Amertumes et crises de foie. Un homme, seul, donne une conférence. Plateau de centre dramatique national, une chaise, un pupitre. Il est auteur, vivant, lâché « dans le circuit ». Écrivain français installé en Allemagne, il revient en France à l’occasion de ce discours public. Il se dit infesté, empoisonné par « l’État français, l’esprit français et les entreprises culturelles du territoire français ».
C’est de là qu’il part et de ça qu’il parle : le milieu étriqué des métiers de la pratique théâtrale nationale, boîte suintante d’enjeux mesquins, d’incultures flemmardes, d’inanités crades. L’univers du théâtre décentralisé ou parisien, et avec lui le monde tel qu’il va, uniques objets de son ressentiment.
Ni le directeur du lieu, ni sa secrétaire générale ne sont là pour l’accueillir. Lui se prostitue à l’exercice de la conférence, faute d’être joué, considéré. La brasserie et le hall bétonné, la saucisse de cheval, tous et tout, gens et murs le dégoûtent.
Rien ni personne n’échappe à son aigreur. Les critiques, les metteurs en scène, les administrateurs, les éditeurs, le public, ses congénères auteurs et autres « figures théâtrales françaises ». Le conférencier, dénommé Thomas Blanguernon, tire dans le tas, vomit ses rancunes, crache sa hargne.
2 bis, avenue Franklin Roosevelt 75008 Paris