Théâtre d’investigation
Fresque d'humanité
Une société du travail de l’après-guerre à aujourd’hui
Les étapes du travail
La presse
Faisant suite à Roman de familles, le Théâtre de la Jacquerie s’est engagé à partir de 2003 dans une nouvelle aventure faite de rencontres et d’interviews sur le thème du travail. Un journaliste a recueilli la parole des gens dans différentes villes de France (Arras, Vitry-le-François, Combs-la-Ville, Le Creusot, Colombes et Villejuif). Ces entretiens coupés, montés mais jamais réécrits, sont devenus matière à jouer et à inventer des personnages. Cette exploration a donné lieu à la création de six spectacles.
L’heure de la “forme finale” est enfin arrivée pour donner lieu à un spectacle avec intervention dramaturgique qui dépasse largement la notion de synthèse. La présence d’un témoignage - fil conducteur - d’un journaliste ayant enquêté dans les hautes sphères de la finance internationale impose un nouvel éclairage sur ce qui pourrait presque s’appeler du Théâtre d’investigation.
Une troupe engagée et joyeuse se penche sur les métamorphoses de l'Homme au travail. La fourmilière est une fresque foisonnante d'humanité qui nous raconte la vie d'ouvriers, cadres, chômeurs, des années 50 à nos jours. Le travail passionne ou épuise, nourrit ou ronge ; il nous chahute jusque dans nos relations amicales, amoureuses et familiales.
De l'idée du bien commun généré par la république à la progression de l'individualisme et de la rentabilité, ce spectacle est un condensé de notre histoire récente. Dans une mise en scène virevoltante et ludique, sept comédiens multiplient les rôles. Nous suivons ainsi le destin d'une cinquantaine de personnages, portraits de nous-mêmes, qui se démènent dans un monde allant trop vite.
Hier encore, nous vivions dans un monde pyramidal : les règles, les hiérarchies, les grades faisaient peser sur la société toute entière une ambiance militaire. On respectait le chef, le devoir de réserve, la discipline, et les institutions. En échange, on recevait l’éducation, les soins, la citoyenneté et le respect du travailleur. Les classes sociales étaient bien étanches mais l’ascenseur social fonctionnait. Dans les années 80 tout explose : désindustrialisation, fermeture, brutalités et insultes pour le personnel, restructurations sanglantes, chômage, dépressions, suicides…
Ce sont aussi des réussites fulgurantes (patron à 30 ans), le triomphe de l’intérim, la descente aux enfers des syndicats, le service et l’entreprise publique déglinguée, le management, les petits boulots, les contrats emploi solidarité. C’est encore la vie personnelle qui se fragmente, le divorce, l’abolition des classes d’âge, le rêve d’une démocratie où chacun, égal à chacun, serait une entreprise au service de lui-même.
Voilà donc aussi ce que raconte La fourmilière, par l’entremise du témoignage d’un journaliste qui nous promène de lieu en lieu, de l’usine aux grands surfaces, de l’école à l’hôpital, de la rue au siège d’une multinationale ou au plus haut niveau de la finance mondiale.
Alain Mollot
- La fourmilière, une construction chronologique
Une sélection des scènes issues des spectacles étapes, a été opérée par Alain Mollot
dans un souci d’une part de pertinence du propos et d’autre part d’efficacité théâtrale.
Guillaume Hasson est alors intervenu, afin de construire, toujours en complicité avec Alain
Mollot, l’architecture du texte, découpée en 4 actes et obéissant à une ligne précise du
temps. Cette phase a permis d’insérer les interventions du personnage «Daniel», le
journaliste dont la fonction dramaturgique est d’établir la médiation entre les différents
personnages, de ponctuer d’une manière forte la marche temporelle, d’éclairer sans
didactisme les rouages et les mécanismes qui ont pu faire évoluer durant 50 années
l’univers du travail.
- Intervention d’un auteur : Guillaume Hasso
Les témoignages ont été mis en texte par Guillaume Hasson. La phase de mise en texte ou
d’écriture a porté principalement sur la suppression des redondances. Le niveau de langue
propre à chacun des personnages a toujours été scrupuleusement respecté, tout autant que la nature exacte de leurs propos. Certaines transitions, permettant de passer
sans à-coups entre les différents moments de la pièce, ont dû être inventées. Le caractère
fictionnel, que revêt le texte définitif, est donc minime. Les séquences, concernant
notamment les différentes étapes de la vie de Daniel, ont été pour la plupart imagées et ne
correspondent sans doute pas à une
exactitude réaliste. Mais elles découlent des différentes tribulations, aventures, évènements
qu’a traversés l’être modèle qui a inspiré le personnage. L’esprit qui a animé cette écriture a
toujours été de favoriser le jeu, de lui conférer la potentialité d’être le plus en mouvement
possible, de briser la statique du discours et d’obéir à la couleur du temps.
"Les sept comédiens multiplient les rôles et incarnent ces éclats d'humanité avec une aisance protéiforme consommée et une très belle maîtrise du jeu. Pariant sur le simple sans sombrer dans les pièges du simplisme, ce spectacle contribue en dignité et en beauté à l'histoire des travailleurs. De la belle ouvrage !" Catherine Robert, La Terrasse, janvier 2007
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