Ils sont pauvres mais ils sont heureux. Marcinelle et Edmond, s’aiment. Scènes de bonheur… Ils sont très jaloux l’un et l’autre. Scènes de ménage… Elle rêve de luxe, lui de révolution. Ils rêvent ensemble d’un peu plus de confort et d’argent…
Ils sont riches et célèbres, le baron de Gerpivrac et Eurydice. Elle est une chanteuse reconnue qui a parcouru le long chemin qui mène de la pauvreté à la gloire. Il est un aristocrate futile et imbécile.
Les deux couples vont se rencontrer et tout va basculer. Eurydice craque devant Edmond et « remordrait bien dans le pain bis. » Edmond est ébloui par la superbe créature. Adieu les rêves de révolution…
Le baron frétille devant Marcinelle qui fond littéralement… Chassés-croisés… Méprises… Vent de folie sur la petite chambre qui abrite Marcinelle et Edmond. Le baron et la chanteuse disparaissent comme ils sont venus, sans imaginer un seul instant les dégâts causés par leur intervention. Edmond et Marcinelle restent face à face, déçus, malheureux, exsangues. Vont-ils se séparer ?
Une pièce drôle, tendre et cocasse d’un Victor Hugo inattendu.
En 1866 Victor Hugo est en exil à Guernesey. Il a 64 ans. Il écrit l’Intervention d’un seul élan, en huit jours.
La pièce a la fraîcheur, la brièveté et la vitalité d’une œuvre de jeunesse. C’est sans doute à cause de sa modernité et de son langage cinématographique, qu’elle ne fut publiée qu’en 1951 et jouée pour la première fois en 1964. Ses quatre personnages y dessinent la réalité sociale de l’époque : la pauvreté au quotidien ; l’inconséquence de l’élite… La pièce baigne dans une odeur d’argent et de sexe. Tout s’achète, l’amour, la vertu, la conscience. La pauvreté est à vendre pour satisfaire le plaisir des riches.
Le charme de la pièce tient à ce savoureux mélange de légèreté et de critique sociale qui en fait une comédie délirante et détonante. L’Intervention, c’est la main mise de la classe possédante sur la classe ouvrière. La charge est violente. Victor Hugo dénonce…
La mise en scène matérialise cette irruption de l’opulence dans une chambre close. L’espace minuscule est envahi et devient instantanément un territoire « occupé » par les riches visiteurs. Le décor est minimaliste : une simple table sur tréteaux, une échelle pour accéder à la mezzanine, un tabouret… Ces quelques éléments emportés par le tourbillon de la richesse se mettent à vivre une autre vie. L’échelle se transforme en grand escalier du Casino de Paris par la grâce d’un numéro de music-hall, le tabouret exhibe une fille à vendre comme dans un sex-shop d’Amsterdam. L’argent a une odeur. Il circule dans une ronde frénétique de main en main.
Le jeu des comédiens est à l’image de ce tourbillon : rapide, tonique avec de courts numéros burlesques à la hauteur du ridicule des riches intervenants.
« Une interprétation particulièrement percutante et sensuelle. L’habile mise en scène de Didier Moine joue moins le suspense que l’affrontement sensuel et social. Anne Barthel, Marie Dupleix, Denis Morin et Moine lui-même jouent toniquement la canaillerie de la situation jusqu’à ce qu’une très belle émotion conclue ce savoureux mélo politique… » Zurban
« La mise en scène de Didier Moine est légère et dynamique, les comédiens sont excellents, bref, on se régale à voir cette courte pièce de théâtre, à la fois drôle, tendre et pleine d’allusions ironiques » Afrique magazine
« La mise en scène, simple et intimiste, et les deux comédiennes, excellentes, sont les autres trésors de ce spectacle » Paris Boum Boum
« Didier Moine exploite à merveille l’exiguïté des lieux. Marie Dupleix et Anne Barthel sont excellentes. C’est vivement mené, nerveux et chanté très justement… » Le journal du Dimanche
« Subtilement orchestrés, la mise en scène et le jeu offrent un plaisir constant : Anne Barthel et Marie Dupleix dessinent deux superbes personnages tandis que Denis Morin et Didier Moine voltigent avec une évidente jubilation entre sensualité brute et sophistication. Leur récompense est dans les yeux du public. » A nous Paris
« Une mise en scène alerte pour un texte moderne… La bonne surprise, enfin, vient de l’évidente délectation avec laquelle les acteurs font vibrer ces amours chamboulées. Un plaisir souvent contagieux. Bref, un spectacle qui mérite d’être vu. » L’humanité hebdo
« Didier Moine institue un ton juste et tranquille, puis accélère et met au feu le fer de la sensualité, avec l’arrivée de la visiteuse. La femme vénale, la chanteuse de caf’conç’, est jouée par Anne Barthel avec une énergie de haut vol. Mais on ne saurait trouver inférieurs ses partenaires : Marie Dupleix et Denis Morin, d’une belle sobriété songeuse dans le rôle des ouvriers, Didier Moine qui joue, avec un sens succulent de la satire sociale, le ridicule baron de Gerpivrac. La charge sociale est donc menée avec une sûre efficacité mais l’on apprécie également ce trouble, cet aveu d’une sexualité en éveil qu’Hugo laisse passer comme malgré lui (il laisse peu le sexe en liberté dans son théâtre libre !) et dont le spectacle débusque le rôle souterrain. » L’avant-scène
32, rue des Trois bornes 75011 Paris