"La pitié est ce qui importe le plus, peut-être l’unique loi de l’existence."
Nastassia Philippovna et les 5 hommes
Note d'adaptation
Réflexions sur l’idiot (extraits)
Au début de la pièce, quatre hommes s’intéressent au sort d’une beauté de réputation équivoque, Nastassia Philippovna. D’abord son « protecteur », Totzki, qui l’a violée lorsqu’elle avait quinze ans. Il veut reprendre sa liberté pour se marier en la mariant elle-même à Gania, jeune arriviste ambitieux, secrétaire du général Epantchine qui favorise ce projet avec l’espoir de faire plus tard de Nastassia, sa maîtresse. Enfin, Rogojine un riche marchand qui désire ardemment cette femme.
Un cinquième homme apparaît. Il s’agit du prince Mychkine, de retour dans sa patrie, après avoir séjourné longtemps en Suisse pour raison de santé. Officiellement, il s’agit d’une dépression nerveuse. En vérité, le prince est atteint d’épilepsie et d’une forme d’idiotie. En pénétrant dans ce cercle, le prince, « Enfant absolu » tel qu’il se proclame lui-même, va dévaster ces vies apparemment tranquilles de la bonne société de Saint-Petersbourg…
Texte français d'André Markowicz, adaptation d'Antoine Bourseiller. Avec la voix de Suzanne Flon.
Il y a bientôt soixante ans, à l’occasion des représentations de L’Idiot, traduit, adapté et mis en scène par André Barsacq, au Théâtre de l’Atelier à Paris, le critique Max Favalleli remarquait que chaque fois que l’on s’avise de porter un roman à la scène, il se trouve des douaniers pour maugréer, fouiller les valises de l’adaptateur et le prier de rebrousser chemin… Pourquoi cette ségrégation entre les genres littéraires ? Adapter n’est condamnable que lorsqu’on défigure le roman. Dans ces transferts, conclut-il, la fidélité n’est pas dans la lettre mais dans l’esprit.
Avec le consentement du traducteur, au commencement de mon travail d’adaptateur, j’ai retenu de la multitude des personnages uniquement ceux qui étaient liés aux amours et aux tourments des deux héros masculins (le prince Mychkine et le moujik Rogojine Parfione) et des deux héroïnes féminines (Nastassia Filippovna et Aglaïa Epantchine), à savoir Totzki, Gania, Lebedev et la famille Epantchine.
Ce n’est pas sans appréhension et tristesse que j’ai renoncé à des pages sublimes du livre. La pièce commence presque comme une comédie légère, pourtant peu à peu, subtilement, le drame se lève, sombre mais lumineux comme le roman.
Il y a longtemps, à l’école du théâtre National Populaire de Jean Vilar, nous passions beaucoup de scènes des Frères Karamazov, de L’Éternel Mari, Crime et Châtiment, et L’Idiot bien sûr. C’est alors que je me suis jeté à corps perdu pendant des mois dans l’oeuvre romanesque de Dostoïevski. Depuis, il n’a plus jamais quitté mon âme.
Antoine Bourseiller
Réflexions sur l’idiot (extraits)
Dans L’Idiot, on est tout le temps dans l’indéfini entre le rêve et la réalité. Les personnages ne sont pas seulement de chair et d’os. Quand je dis que c’est du théâtre, c’est parce qu’on y trouve une conception de l’oeuvre tout à fait particulière, qui est loin du roman russe psychologique. La structure de L’Idiot, c’est l’épilepsie. C’est décrit comme une longue période d’incubation ; tout à coup, une illumination, ce que j’appelle un « climax », et la chute, la crise. C’est comme ça que Dieu apparaît aux hommes, c’est trop fort pour que ce soit supportable. Nastasia Fillipovna aime trop le prince Mychkine ; Rogojine l’aime tant qu’il va la tuer, mais Mychkine est un vrai monstre : il est trop bon, il est insupportable, c’est lui qui provoque toutes les catastrophes, pas Rogojine.
Tant que le prince n’était pas là, finalement ça se passait bien ; mais le prince apparaît, il ne dit rien, il est. Son existence rend la vie impossible à tout le monde. C’est-à-dire que l’existence de Dieu est incompatible avec l’existence du monde. C’est insupportable. C’est ce qu’exprime le prince quand il dit qu’il a peur du regard de Nastasia Fillipovna ; il a peur et c’est pour ça qu’il va vers elle, et qu’il se tue. On considère que l’Idiot, c’est le Christ, mais ce n’est pas si simple. Tout le roman tourne autour de la question de savoir comment on essaie de vivre avec la présence de Dieu et qu’on ne peut pas.
André Markowicz
J'y suis allée avce mon petit ami. Le théatre rue Mouffetard est tout neuf. Les acteurs étaient très bons, le texte bien réadapté et moderne. Un bon moment .Je vous le conseille !
J'y suis allée avce mon petit ami. Le théatre rue Mouffetard est tout neuf. Les acteurs étaient très bons, le texte bien réadapté et moderne. Un bon moment .Je vous le conseille !
73, rue Mouffetard 75005 Paris