Présentation
Un mot du metteur en scène
Un mot de l'auteur
Lannée de Woodstock, Dieu et Diable retournent sur terre renflouer les caisses de la maison de Dieu en se lançant dans le music-hall yiddish. Avant la première à Broadway, ils rodent le tour de chant en Europe et se retrouvent à la cafétéria dAuschwitz tenue par un juif survivant, bloqué à lest par les communistes. « Quil est bon, le gefeltefisch! »
Dabord, ouvrons la Maison de Dieu, et montrons létat de délabrement des lieux. Nous allons, droit dinventaire, ouvrir les comptes et pointer la faillite probable. Ensuite, emmenons Dieu et Diable à Auschwitz, dans les années « peace and love », faire une halte décisive et non moins étonnante dans la petite buvette du juif Moïschele. Ils vont discuter, négocier, rire, boire...
Enfin, écoutons Dieu chanter, pendant que Diable songeur danse sur notre avenir...
Maintenant ouvrons les pages de « La Diva »... Une influence plus rare semble irriguer ce nouveau texte : le théâtre yiddish, dont Le Dibouk de An-Ski fut larbre qui cacha la forêt de merveilleux auteurs âpres, fantastiques, délicieusement outranciers (Asch, Peretz, Zeitlin). Je retrouve dans cette nouvelle aventure avec Jean-Louis Bauer, la profondeur, la fantaisie, la fulgurance de son écriture et sa volonté de raconter le monde sur ce mode festif, qualités premières qui mont tenu obstinément engagé auprès de lui jusquà ce jour. Mais, quelques années ont passé, et nous abordons un genre que nous avions frôlé, sans jamais linvestir : la comédie.
Un texte qui ouvre le siècle... par une comédie avec un centre de gravité.
Antoine Campo
juillet 2001
Je devais avoir dix ans quand le gouvernement allemand a donné de l'argent aux juifs allemands spoliés par le nazisme. Cest comme ça que jai appris que jétais français à cause de la guerre et que mes grands-parents et nombre de mes oncles et tantes étaient morts dans les camps de concentration. Le jour de ma bar mitsva, javais treize ans, un de mes oncles, survivant, ma raconté quil avait été arrêté le jour de Yom Kippour avec son père à la synagogue. Il ne priait plus jamais Dieu. Dix ans après jai commencé à écrire. Dhabitude les auteurs écrivent aussi sur leur passé. Mais pour moi, cela devait rester une page blanche.
Le seul livre qui comptait, cétait celui que mes parents mont offert quand javais vingt ans et qui contient la liste des convois et de tous les voyageurs partis un jour... Jy lisais les noms de ma famille. Et quand jai découvert Primo Levi, jai compris quelque chose en plus. Les survivants souffraient davoir survécu...
Et jai eu envie de me souvenir à ma manière. Mais je ne voulais pas exprimer de souffrance. Laissons la souffrance au vrai coupable. En espérant quil ait des remords. Jai lu beaucoup de théâtre yiddish avant décrire cette pièce. Cétait un théâtre très vivant qui sest éteint avec la guerre...
Jean-Louis Bauer
12, rue du Renard 75004 Paris