L'homme assis dans le couloir

Paris 19e
du 3 août au 27 septembre 2009
1 heure

L'homme assis dans le couloir

Un triptyque corps, voix, violoncelle. Un homme et une femme se perdent dans le désir qui les brûle jusqu’à l’obsession. La force d’une langue abrupte et poétique.

Un long poème du désir
Note d'intention
Contexte historique

  • Un long poème du désir

L’homme assis dans le couloir est un long poème, une longue phrase qui ne finirait jamais. Un homme et une femme se perdent dans le désir. Le désir qui les brûle jusqu’à l’obsession et puis la honte et puis les coups. Ce poème est une longue traversée de l’intime, l’intime des corps avant la parole. Avant la possibilité de dire et donc avant la pensée.

Le texte est explicite, il est comme un fantasme dans cette rencontre. Ce texte, c’est la fulgurance, la force du corps, la force d’une langue abrupte et poétique.

Cette histoire peut ne pas avoir été vécue, elle a pu être fantasmée, rêvée ; alors ce serait dans un climat tropical, à l’endroit de la mousson, un après-midi d’été juste avant l’orage.

Mais ce texte est aussi une métaphore sur le théâtre, en ce sens où cet amour n’existe que parce qu’une femme, l’auteur, les regarde. Il n’y a de théâtre que parce qu’il y a un spectateur, un œil qui le regarde. La jouissance serait-elle aussi forte si ce regard n’était pas là ? Et puis elle demande à être frappée, la jouissance serait-elle aussi totale sans cette « exécution » ?

Chez Duras, il y a la mousson, l’amour fou, la brûlure, la possession infinie.

Des êtres sans début et sans fin… à cet endroit de la perte de soi-même.

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  • Note d'intention

Ce texte est une nouvelle, une œuvre littéraire. La difficulté de son passage à la scène est de restituer la beauté esthétique d’une écriture déchirée, poétique, abrupte en même lieu que l’intensité érotique et charnelle de l’histoire. Donner à entendre le labyrinthe du texte et mettre en œuvre le brasier entre ces deux êtres.

Dans L’homme assis dans le couloir, l’homme et la femme ne parlent pas, l’intensité du désir est telle qu’ils ne peuvent pas parler, comme écrasés par les corps. Notre direction première sera de travailler dans une dichotomie entre texte et corps.

Ce couple n’existe pas sans le regard de cette autre femme : l’auteur. Nous choisissons de la représenter sur le plateau uniquement par la voix.

Nous avons également fait le choix d’un violoncelle sur scène qui fera écho à la voix de l’auteur, ils formeront un chœur, le chœur du désir féminin, du fantasme de l’auteur.

Marguerite Duras est l’auteur qui m’accompagne depuis toujours, depuis Les yeux bleus, cheveux noirs, le seul livre de Duras que j’avais pu trouver dans la bibliothèque de ma sœur plus grande ; jusqu’en école de théâtre où j’ai commencé à penser à son œuvre d’un point de vue artistique.

Alors, lorsque la question de mettre en scène s’est présentée à moi, j’ai immédiatement eu le désir de plonger dans l’intime, dans l’abîme de son écriture. J’ai retrouvé cette courte nouvelle, moderne, fulgurante…

Marie-Martine Cheveaux

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  • Contexte historique

Marguerite Duras a écrit ce texte en 1980 pour un homme. Son frère ? Une histoire déterminante, l’amour entre le petit frère et elle. Cette chose est toujours là dans son œuvre, l’inceste, l’amour lié à la honte. Elle dira il n’y a pas d’amour sans inceste, il n’y a pas d’amour sans la honte ?

Et puis Marguerite a subi les coups de sa mère et de son grand frère Paul, ils la battaient avec une violence inouïe.

Dans L’homme assis dans le couloir, la femme demande à être frappée après l’acte sexuel ; l’amour, le plaisir est-il toujours lié aux coups ? Le scénario amoureux de M. Duras semble être toujours répété : une femme somnambule, mais maîtresse de la situation, c’est elle qui demande, l’homme obéit. Une femme somnambule mais dévoreuse.

Elle dit : Il y a une sorte de gloire du subissement chez la femme, mais que beaucoup de femmes nient. C’est le règne du subissement. C’est la femme qui est royale, ce n’est pas l’homme qui frappe. Je regrette que beaucoup de femmes ignorent tout de ça. Je crois que s’il n’y a pas ça, il y a une sexualité infirme chez les femmes, incomplète. C’est comme si on portait son propre Moyen-Âge, comme si on portait en soi sa barbarie première, intacte, qui était ensablée avec le temps, depuis des siècles.

Marguerite Donnadieu est née en 1914 près de Saïgon en Indochine. Le père, professeur de mathématiques, meurt alors que Marguerite a quatre ans, sa mère institutrice investit toutes leurs économies dans une concession qui s’avère être incultivable, la famille vit dans une très grande pauvreté.

La mère envoie Marguerite en France pour faire des études, elle s’engage ensuite dans dix années de militantisme communiste et forme le groupe d’intellectuels de la rue Saint-Benoît à Saint-Germain-des-Prés.

Marguerite Duras écrit, filme, et met en scène une œuvre qui commence en Indochine ; elle s’éteint en 1996, cinq ans après la publication de l’Amant de la Chine du Nord. Une longue phrase qui s’arrête là où elle avait commencé.

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Spectacle terminé depuis le dimanche 27 septembre 2009

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