Au coeur de la famille, il y a Marie-Hélène. Elle est morte à l’hôpital il y a seulement quelques mois. Il y a Maurice son père (65 ans) ; il y a Marie sa fille (25 ans). Maurice et sa petite-fille ne se sont pas revus depuis l’enterrement. Ce jour-là, sans prévenir, Marie rend visite à Maurice. Ils se retrouvent. D’une certaine manière, ce jour-là, la famille est réunie. Les premiers mots de Maurice sont : « je ne te dirai rien ». Mais qu’a-t-il donc à cacher ?
L’homme des giboulées est la confrontation de deux générations. Quarante années séparent Maurice de Marie. Il y a là, bien sûr, deux façons de vivre mais surtout deux façons de « vivre l’autre ». Celle de Maurice est butée. L’autre, au fond, n’existe que par la force de l’habitude (des habitudes). Celle de Marie est ouverte. Tout reste toujours possible avec l’autre, pour peu que l’on admette qu’il n’y a pas de vérité acquise, la vérité étant une matière vivante.
Deux générations donc : l’une très arrêtée, dans une éducation, dans des certitudes, des silences, dans un égoïsme ordinaire. L’autre livrée à elle-même ; incertaine mais volontaire, démunie souvent.
La pièce prend forme à travers l’agencement touchant des corps distants des deux personnages interprétés par le charismatique Michel Baumann et la lumineuse Muriel Gaudin.
Texte édité à La Passe du vent (2004).
Marie : Bien sûr, je me débats comme je peux, avec mes mots. Mais ce sont des mots qui ne supportent pas le moindre
geste un peu brusque. Des mots à brûle-pourpoint. Ça te serait facile de les envoyer promener avec tes grosses
mains…
Pourquoi est-ce que je te dis tout ça ? Parce que je ne suis pas ta femme, ni ta fille. Non, je suis ta petite-fille
et ça, c’est nouveau. Nouveau pour toi, nouveau pour moi. Nouveau ! Alors, il faut que l’on en profite pour ne plus
rien dire, ni rien faire comme avant. Qu’on en profite, tu entends ? J’adore l’idée qu’il y ait quelque chose
de nouveau entre nous. T’adores pas, toi ?
159, Avenue Gambetta 75020 Paris