La Guerre des piscines

La pièce
Note d'intention
Extraits

• La pièce

Derrière une vitrine d’un centre commercial, deux jeunes femmes évoluent, sourire aux lèvres. Dans un décor estival, où tout est à vendre, vêtements, accessoires et mobilier, Cat et Fan doivent donner à d’éventuels acheteurs l’illusion d’un bonheur tranquille. Sous un soleil de néons, elles affrontent tant bien que mal l’ennui, leur différence et les regards des passants, et elles se font la guerre.

Pour tuer les heures, elles créent des personnages, inventent des histoires : la frontière entre réel et fantasme est si mince qu’elles finissent par ne plus faire la différence. Et c’est en gardant leur sourire de commande que Fan et Cat vivent le drame final.

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• Note d'intention

Le monde décrit par Yves Navarre dans La Guerre des piscines  (Prix de l’Académie Française en 1992) est celui des apparences, de la surconsommation et de la solitude. Trente ans plus tard, on est frappé par l'étonnante actualité de son texte. Yves Navarre était un visionnaire : ses personnages, qui se donnent à voir dans la vitrine, tournent en rond, s'aiment et s'affrontent, ressemblent étrangement à ceux qui enfermés dans nos lofts s'offrent aux téléspectateurs dans une soi-disant réalité.

La Guerre des piscines va encore plus loin en plaçant le spectateur dans deux positions entre lesquelles il oscille sans arrêt. Il est un client du centre commercial observant Cat et Fan de l'extérieur de la vitrine. Mais il est aussi témoin de ce qui se passe à l'intérieur : la guerre à laquelle les deux jeunes femmes s'adonnent, une réalité loin des apparences lisses et joyeuses qu'elles donnent à voir aux clients.

Passionnante à mettre en jeu, la mise en abîme demande une direction précise des comédiennes puisqu'elles sont amenées à basculer sans cesse d'un jeu théâtral proche de l'absurde à un jeu réaliste.

Il y a une vie dans cette vitrine, mais une vie qui ressemble curieusement à la guerre.

La guerre de Cat et de Fan. Celle de Cat avec elle-même. Ou encore de Fan pour elle-même. La guerre contre le temps qui passe ou qui ne passe pas assez vite. Celle pour être regardé ou ne pas l'être.

Et la nôtre finalement, quelle est-elle ?

Céline Justand

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• Extraits

(Scène 1)
Cat : Ici ce n'est ni la ville, ni la Côte d'Azur, je me sens à mi-chemin de tout.
Fan : Répète.
Cat : Je me sens à mi-chemin de tout.
Fan : Alors tu es bourgeoise.
Cat : Bourgeoise toi-même.
Fan : On ne peut pas jouer avec toi.
Cat : Forcément, tu veux le premier rôle.
Fan : Joue à ma place.
Cat : Ton bonnet est ridicule.
Fan : Jalouse.
Cat : Idiote.
Fan : Fausse dame.

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(Scène 8)
Fan : On vous a refait le nez, vous aussi ?
Cat : Oui, et c'est dommage, car mes amis s'y étaient habitués.
Fan : Et maintenant, vous respirez bien ?
Cat : Pas du tout.
Fan : À moins d'un million, on n'a rien de bien.
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(Scène 9)
Fan : Il est encore là ?
Cat : Oui.
Fan : Il me regarde ?
Cat : Il me fait signe qu'il est pressé.
Fan : Il est où ?
Cat : A droite. Sur la pointe des pieds.
Fan : Fais lui signe de partir.

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