également.
Ce n’est pas la recherche de la bêtise, c’est une observation attentive, ironique, amicale, une manière très personnelle d’écouter, de retenir et de restituer, aux frontières de l’absurde, mais en plein naturel, des conversations décousues, et qui font rythme, cadence, musique infinie intime, façon de neutraliser le silence... des personnages jamais caricaturaux, absolument innocents de toute caricature, petits bourgeois tels qu’“ils ont été façonnés, tels qu’ils se sentent et se reconnaissent.”
Pierre Marcabru ( Figaro 83)
Le théâtre intimiste de Louis Calaferte dépeint un quotidien dérisoire, tragiquement dérisoire, restitué avec une extrême précision.
Son écriture théâtrale procède de l’hypnotisme, de la fascination et ne permet en aucun cas au spectateur, pris par le fil de la conversation, d’échapper à l’analyse ou au constat présenté. Grâce à un extraordinaire sens du dialogue, la réalité nous apparaît cruelle misérable et drôle. Drôle, car le théâtre de Louis Calaferte est un théâtre comique, “ un comique de constat ”.
Mais ce couple représenté dans l’Aquarium n’est-ce pas notre double et la scène un simple miroir ?
Non, ce serait trop horrible !
Et pourtant...
La compagnie Théâtre 7
Je ne peux que reprendre les termes mêmes de Jean-pierre Miquel dans la préface des pièces baroques: "Dès la première lecture, j’ai eu, comme c’est arrivé assez rarement dans ma vie, une sorte de coup de foudre. Il fallait absolument monter cette pièce".
J’ai souvent rencontré des auteurs à travers la représentation de leurs pièces sur scène, avec Louis Calaferte c’est par la lecture que j’ai découvert son théâtre : et quelle découverte !
Quelle étrange sensation que celle d’avancer en terre nouvelle et pourtant, immédiatement familière.
Quelle émotion pour un metteur en scène de se sentir, instantanément, en complicité avec une écriture, avec un univers, au point de dévorer l’oeuvre entière et de la voir s’imposer à toutes autres : voilà enfin, la compagne tant recherchée.
Trouver l’oeuvre avec laquelle nous allons travailler, vivre pendant plusieurs années (année de préparation, de répétition, de montage, de diffusion...) quelle immense joie. Surtout si cette rencontre est évidente, il faut monter le théâtre de Louis Calaferte, ceci s’impose à nous sans la moindre réserve, sans le moindre doute. La certitude d’avoir trouvé ce que nous cherchions sans le savoir. J’insiste sur ce point car ceci se produit si rarement.
Le Théâtre de Calaferte, et plus encore ses pièces intimistes, me touche par l’écriture, bien sûr, par les thèmes abordés sans condescendance ni pitié, mais aussi par le traitement qu’il entend qu’on lui donne : le nécessaire comique.
Je ne peux m’empêcher de trouver une similitude entre la démarche de Louis Calaferte et celle de Nathalie Sarraute (nous avons présenté Pour un oui ou pour un non en 1998). Ceci peut paraître, à première vue, un étrange rapprochement mais il y a chez l’un et l’autre une même acuité du regard puis comme un arrêt sur image. Ils saisissent avec une extrême précision un moment, un état, un climat ; d’autres n’en tireraient qu’une photographie, un instantané, pas eux.
Chez Sarraute, on dissèque, on parle, on cherche à trouver les raisons, à découvrir ce qui n’est pas dit, la raison profonde, on fouille, on interroge le sens en vrille, en spirale jusqu’à passer pour fou, on cherche ce qui a précédé le mot, ce qui provoque une intonation ... Chez Calaferte, on saisit également un climat, une ambiance, un détail dans sa précision et on le fait durer, on l’étire, on le répète, on y revient comme un montage en boucle, on ne lui permet plus de s’échapper. L’une et l’autre démarche procèdent un peu de l’hypnotisme, en tous cas, de la fascination et ne permettent pas au spectateur, pris par le fil de la conversation, d’échapper à l’analyse ou au constat présenté
Ce qui peut encore rapprocher Sarraute et Calaferte, c’est que l’un et l’autre ont une exigence commune quant à la forme à donner à leur théâtre : la légèreté. Sans légèreté, sans comique, c’est le constat dramatique “ la tribune” comme l’écrit Victor Viala.
Quant au jeu de l’acteur, toute charge est à bannir. C’est la réelle appropriation des paroles des personnages par l’acteur qui donnera cette “légèreté” à ce qui pourrait être, autrement, un sombre drame . Plus que le jeu juste, c’est le jeu vrai qu’il faut atteindre et “même un jeu plus que vrai”. Il faut habiter ces personnages qui sont des archétypes, non des caricatures. L’acteur devra restituer avec précision et respect ce que sa sensibilité lui a fait déjà percevoir de ces êtres aux actions et aux discours terrifiants et dérisoires. Des personnages rarement respectés au Théâtre où, seule, effectivement, nous parvient leur caricature. Recherche de l’atmosphère juste, du climat sans pour cela rechercher un théâtre naturaliste.
Le rythme est une donnée capitale, c’est par lui, par sa justesse que la pièce sera comique ou ne sera pas.
La tendresse que nous pouvons éprouver pour ces personnages doit nous permettre de restituer la réalité sans condescendance ou pitié, mais au contraire avec acharnement avec une précision méthodique, chirurgicale, pour exposer ce “terrifiant tragique dérisoire” par le biais d’un théâtre vivant cher à Louis Calaferte.
Nous n’avons jamais oublié dans notre travail : la recherche de l’absolue vérité de l’acteur, le sens du rythme, la justesse du climat et la nécessité, la force, l’intérêt du comique
Michel Boy
La Femme : Pour revenir à ta mère, il va falloir y penser, c’est bientôt la Toussaint.
Le Mari : Qu’est-ce qu’il y a à penser ?… On y fera un saut comme d’habitude ?
La Femme : Cette année, moi, j’ai l’oncle Henri, il faut que j’y aille.
Le Mari : Tu vas aller à Epinal ?
La Femme : Et les chrysanthèmes ?
Le Mari : Quoi, les chrysanthèmes ?
La Femme : Si on les achète le dernier jour, ils doublent de prix.
Le Mari : Moi, les chrysanthèmes, c’est pas une fleur que j’aime… Ça fait… Ça fait Toussaint…
“Un duo d’acteurs réussi... la mise en scène qui les emprisonne dans un lieu clos... est d’une grande efficacité.”- Claudine Frey, La Provence du 29 Juillet 1999
“Louis Calaferte a tricoté un dialogue d’une formidable et clairvoyante rosserie.” Jean-Louis Châles, La Marseillaise du 29 juillet 1999
“Une réussite avec l’Aquarium de Louis Calaferte, remarquablement interprété par Marie-Do Fréval et Michel Boy... une réalité disséquée sans complaisance, mais sans mépris.”
Amandine Vague et Alexis Violet, Rouge du 29 Juillet 1999
“Les spectateurs se régalent... Ils rient... Marie-Do Fréval et Michel Boy jouent avec vérité l’usure des sentiments... Une scène de ménage aux petits oignons.” - Arts et spectacles du 17 Octobre 1999, Verdun
“Michel Boy, metteur en scène et interprète, ausculte un théâtre distrayant mais significatif de nos fêlures, de nos solitudes.
Avec talent et élégance, il tend un miroir pessimiste et drôle à nos désespoirs masqués.” Jean-Louis Châles, Semaine des spectacles du 22 Novembre 2000, Cannes
“Le rire... pour ne pas pleurer, c’est là certainement qu’il faut saluer la performance des acteurs, Marie-Do Fréval et Michel Boy...
Drôle, caustique et intelligent, c’est absolument à voir !”- Cécile Brochard, 27 janvier 2001, Toulouse
“L’Aquarium est une loupe parfait.”- Sabine Maillochon, Radio France Vaucluse
15, rue du Maine 75014 Paris