"Je suis coiffeuse, pas chirurgien esthétique. La plupart de mes clientes viennent pour changer. Mais quand on veut changer, il faut le faire de l’intérieur."
Le droit et l’accès à l’éducation pour tous
Raconter toutes les aventures de la quête de soi
Note d’adaptation
L’éducation au théâtre
Rita, jeune coiffeuse pour dames veut changer. Pas de tête ni de coupe, mais de vie. Elle veut apprendre, étudier, se cultiver. Elle se rend alors au cours particulier de Franck, professeur de littérature désabusé et alcoolique peu enclin à prendre en charge l’éducation de Rita. Mais peu à peu, la jeune femme va s’élever et dépasser le maître, devenu jaloux de l’ascension intellectuelle de son élève.
Écrite en 1981, la pièce de Willy Russel est réadaptée en 2003 par l’auteur lui-même, estimant que les références étaient dépassées et que l’ancienne version avait besoin d’un souffle nouveau.
Adriana Santini s’empare de cette seconde version en suivant le désir de l’auteur, proposant ainsi au public une version rajeunie, notamment dans le langage, mais dont le propos est toujours d’actualité : le droit et l’accès à l’éducation pour tous est un sujet de société qui nous concerne tous, et en premier lieu... Rita.
Traduction et adaptation d'Adriana Santini.
L’éducation, la pédagogie, le savoir, la connaissance… la culture : et Rita dans tout ça ? Mettre en scène le parcours de cette jeune femme, c’est raconter toutes les aventures de la quête de soi, de sa propre recherche de savoir. C’est avec responsabilité et engagement que nous abordons ce thème majeur. Raconter ce parcours de vie, c’est accepter le pari de parler au plus grand nombre de ce lien intime entre ce qu’on sait et ce qu’on sent, essayer de réunir intuition et connaissance.
L’espace est ludique, une bibliothèque fantasmée qui s’est métamorphosée en jeu de cubes, au centre un bureau emblématique du « professeur », sur un tapis persan qui délimite l’espace (l’histoire, le passé). Le lieu est au milieu du temps qui passe en lumières et ambiances, il se transformera au cours du spectacle et deviendra l’incroyable terrain de jeu de Rita et Franck.
Empilés, déplacés, renversés, retournés, bousculés : voilà ce que les livres subiront, et c’est ainsi que cette bibliothèque imaginaire prendra vie. Au sein de cet espace mental du savoir et de la culture, un homme règne en maître, il est le professeur, le guide, le mentor, dépassé par cette aventure qui mettra en valeur ses faiblesses et ses peurs et dévoilera peut-être aussi pour lui l’aventure de nouvelles pistes à exploiter.
Rita débarque, elle bouscule le décor et les habitudes, elle se bouscule elle-même, elle a parié avec sa conscience d’aller au bout de cette histoire, elle y perdra des plumes… mais y gagnera beaucoup plus, l’estime de soi. Le jeu d’acteurs est vif, serré, intense, intime, il se joue comme un jeu à deux, un jeu sans relâche, le jeu de la vie. Les univers doivent s’entrechoquer, celui de Rita la coiffeuse et celui de Frank le professeur d’université, seule peut-être la bande son les réunira, parlant à un inconscient collectif et nous fera voyager au gré de standards tendres et rythmés. Émouvant, provoquant, inattendu, hilarant, excitant, désarmant, tel sera L’Éducation de Rita.
Christophe Lidon
Pourquoi faire une nouvelle adaptation de L’Éducation de Rita ? Willy Russell a réadapté en 2003 son propre texte, estimant que les références étaient dépassées et que l’ancien texte avait besoin d’un souffle nouveau (la première version avait été écrite en 1981). Il était donc logique que l’on poursuive le désir de l’auteur, en proposant au public une version rajeunie, notamment dans le langage, mais dont le propos est toujours d’actualité : le droit et l’accès à l’éducation pour tous est un sujet de société qui nous concerne tous et surtout... Rita.
Adriana Santini
J’ai toujours été très sensible au thème de l’éducation au théâtre. Rien ne m’émeut plus que de voir dans une pièce ou un film un personnage évoluer vers la connaissance, le savoir, dans un combat livré autant à lui-même qu’aux autres, et sortir de l’état d’ignorance pour accéder à celui où il est sans doute plus aisé d’affronter l’obscurantisme, les préjugés, les injustices ou l’intolérance.
Rita en ce sens est exemplaire, elle qui, parce qu’elle pressent tout ce que ce travail va lui permettre de mieux saisir du monde, des autres et d’elle-même, décide un beau jour qu’il faut apprendre à mieux lire, mieux écrire, mieux penser. Frank, son mentor, va quelque temps quitter le costume étriqué du vieux prof désabusé et blasé et se prendre au jeu responsable de celui qui donne, ouvre les portes, surveille et contrôle les progrès de cette étudiante d’exception
J’ai déjà interprété le personnage de Frank. Pas assez. Je n’avais de cesse de le rejouer. Pour cela, j’ai trouvé la meilleure qui soit : ma fille Adriana. Elle a la fraîcheur, la volonté, la chair du personnage. Elle en aura aussi mieux que quiconque les mots, puisqu’elle signe cette fois l’adaptation de la très belle pièce de Willy Russell.
Christophe Lidon, le metteur en scène, et moi cherchons depuis longtemps un terrain de collaboration : je pense qu’avec « Rita » nous avons trouvé, par la vertu de son contenu et de son écriture, le meilleur qui soit.
Pierre Santini
73, rue Mouffetard 75005 Paris