Représentation exceptionnelle dimanche 30 janvier 2011 au profit d'Action pour le Sahel.
Un homme tente de retenir par tous les mots qu'il peut trouver un inconnu qu'il a abordé au coin d'une rue, un soir où il est seul. Il lui parle de son univers. Une banlieue où il pleut, où l'on est étranger, où l'on ne travaille plus ; un monde nocturne qu'il traverse, pour fuir, sans se retourner ; il lui parle de tout et de l'amour comme on ne peut jamais en parler, sauf à un inconnu comme celui-là, un enfant peut-être, silencieux, immobile.
Bernard-Marie Koltès
« Lorsque Bernard-Marie Koltès est venu me voir la toute première fois, en décembre 1979, il avait apporté avec lui deux textes : La Nuit juste avant les forêts et Combat de nègre et de chien. Je n’ai pas compris le premier et je me suis concentré sur le second que j’ai eu envie de monter. Là non plus sans tout à fait comprendre, mais il y avait dans ce second texte des situations, des personnages, une langue, il ne se présentait pas, contrairement au premier, sous la forme intimidante d’une grande phrase unique de vingt-cinq pages qui ne me donnait aucune porte pour y entrer, pas une fenêtre, pas un soupirail pour regarder à l’intérieur.
Aujourd’hui, avec Thierry Thieû Niang et Romain Duris, nous travaillons ce texte. J’ouvre la première édition parue quelques années plus tard aux Éditions de Minuit, sur la page de garde, une dédicace de Bernard à laquelle je n’avais pas prêté attention :
“À Patrice,
mes premières mille et une nuits,
Bernard.”
Relisant le beau livre de Brigitte Salino, je découvre une autre phrase de Bernard, dans une lettre à Yves Ferry, le créateur du rôle : “Ce que je vois, c’est un véritable emballement dans la tête, à toute vitesse, jusqu’à ce que mort s’ensuive”.
Pour cet homme qui nous parle, la mort est au bout du chemin, sous les apparences de ces “loubards sapés” qui ont fini par lui casser la gueule ; pour la retarder, cette mort, il lui faut raconter, raconter encore et encore à ce garçon auquel il s’adresse, ajouter une histoire après l’autre, “le retenir par tous les mots qu’il peut trouver” dit ailleurs Koltès, conte après conte, mille et une fois, dans une rhapsodie vertigineuse. “Il lui parle de tout et de l’amour comme on ne peut jamais en parler, sauf à un inconnu comme celui-là, un enfant peut-être, silencieux, immobile.” Et que cet homme, là, qui parle si obsessionnellement à cet enfant à peine entrevu, parviendrait ainsi à retarder sa mort, qu’il ait enfin pu lui prendre le bras, avant que la fureur des coups reçus ne le fasse basculer de l’autre côté, et puis, toujours, “la pluie la pluie la pluie ?” »
Patrice Chéreau – Mai 2010
Entièrement d'accord sur l'interprétation de Romain Duris, mais regarder cette pièce revient quand même à écouter pendant près de 2H les propos délirants d'un clochard aviné. Certes, certains passages ne manquent pas d'interêt mais au global on en a vite ras le bol. Peut être faut il être dans le même état que le personnage pour pouvoir communier avec lui ? Je ne me risquerai pas à une deuxième séance, même bourré !
un tres grand moment de théâtre !!! Romain Duris nous emporte avec fougue et subtilité dans les méandres de sa révolte et de ses délires ; il nous scotche nous estomaque , nous percute nous transporte et nous laisse la sans voie tout entier pris par le choc et l'émotion .. la pluie... la pluie !!
Entièrement d'accord sur l'interprétation de Romain Duris, mais regarder cette pièce revient quand même à écouter pendant près de 2H les propos délirants d'un clochard aviné. Certes, certains passages ne manquent pas d'interêt mais au global on en a vite ras le bol. Peut être faut il être dans le même état que le personnage pour pouvoir communier avec lui ? Je ne me risquerai pas à une deuxième séance, même bourré !
un tres grand moment de théâtre !!! Romain Duris nous emporte avec fougue et subtilité dans les méandres de sa révolte et de ses délires ; il nous scotche nous estomaque , nous percute nous transporte et nous laisse la sans voie tout entier pris par le choc et l'émotion .. la pluie... la pluie !!
1, place Charles Dullin 75018 Paris