Au départ, c’est l’histoire du Père Guérin qui reçoit des pressions pour ne pas témoigner contre un évêque suspecté d’avoir couvert des actes pédocriminels. Inspirée de l’affaire Barbarin, cette pièce, écrite comme un thriller, dresse le portrait d’un homme pris dans ses contradictions et qui se libère de la peur en trouvant la voie du courage.
Au départ, c’est l’histoire du Père Guérin qui reçoit des pressions pour ne pas témoigner contre un évêque suspecté d’avoir couvert des actes pédocriminels. Inspirée de l’affaire Barbarin, cette pièce, écrite comme un thriller, dresse le portrait d’un homme pris dans ses contradictions et qui se libère de la peur en trouvant la voie du courage.
Entre la peur de l’institution et la peur existentielle, le dilemme qui taraude ce prêtre intranquille est d’autant plus profond que ce dernier est interpellé chaque dimanche dans sa paroisse par Morgan, un jeune homme en colère. La scène se transforme alors en dojo pour accueillir de véritables « duels » de conscience entre les protagonistes. Comment le dialogue et les mots permettent de dépasser le conflit entre l’aveuglement volontaire et la droiture morale ? Par le détour de la dialectique, on entrevoit un chemin de libération âpre et lumineux. Portée par cinq acteurs-samouraïs, la parole est sinueuse, aérée de silence, à la recherche de la vérité sur la nature humaine.
Je crois que le théâtre peut être le lieu d’un dépassement du conflit, mais un dépassement qui n’est possible qu’à condition de ne rien passer sous silence, de ne pas reconduire les dénis et les mensonges, d’avoir mis en lumière les injustices, d’avoir accueilli et donné une expression à la colère. La Peur est construite, autour d’un nombre très réduit de situations, à la fois comme une épreuve de vérité, qui crève les abcès, et comme un parcours d’apaisement.
Les dialogues entre le père Guérin et Morgan s’organisent autour de la préparation des repas dominicaux, où les deux hommes échangent en pelant des légumes ou en coupant la queue des haricots verts. Ces situations sont propices au déploiement d’une parole sinueuse, aérée de silence. Une parole qui ne vise pas l’efficacité, errant à la recherche de la vérité, et qui se saisit de toutes les associations hasardeuses.
Une table occupera le centre de la scénographie. Il est important que dans cette pièce les gestes et les durées soient réels. À partir de cette situation centrale, les flash-back se déploient. Les personnages du passé sont convoqués par le récit du père Guérin qui se situe dès lors dans un espace intermédiaire : à la fois au présent avec Morgan, en train de raconter, et au passé, revivant ce qui l’a traversé autrefois et le commentant à mesure qu’il le revit. De fines bascules de lumière permettront de glisser d’une temporalité à l’autre, créant progressivement un espace dépourvu de repère temporel, un espace proprement mental.
La mise en scène se veut limpide : on doit toujours sentir où l’on en est. Bien que son personnage principal soit torturé, la pièce se veut très claire ; elle n’entretient aucune affinité secrète avec la complexité complaisante de son personnage. Rien ne doit nous distraire de ce que nous avons à regarder : un homme qui change à vue.
François Hien
Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.