Dans un espace sculpté par la lumière et l’intuition des corps, au milieu des spectateurs, deux jeunes femmes d’aujourd’hui donnent à découvrir la chair des mots de Duras.
« Elle est arrivée près de lui, s’accroupit entre ses jambes et la regarde elle, et seulement elle, dans l’ombre qu’à son tour elle lui fait avec son corps. Avec soin elle la met à nu dans sa totalité. Écarte le vêtement. »
Dans L’homme assis dans le couloir, la narratrice - celle qui nous parle et dont on ne saura rien – décrit ou/et imagine les corps de Elle et Lui faisant l’amour. En 19 plans, elle évoque ces thèmes vertigineux que sont le sexe, la possession de l’autre, la soumission à l’autre, le pouvoir des corps.
« Je me suis dit que je vous aurais aimé. Je croyais qu’il ne me restait déjà de vous qu’un souvenir hésitant, mais non, je me trompais, il restait ces plages autour des yeux, là où embrasser... »
Dans L’homme atlantique, Elle s’adresse à Lui. Hier soir après son départ "définitif" elle a commencé à écrire puis elle s’est dit pourquoi pas faire un film. Elle lui dit qu’elle ne l’aime plus comme le premier jour, qu’elle ne l’aime plus ; tandis qu’affleure la douleur de sa perte.
En général, on n’a guère qu’une voix maigre. Dans ces deux textes Elle est débordée par la voix de son corps, les mots de son corps.
Mêlant étroitement – on pourrait dire intimement – littérature, théâtre, cinéma et poésie ; ces textes témoignent d’une vérité Durassienne : la femme c’est le désir.
Marguerite Duras est sans doute – avec Nathalie Sarraute qu’elle admirait – la première qui a fait entendre au théâtre une voix féminine et donc inattendue. Une voix violente, radicale, crue, ambiguë qui n’appartient qu’à elle et qui n’a rien perdu de son actualité, exactement 10 ans après sa mort.
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