En écho avec ce spectacle, un concert est organisé le 15 janvier 2015 au TGP.
Tout doucement, sans bruit mais en musique, la compagnie Air de lune est devenue l’une des plus populaires de France. Jean Bellorini s’était déjà fait remarquer avec sa Tempête sous un crâne, une adaptation des Misérables pour sept comédiens et deux instrumentistes cosignée avec Camille de la Guillonnière. Deux ans plus tard, les deux complices récidivent avec Paroles gelées, d’après le Quart Livre, qui a valu à son metteur en scène le Prix de la Révélation Théâtrale 2012 décerné par le Syndicat de la critique. Après Hugo et Rabelais, comment s’attaquera-t-il à Brecht, quelles harmoniques grinçantes lui et ses dix-huit comédiens vont-ils en tirer ? « Il ne s’agit pas d’être actuel, » confie le metteur en scène, « il s’agit d’être contemporain ». Contemporain comme le monde « où la dureté est une valeur qui se nourrit de tous nos égoïsmes ».
Les tribulations de la vaillante Shen Té étaient faites pour attirer Bellorini, qui assume franchement son humanisme et son amour des formes populaires, l'essentiel selon lui étant que les artistes puissent s’expliquer directement, au présent, avec le public. Il a été attiré par une fable dont la dimension didactique, selon lui, « a tendance à s’effacer devant le poétique et le lyrique », mais sans disparaître tout à fait. Pour récompenser Shen Té, la prostituée au grand coeur, les dieux lui offrent de l'argent, mais sans aucun conseil sur la façon de l'employer.
C'est qu'apparemment, tout en sachant déchiffrer la vertu cachée dans le cœur de l'homme, les Inspirés ne songent pas à en partager le secret avec nous : qu'un seul être soit bon, voilà un spectacle qui suffit à leur quête, mais ils ne se soucient pas pour autant de rendre meilleur le monde qu'ils ne visitent que pour quelques jours. Or l'humanité, elle, se débat dans un tel monde imparfait : elle n'en a pas d'autre, ni d'autre temps que celui où elle lutte pour sa survie. Comment sortir de la misère quand l'homme est un loup pour l'homme ? Peut-on préparer l'avenir sans rester sourd à l'urgence du malheur présent ?
Brecht pose des questions comme on lance des appels. Entre mélodies de rêve et rumeurs de réalité, Bellorini nous promet un spectacle à la hauteur de telles interrogations : « simple, drôle, et aussi terrible », conduit sur un rythme de bal, dans un esprit de fanfare... et en présence d'un pianiste fou.
« Ils jettent une ombre, vos corps,
Dans le flot de lumière d'or
Donc permettez-nous maintenant
De rentrer dans notre néant.
Eure Körper werfen Schatten
In der Flut des goldnen Lichts
Drum müßt ihr uns schon gestatten
Heimzugehn in unser Nichts. »
« Brecht allégé, libéré, retrouvé… » Philippe Chevilley, Les Echos, 21 novembre 2013
« Le spectacle confirme l'intelligence et le sens du plateau de Jean Bellorini. La joie partagée de la troupe, où les hommes se travestissement en femmes avec malice comme un clin d'œil au secret de Shen Té, est communicative. » Armelle Heliot, Le Figaro et Vous
« Il nous offre un spectacle de troupe exceptionnel. Vivant, dansant, coloré, original, aéré, limpide et d'une formidable jeunesse. Scénographie, costumes, musique, tout le charme du cirque est là, au service d'un drame humain bouleversant. » Philippe Tesson, Le Figaro Magazine
« Jean Bellorini a fait une bouleversante épopée populaire. » Fabienne Pascaud, Télérama Sortir
« Afin de présenter ce regard clairvoyant et désillusionné que pose Bertolt Brecht sur le monde, Jean Bellorini a opté pour une mise en scène festive et musicale. » Florence G. Yérémian, BSCNEWS
« La mise en scène entraîne le public dans le tourbillon d’un théâtre qui tient autant des tréteaux que de la fête foraine, quand soudain le ciel se constelle de loupiotes illuminant la nuit comme des étoiles. » La Croix
C’est un Brecht très humain que celui de La Bonne Âme, rigoureux et strict : l’écriture est extrêmement tenue. Brecht ne se limite pas au simple récit d’une parabole sur la bonté. Ce texte est une de ses pièces les plus abouties du point de vue de la poésie et de l’adresse directe. La dimension didactique de la fable a tendance à s’effacer devant le poétique et le lyrique.
Un théâtre d’interrogations face à l’existence de l’homme, un théâtre politique mais dit avec le mystère de la poésie... D’une certaine manière un Brecht désordonné. Un théâtre où l’on n’oublie pas qu’on y raconte des histoires. Avec et grâce aux artifices du théâtre. En chantant la poésie. Une troupe. Plusieurs générations. Des Dieux très âgés, une vieille dame, un enfant, des jeunes gens, des hommes et des femmes. Une grande famille. Certains rôles de femmes comme la propriétaire ou encore la veuve Shin seront interprétés par des hommes. Une mise en abyme de la pièce elle-même, puisque Shen Té devenue Shui Ta se retrouvera face à des femmes jouées par des hommes. C’est sans doute en se référant à certaines impressions qu’on peut avoir dans l’œuvre cinématographique d’Almodóvar que j’ai envie de jouer sur le vrai trouble des sexes. Pour aller au delà de la schizophrénie « bonté-méchanceté ». [...]
La poésie la plus pure naîtra de la violence du monde la plus sale. Les comédiens seront plongés dans le délabrement. Un mur qui s’effrite, des carcasses de voitures, des étoiles. Un arbre, des containers, de la pluie, des fenêtres. L’immense poubelle que peut représenter notre monde. Et des étoiles. Comme un tournesol pourrait pousser dans du fumier.
Jean Bellorini, juin 2012
Une fresque présentée et jouée avec brio, inventivité et poésie. Une superbe mise en scène, des acteurs surprenants de justesse qui servent un texte qui retrouve ses couleurs, sa chair et sa dimension humoristique. Un ravissement au sens propre du terme : 3 heures de parenthèse esthétique. Allez-y!
Adaptation intelligente, poétique, épurée. Un rythme époustouflant ! Adaptation contemporaine qui fait du bien à l'esprit et à l'âme. Artistique, esthétique, humain ! Chapeau bas, actrices et acteurs ! Quel don de soi ! Merci !
Bel équilibre de recherche, poésie, rire. À voir!
J'ai vu ce spectacle à Toulouse. Une belle équipe ! Nombreuse, dynamique qui porte cette incroyable histoire avec conviction. Je n'ai pas vu le temps passer et suis sortie avec beaucoup d'énergie.
Pour 4 Notes
Une fresque présentée et jouée avec brio, inventivité et poésie. Une superbe mise en scène, des acteurs surprenants de justesse qui servent un texte qui retrouve ses couleurs, sa chair et sa dimension humoristique. Un ravissement au sens propre du terme : 3 heures de parenthèse esthétique. Allez-y!
Adaptation intelligente, poétique, épurée. Un rythme époustouflant ! Adaptation contemporaine qui fait du bien à l'esprit et à l'âme. Artistique, esthétique, humain ! Chapeau bas, actrices et acteurs ! Quel don de soi ! Merci !
Bel équilibre de recherche, poésie, rire. À voir!
J'ai vu ce spectacle à Toulouse. Une belle équipe ! Nombreuse, dynamique qui porte cette incroyable histoire avec conviction. Je n'ai pas vu le temps passer et suis sortie avec beaucoup d'énergie.
59, boulevard Jules Guesde 93207 Saint-Denis
Voiture : Depuis Paris : Porte de la Chapelle - Autoroute A1 - sortie n°2 Saint-Denis centre (Stade de France), suivre « Saint-Denis centre ». Contourner la Porte de Paris en prenant la file de gauche. Continuer tout droit puis suivre le fléchage « Théâtre Gérard Philipe » (emprunter le bd Marcel Sembat puis le bd Jules Guesde).