Juillet 1793. Les privilèges de l’aristocratie tombent, et les têtes avec. La Terreur fait rage et la guillotine fait shlak. Une marquise s’enferme. Vieille femme, sénile, déchue mais riche, elle compte sauver sa peau et ses bijoux. La chair est triste, l’hôtel miteux et le service nul. Mais cinq monstres l’entourent. Un abbé, un jacobin peu scrupuleux, un cousin intégriste, une servante écervelée et un fils inverti, convaincu d’être une fille.
L’entourage de la marquise élabore un stratagème pour réduire les pertes. Les hommes se liguent, ils lessivent la servante au cerveau mou, la persuadent qu’elle est une aristocrate dissimulée, et l’envoient se faire trancher le cou à la place de la vieille.
Volet sombre et grinçant du cycle Les Cadouin, cette marquise tranche dans le lard des carnages de la Révolution française, celle qui accoucha des Droits de l’homme dans des bains de sang.
Après les succès des acides Monsieur Martinez (au Rond-Point en 2010) puis Brita Baumann, La Marquise de Cadouin joue le jeu fixé par la compagnie Teknaï et la bande de Quentin Defalt et Gaëtan Peau. Les trois spectacles ont leurs points communs : pour commencer, ils n’ont rien à voir. Ensuite, un nom de famille revient, Cadouin. Puis une date, le 14 juillet. Et un décès, provoqué par l’entourage immédiat. Pendaison, suicide, guillotine...
Jeu macabre et désopilant, les zouaves de la famille Cadouin évoluent dans les espaces de panneaux imprimés. Ils utilisent des photographies d’objets pour tout accessoire, se griment de blanc jusqu’au cadavérisme. En génies d’un théâtre expressionniste qui rit avec la mort, les Cadouin poursuivent leur saga de monstres, cruels et drôles comme tout le monde. Ils jouent avec les nerfs en pelote des spectateurs hilares.
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