“...Ce projet dit pour moi très simplement la nécessité de tout artiste de fouiller l’autre pour peut-être s’y trouver ou de se fouiller soi pour trouver l’autre. Un chemin de cet ordre là qui a à voir avec l’écriture mais aussi la sculpture...“Le cri” petite statuette de Rodin. Regard, puis geste d’une grande pureté d’un homme sur le cœur d’une femme. Et quelle plus grande recherche que le féminin pour le masculin ou le masculin pour le féminin.
Ensuite vient la relation auteur-comédienne. J’ai toujours eu un rapport aux auteurs que je travaillais, plus justement qui me traversaient. Un rapport donc de grande curiosité, mieux un besoin, une nécessité de savoir, imaginer d’où c’était parti.
Cette relation auteur-comédien(ne) est souvent diminuée par des pertes (pertes de l’auteur qui n’est plus, rides du temps, mauvaises transformations...). Et cette chance de travailler avec un auteur vivant c’est comme pouvoir dire de quelqu’un qu’il a du présent avant de dire qu’il a du passé ou presque pire, de l’avenir...
Et là j’en viens au projet et au passage du texte à sa réalisation scénique en un temps juste et pas un temps mort et je trouve ça de plus en plus
nécessaire, précis et vrai. Et cela donne la place au duo qui s’invente : auteur, comédienne, chacun plus responsable que jamais dans son rôle et chacun aidant l’autre à ajuster son rôle au plus juste, au plus intérieur de lui-même, sans artifice et sans béquille.
Il s’agit donc de chercher et d’aller jusqu’à nos limites, non pas comme jusqu’à des obstacles mais comme jusqu’à une proximité de l’écriture et du jeu et le tout avec la légèreté et l’écoute que demande un pas de deux...”
Magali Montoya
D'où ça vient. D’un lieu géographiquement précis mais qui n’existe pas/plus. Un lieu imaginaire, caucherêvé. Un lieu déplacé (dans le temps) où les personnages qui le peuplent cherchent leur place. D’un temps où les personnages passent de l’âge d’enfant à celui d’adulte sans aucune transition. Un temps où les horloges se sont arrêtées ou bien tournent très vite et quelquefois à l’envers. D’une blessure.
L’homme a un projet d’avenir : envoyer dans l’espace un satellite qui est programmé pour y rester 25 000 ans.
Dans ce satellite, il y aura un homme et une femme. Ils seront endormis puis congelés avant le départ.
Ils se réveilleront au moment précis où le satellite retombera sur terre - dans 25 000 ans exactement.
La femme attend l’homme qui doit partir avec elle.
C’est sa dernière heure sur terre.
C’est son dernier discours, ses derniers gestes.
Elle était anonyme, elle est dans la lumière
et dans la lumière elle se livre
livre un combat
celui d’être encore-déjà là
quand elle est déjà-encore ailleurs.
Acrobate sur un fil et le fil est vertical.
La Ballade de la Femme-Hérisson
c’est la naissance d’un personnage
qui par la parole
découvre qu’elle existe.
Gilles Aufray
Théâtre Paul Scarron - 8, place des Jacobins 72000 Le Mans