Opéra en trois actes
La nouvelle production du Théâtre des Champs-Elysées
Histoire
Argument
Musique
Spectacle en français.
Julia, femme victime, femme guerrière, femme révoltée, femme insoumise, révélée à elle-même par l’amour passion. La puissance de cette passion, la puissance de cette femme enflammée dépasse de loin toute époque. Soumise à un rituel ancestral dans lequel la femme est au service de Dieu et de l’homme, elle ose choisir la singularité de son amour, contre la loi divine, contre la loi de la cité. L’amour passion est un véhicule au service d’une émancipation. L’amour passion est un acte qui peut, à lui seul, faire trembler toute une nation. Sa puissance dépasse toute époque et ne s’inscrit dans aucune. C’est ainsi que je ne chercherai pas à représenter La Vestale en suivant les didascalies du livret, ni à en faire une œuvre contemporaine.
Un dispositif simple, un plateau nu tantôt brûlé par le soleil, tantôt plongé dans la demi-pénombre. Tantôt place publique où l’on fait la fête et où l’on exécute. Tantôt temple où en son milieu le feu sacré brûle et meurt. Dans cette simplicité, cette sobriété, nous serons au plus près du chant et du corps des chanteurs, éprouvant ainsi la force de leur conviction. Au plus près d’une action violente portée tant par les héros que par le peuple.
Car c’est cette présence du peuple, peuple de vestales, de prêtres, de guerriers, de citoyens, foule bigarrée et mélangée, toujours au bord de l’explosion qui fait aussi la puissance de l’œuvre.
Eric Lacascade
Opéra en trois actes (1807) de Gaspare Spontini
Livret d'Etienne de Jouy
Avec Le Cercle de l’Harmonie et le Chœur Aedes, direction Jérémie Rhorer.
La Vestale n’a pas été représentée à Paris en version scénique depuis 1854. Le Théâtre des Champs-Elysées a choisi, pour cette nouvelle production, de donner l’œuvre dans sa version d’origine, écrite en français. une nouvelle mise en scène sera réalisée par Eric Lacascade, tandis que Jérémie Rhorer dirigera en fosse Le Cercle de l’Harmonie. Les cinq solistes interpréteront leur rôle pour la première fois.
La création de La Vestale a compté parmi les événements les plus marquants du début du XIXe siècle. Immense succès, cet ouvrage a été donné pendant trente ans à Paris et eut un grand retentissement en Europe où elle fut traduite et représentée en italien, suédois et allemand, cette dernière version ayant été dirigée par Richard Wagner en personne. Alors âgé de trente-trois ans, Spontini réunit dans cette œuvre le style italien et la déclamation noble du texte qui avait tant d’importance dans l’opéra français. La composition dura une année ; attentif aux conseils et critiques, Spontini remania chaque partie à plusieurs reprises.
Après mille obstacles et intrigues qui ne prirent fin que par un ordre de la cour dont l’instigatrice fut l’impératrice Joséphine, la première représentation eut lieu à l’Opéra à Paris le 14 décembre 1807.
Le jury institué par l’Empereur écrivit à propos de cette partition : « Le compositeur a eu l’avantage d’appliquer son talent à une composition intéressante et vraiment tragique. La musique a de la verve, de l’éclat, souvent de la grâce ; on y a constamment et avec raison applaudi deux grands
airs d’un beau style et d’une belle expression, deux chœurs d’un caractère religieux et touchant et le finale du second acte dont l’effet est à la fois tragique et agréable ».
Servi par une distribution brillante, comprenant notamment Madame Branchu en Julia, l’opéra connut près de cent représentations d’affilée. L’Institut de France le déclara « meilleur ouvrage lyrique de la décennie ».
Le succès de La Vestale fut tel que son librettiste, Etienne de Jouy (plus tard librettiste de Rossini), n’a pas hésité à signer, un an après sa création, un
vaudeville, La marchande de modes, parodie de La Vestale, donné au Théâtre du Vaudeville, où la jeune vestale Julia devient Julie, ouvrière dans un magasin de mode parisien.
Dans la Rome antique.
Acte I
Le forum romain et, à gauche, l’atrium avec les appartements des vestales. Le général Licinius rentre vainqueur de la guerre contre les Gaulois où il s’est rendu par amour pour la belle Julia. Entretemps, celle-ci est devenue vestale en l’honneur de son père disparu et s’est engagée à rester chaste sa vie durant, faute de quoi elle devra mourir. Julia est désignée pour remettre au général Licinius la couronne du vainqueur ; celui-ci en profite pour s’annoncer chez la vestale la nuit venue, bien décidé à l’enlever.
Acte II
A l’intérieur du temple de
Vesta, avec au centre la flamme sacrée sur un grand autel en marbre. Julia est gardienne de la flamme pour la nuit, qui ne doit jamais s’éteindre. Licinius arrive pour enlever la jeune femme, mais celle-ci résiste à la tentation. La flamme s’éteint pendant leur altercation. Le souverain pontife exige le nom du coupable, mais Julia s’y refuse ; elle est condamnée à mort.
Acte III
Tableau 1
Les tombes en forme de pyramide de la Porta Collina. Licinius implore vainement le ciel que Julia survive et avoue sa culpabilité. Julia nie ces allégations et entre dans la tombe pour y être enterrée vivante. Elle dépose son voile de vestale devant l’autel, qu’enflamme un éclair. C’est le signe que la déesse lui pardonne.
Tableau 2
Le temple de Vénus à Eryx. L’union de Licinius et de Julia est célébré dans la joie.
Les opéras de Spontini sont à la musique ce que les oeuvres de Canova et d’Ingres sont à l’art figuratif : une révolution néoclassique. Le style musical de Spontini fait le lien entre Glück et Rossini et préfigure déjà les pièces de Berlioz, de Wagner, et le Grand Opéra français. A l’intérieur d’un flux sonore incandescent, l’orchestre de Spontini gagne un poids extraordinaire.
Berlioz et le jeune Wagner citent Spontini comme référence pour ses mises en scène d’opéra et son art de l’orchestration, particulièrement brillants ; Berlioz retiendra notamment l’utilisation que Spontini fait des trombones et des trompettes dans le premier acte de La Vestale, tandis que l’on retrouve, chez Rossini, des accents du finale dans Moïse, et le solo de clarinette de son ouverture dans l’introduction de Tancredi. Berlioz, profondément attaché à Spontini, ne cessera de défendre son aîné. Quant à Wagner, c’est lui qui fait découvrir La Vestale au public allemand en 1844 en la présentant à Dresde.
Des tableaux somptueux structurent cet opéra. Magnifique !
Pour 1 Notes
Des tableaux somptueux structurent cet opéra. Magnifique !
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