Avoir le tigre c’est résister, comme ce soldat de l’Armée Rouge, blessé à la jambe par les « bandits blancs de Tchang Kaï-Chek ». Une balle lui a occasionné une gangrène insidieuse. Ses camarades lui proposent d’abréger ses souffrances mais il refuse et se réfugie dans une grotte. Là, il se retrouve nez à museau avec une tigresse et son tigrichon. On découvre alors, par l’intermédiaire du bateleur sa cohabitation avec les bêtes sauvages.
Le pouvoir du théâtre nous embarque dans cette histoire incroyable : un soldat en harmonie burlesque avec des tigres. D’une rencontre avec un tel animal, on ne sort pas
indemne : il s’imprègne de leur façon de parler, de manger, de se déplacer... Quel plaisir de camper le Tigre ! Le monologueur souligne ses exploits grâce à un cube / histoire modelable, qui peut tout évoquer : une carcasse pourrie, un téton de tigresse, les entrailles d’un bouc encore chaud... Il y crée des formes brutes, esquisse des sculptures, des gribouillages de matière rouge nous offrant des amorces d’images. C’est au spectateur de finir le dessin. Le personnage déclenche et enclenche des sons par ses simples actions. Les sons sont exécutés en direct grâce à un musicien au laptop.
Dario Fo, prix Nobel de littérature en 1997, dénonce les injustices et la dogmatisation, sur un fond de révolution communiste. Le tout dans un grand et merveilleux éclat de rire.
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