La Force de l'habitude

Montreuil (93)
du 3 au 16 avril 2007

La Force de l'habitude

Chaque soir après le spectacle, le directeur du cirque Caribaldi oblige sa troupe à répéter le quintette La Truite de Schubert, croyant dans les vertus de l’habitude. Il espère élever cet exercice au rang de l'art et rêve de le jouer à Nuremberg. Pourtant, en quinze ans, il n’est pas arrivé à terminer une répétition... Le jongleur, le dompteur, le clown et la petite fille sabotent chaque soir cette entreprise.

Résumé
Note d'intention
Extrait

  • Résumé

Chaque soir après le spectacle, le directeur du cirque Caribaldi oblige sa troupe à répéter le quintette La Truite de Schubert, croyant dans les vertus de l’habitude. Il espère élever cet exercice au rang de l'art et rêve de le jouer à Nuremberg. Son grand exemple est le violoncelliste catalan Pablo Casals.

Pourtant, en quinze ans, il n’est pas arrivé à terminer une répétition… sans parler d’en faire une œuvre d’art. Le jongleur, le dompteur, le clown et la petite fille sabotent chaque soir cette entreprise.

L’Arche est éditeur et agent théâtral du texte représenté. Texte français de Claude Porcell.

  • Note d'intention

Pourquoi tenter de répéter inlassablement le quintette La Truite de Schubert ? Pour l’amour obsessionnel et fantasmé de l’art, du « grand » art ? Ou bien de manière bien plus prosaïque, comme l’avoue Caribaldi lui-même, pour lutter contre les vicissitudes du temps, la désertion inéluctable de la concentration ? L’incommensurabilité du moyen, grandiose, et de la fin, somme toute misérable, ne laisse pas alors de nous faire rire. Par delà ces prétextes, le quintette est surtout un moyen redoutable pour que le directeur tienne sa troupe enchaînée dans les maillons de sa volonté.

Car cette « force de l’habitude » avec laquelle Caribaldi, sans cesse, remet son ouvrage, se comprend d’abord littéralement. Elle évoque la vertu tyrannique de la discipline que le directeur inflige à ses ouailles à défaut de pouvoir se l’imposer à lui-même. Mais elle est également une lutte obstinée, fut-elle vaine, contre la mort. Et le fantasme de maîtrise qu’elle poursuit est tout autant l’affirmation d’une pulsion de vie.

Le drame ou bien la comédie ici est que la force de vie de l’un a raison de la bonne santé des autres. Au cours de cette répétition interminablement avortée de La Truite, chaque personnage contracte une infirmité qui est en même temps une résistance à la tyrannie. Si bien que l’habitude n’est pas la force d’un seul. Empêchements, rires intempestifs, perturbations sont les multiples facettes d’une réaction vitale que le Dompteur, le Jongleur, le Clown et la Petite-Fille, opposent à Caribaldi. Aussi y-a-t-il du jeu dans la fatalité.

Et si ni la force ni l’habitude ne viennent à bout du quintette, c’est avec humour et jubilation que Thomas Bernhard nous offre le spectacle de cette impuissance. Car Caribaldi, avec ses excès, ses obsessions, sa grandiloquence, ses anecdotes sordides est tout aussi inquiétant que grotesque ; les compromis de ses partenaires tout aussi pathétiques que cocasses.

C’est à cette contiguïté entre le rire et l’inquiétude que nous nous sommes attachés, cherchant les ressorts comiques du texte pour mieux jouer des angoisses auxquelles nous renvoie le sort dérisoire de ces pauvres bougres pris au piège d’une absurdité sans issue. Car ce traquenard pourrait bien être une métaphore de l’existence elle-même.

C’est également cette dimension métaphorique de la pièce qui séduit : le cirque semble jailli de nulle part, improbable, un nom plus qu’une réalité. Les personnages sont désignés par leur fonction (Jongleur, Clown, Dompteur) mais leur numéro se joue ailleurs, en dehors, avant ou après la répétition. Aussi le cirque, tout comme cette répétition de La Truite valent-ils comme image d’autre chose : « L’art est le moyen d’un autre art », dit le Jongleur.

Les arts du cirque sont le reflet pathétique et mélancolique du grand art bourgeois, la réunion de piètres musiciens celui de modestes mortels qui s’essayent à l’existence. Nous voulons saisir et donner corps à ce jeu de prismes qui confère à la pièce une dimension poétique au-delà de ce qui est déjà d’une grande profondeur psychologique.

Violaine Chavanne

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  • Extrait

Caribaldi
soudain avec vivacité

« La répétition a lieu
Même s’il faut que je les mette tous à coups de pied
à leur instrument
Monsieur le dompteur croit pouvoir se permettre une blessure par jour
et le clown se plaint
de ses coliques néphrétiques
et monsieur le jongleur
prétexte depuis des années
une indéfinissable maladie
La répétition a lieu
Qui ne répète rien n’a rien
qui ne s’exerce pas
n’est rien
il faut répéter sans arrêt
sans arrêt
tu comprends sans arrêt sur la corde sans arrêt à l’alto sans arrêt pas de pause pas d’interruption »

La force de l’habitude, deuxième scène.

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Sélection d’avis du public

La Force de l'habitude Le 5 avril 2007 à 11h41

J'ai aimé. Le texte est certes difficile, la façon de traiter le sujet n'est pas simple mais cette pièce est tout sauf une pièce réservé à un public averti. Je ne connaissais pas du tout l'auteur mais je suis très content d'avoir assisté à cette représentation. La mise en scène est très bien travaillée et donne du sens au texte. SI vous voulez être un peu dérouté, n'hésitez pas, allez voir cette pièce

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La Force de l'habitude Le 5 avril 2007 à 11h41

J'ai aimé. Le texte est certes difficile, la façon de traiter le sujet n'est pas simple mais cette pièce est tout sauf une pièce réservé à un public averti. Je ne connaissais pas du tout l'auteur mais je suis très content d'avoir assisté à cette représentation. La mise en scène est très bien travaillée et donne du sens au texte. SI vous voulez être un peu dérouté, n'hésitez pas, allez voir cette pièce

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Théâtre Berthelot

6, rue Marcelin Berthelot 93100 Montreuil

Grand Paris Seine-Saint-Denis
  • Métro : Croix de Chavaux à 223 m
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Théâtre Berthelot
6, rue Marcelin Berthelot 93100 Montreuil
Spectacle terminé depuis le lundi 16 avril 2007

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